L’ex-patron d’Audi face à la justice : cinq choses à savoir sur le Dieselgate

Francfort | Le scandale des moteurs diesel truqués, pour lequel l’ex-patron d’Audi, Rupert Stadler, vient d’être renvoyé devant la justice allemande pour « fraude », éclabousse depuis quatre ans le géant mondial Volkswagen ainsi que certains concurrents.

Point de départ

Le 18 septembre 2015, l’agence environnementale américaine (EPA) accuse Volkswagen (VW) d’avoir installé un « logiciel truqueur » sur des centaines de milliers de véhicules diesel fabriqués à partir de 2009 pour les faire paraître moins polluants qu’ils ne le sont réellement.

Le logiciel enclenche un mécanisme interne de limitation des gaz polluants pendant les contrôles. Les enquêteurs découvrent que les émissions réelles d’oxyde d’azote sont jusqu’à quarante fois supérieures à la limite légale.

Le groupe Volkswagen reconnaît avoir truqué 11 millions de véhicules, dont 8,5 millions en Europe et 600 000 aux États-Unis. Ces véhicules portent pour la plupart la marque VW, mais la tricherie concerne aussi les autres marques du groupe: Audi, Porsche, Seat et Skoda.

Conséquences pour la population

D’après une étude scientifique publiée en 2017, les gaz polluants émis par les véhicules trafiqués du groupe Volkswagen en circulation sur les routes allemandes devraient provoquer 1200 décès prématurés en Europe.

Les conséquences pour les propriétaires de voitures incriminées sont très différentes des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis, où les normes antipollution sont plus strictes, le groupe a accepté de réparer ou racheter près de 600 000 voitures, et d’indemniser leurs propriétaires.

En Europe, où ont été vendues la grande majorité des voitures truquées, VW n’a pas dédommagé ses clients, mais les véhicules ont généralement été rappelés.

Conséquences judiciaires

En Allemagne, plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour fraude, manipulation de cours ou publicité mensongère contre des salariés de Volkswagen, Audi et Porsche.

Entre juin et octobre 2018, la justice allemande a placé en détention provisoire l’ex-patron d’Audi, Rupert Stadler, première incarcération d’un haut responsable dans cette enquête tentaculaire.

En avril 2019, l’ex-PDG de Volkswagen Martin Winterkorn a été renvoyé devant des juges chargés de boucler la phase d’instruction pour «fraude aggravée», « violation de la loi contre la concurrence déloyale » et « abus de confiance ».

Il se trouve désormais dans l’antichambre d’un procès, tout comme Rupert Stadler, renvoyé mardi pour «fraude», «émission de faux certificats» et «publicité mensongère». Il reviendra aux juges saisis dans chaque affaire de programmer une audience publique.

Aux États-Unis, Volkswagen, qui a accepté de payer plus de 22 milliards de dollars pour contenter autorités, clients et concessionnaires, n’encourt plus de poursuites judiciaires même si les employés du groupe à titre individuel restent menacés.

Huit anciens et actuels dirigeants de Volkswagen et un cadre d’Audi y ont d’ailleurs été inculpés dont M. Winterkorn.

Des enquêtes et des plaintes visent également le groupe VW en France, Italie, Royaume-Uni et Pologne.

Conséquences économiques

Le scandale a coûté jusqu’à présent à VW 30 milliards d’euros (43 G$ CAD) en rappels de véhicules et procédures judiciaires, la plus grande part versée aux États-Unis.

Depuis 2015, les deux successeurs de M. Winterkorn à la tête de Volkswagen ont tenté de tourner la page du scandale.

Confronté aux limites strictes d’émissions à partir de 2020 et pour redorer l’image du premier constructeur mondial, Herbert Diess, aux commandes de VW depuis avril 2018, s’est lancé dans un ambitieux virage vers la voiture électrique.

Volkswagen assure que le «dieselgate» pèsera moins sur le bilan en 2019 même si les ennuis juridiques sont loin d’être terminés.

Autres constructeurs

Des tests menés après la découverte du Dieselgate ont permis d’établir que les moteurs diesel d’autres constructeurs s’avéraient également plus polluants dans la réalité que lors des contrôles.

En janvier 2019, Fiat Chrysler a conclu un accord à l’amiable avec les autorités américaines qui l’accusaient d’avoir équipé ses véhicules d’un logiciel truqueur.

En Allemagne, le constructeur Daimler (Mercedes-Benz) fait face à un procès d’actionnaires après le rappel de 774 000 Mercedes pour l’utilisation de logiciels capables de fausser les niveaux d’émissions.

BMW a accepté en février de payer une amende de 8,5 millions d’euros pour infraction aux normes antipollution, mais la justice a mis fin aux procédures individuelles pour fraude.

La filiale allemande de PSA, Opel, est également visée par une enquête pour la «mise en circulation de voitures avec un logiciel illégalement manipulé».

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