Dodge Charger / SRT8, une survivante costaude

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2010

Pendant qu’une nouvelle alliance se forme et qu’il est surtout question d’importer ou de fabriquer ici de minuscules voitures de conception italienne, certaines des meilleures grandes voitures que Chrysler ait produites sont toujours en vente. La Charger, qui revit depuis cinq ans sous les traits d’une berline à la silhouette trapue et musclée, est de ce nombre. Dans l’ombre de la Chrysler 300 et de la Challenger, qui partagent la même plateforme, elle persiste à offrir des performances et un comportement très semblables à meilleur prix.

Pour les inconditionnels qui vénèrent la Charger de la fin des années 60, le dévoilement d’une nouvelle berline à quatre portières portant ce nom de légende pour 2006 avait tout d’une hérésie. Il faut dire que la silhouette du premier prototype, dévoilé au Salon de Détroit en 1999, évoquait beaucoup plus nettement la Charger des grandes années et lui donnait presque des allures de coupé, malgré ses quatre portières. La nouvelle Charger renaissait donc, après une absence de près de vingt ans, sur la même plateforme LX que la berline Chrysler 300 et que cette familiale aux airs de hot rod qu’était la Magnum, disparue il y a deux ans. L’habitacle de la Charger était presque identique à celui de la Magnum et les deux étaient moins cossues que la 300.

Ces trois séries partageaient le même empattement et leurs dimensions et poids étaient quasi identiques. L’intégrité de leur structure et leur comportement solide tenaient en bonne partie de la technologie et des composantes dont la plateforme LX avait hérité de la Classe E de Mercedes-Benz. C’était encore l’époque de la défunte société Daimler-Chrysler. L’attrait de la Charger réside d’ailleurs essentiellement dans le fait qu’elle offre les vertus de ce qui est sans doute la meilleure plateforme jamais utilisée par Chrysler à prix plus accessible. Et sous la bannière Dodge, comme il se doit.

Éventail de modèles intact

En pleine opération relance, Chrysler choisit tout de même de conserver intacte la série Charger, qui est fabriquée à l’usine de Brampton en Ontario. Elle comporte donc toujours six modèles, y compris des versions à quatre roues motrices des SXT et R/T. Ce rouage optionnel a été transformé l’an dernier. On a essentiellement remplacé le rouage intégral utilisé jusque-là par un rouage « automatique ». En conditions normales, tout le couple va aux seules roues arrière et l’essieu avant est carrément désactivé. Il reprend du service lorsqu’il y a le moindre patinage aux roues arrière, lorsque la température baisse ou que les essuie-glaces fonctionnent depuis quelques minutes. On peut également engager les quatre roues en plaçant le sélecteur en mode manuel. Tout ça pour réduire très légèrement la consommation.

Le modèle de base, avec son modeste V6 de 2,7 litres et 178 chevaux, n’a rien de sportif et son habitacle est d’une grisaille assez désolante. C’est déjà mieux avec les SXT, en apparence autant qu’en comportement et en performance. Leur V6 de 3,5 litres et 250 chevaux permet un 0-100 km/h d’un peu plus de 8 secondes, avec la propulsion, et quelques dixièmes de plus avec la version 4RM. La boîte automatique à 5 rapports est hélas réservée à cette dernière. La propulsion se contente d’une boîte à 4 rapports.

Performances relevées

Les choses deviennent plus sérieuses avec les modèles R/T. Propulsion et quatre roues motrices se partagent un V8 « Hemi » de 5,7 litres et une boîte automatique à 5 rapports. Ce moteur est doté du dispositif de cylindrée variable MDS qui désactive la moitié des cylindres pour réduire la consommation à vitesse constante. Sa puissance est passée à 368 chevaux, ce qui lui vaut un 0-100 km/h d’environ 6,5 secondes. Sachez que c’est également ce moteur qui propulse les Charger destinées aux forces policières, dont celles de notre Sûreté du Québec. Les versions banalisées, peintes en noir, ont une allure particulièrement redoutable.

Pour semer monsieur ou madame l’agente qui aimerait vous faire un brin de causette (on est en pleine hypothèse ou scénario de cinéma, bien entendu), il faudrait assurément une Charger SRT8 dont le V8 de 6,1 litres produit 425 chevaux et porte évidemment lui aussi la fameuse appellation « Hemi ». On y gagne environ une seconde sur le 0-100 km/h, mais on stoppe également plus court de la même vitesse, grâce à des freins signés Brembo dont les étriers à quatre pistons sont peints en rouge. La SRT8 a beaucoup de gueule pour le genre, avec ses roues d’alliage de 20 pouces chaussées de pneus de taille 245/40R20 et sa grande prise d’air sur le capot. Ce sera évidemment une autre histoire l’hiver venu, puisqu’il s’agit d’une propulsion et qu’il n’y a rien d’évident (ou d’abordable) à équiper une telle voiture de pneus d’hiver convenables pour rouler en toute légalité et sécurité au Québec.

De toute manière, on s’offre une SRT8 pour le plaisir, le look et la performance, en songeant qu’elle pourrait un jour être recherchée pour ces mêmes raisons et pour sa rareté relative. On peut également voir la Charger SRT8 comme une alternative intéressante, sinon carrément une version à quatre portières de la populaire Challenger SRT8. Après tout, cette dernière est construite sur la même plateforme, dont on a raccourci l’empattement de 10,2 centimètres, mais elle pèse seulement 9 kg de moins que la Charger. Puisque leurs moteurs sont identiques, elles font pratiquement jeu égal en performance si la Challenger est équipée de la boîte automatique de série. Il lui reste au moins la boîte manuelle optionnelle à 6 rapports pour se démarquer de sa grande sœur.

Feu vert

Comportement routier solide (R/T et SRT8)
Bon confort et silence de roulement
Versions R/T et SRT8 très performantes
Quatre roues motrices en option (R/T et SXT)
Bonnes places arrière

Feu rouge
Volant démesurément grand
Rétroviseur gauche qui bloque la vue
Éclairage verdâtre des cadrans
Faible maintien latéral des sièges
Finition intérieure monotone

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