Maserati Levante GTS 2019 - imparfaite perfection

Points forts
  • Puissance et sonorité du V8
  • Cuirs magnifiques
  • Design original et distinctif
  • Qualité de fabrication en nette progression
Points faibles
  • Direction imprécise
  • Prix très élevé
  • Visibilité moyenne
  • Forte dépréciation
Évaluation complète

Pour 2019, Maserati rehausse d’un cran le degré d’exotisme de son utilitaire Levante. Et pour cause, l’ajout de deux nouvelles versions animées par un V8 biturbo conçu par Ferrari. Rien de moins! Or, en mai dernier, Ferrari annonçait son intention de cesser la production de moteurs pour Maserati. Une simple question de rentabilité, selon le chef de la direction de l’entreprise, Louis Camilleri. Cette annonce concorde ironiquement avec la fin de la production des coupés et cabriolets GranTurismo, qui ne seront pas reconduits pour 2020. Maserati nous promet en revanche plusieurs nouveautés qui seront prochainement introduites, notamment un utilitaire plus compact, souhaitant rivaliser avec le Porsche Macan, ainsi qu’avec l’Alfieri, attendue pour 2022. Sans oublier l’hybridation de plusieurs modèles, évidemment.

En attendant, la prestigieuse firme italienne a élargi la gamme de son utilitaire Levante. Quatre versions se retrouvent ainsi au menu, allant de celle de base jusqu’à la surpuissante version Trofeo, produisant 590 chevaux. C’est cependant au volant d’une version GTS de 550 chevaux que j’ai pu rouler pendant quelques jours, ce qui m’a permis, je l’admets, de me réconcilier avec la marque.

Il faut dire qu’en 2016 et 2017, j’avais mis à l’essai une berline Ghibli ainsi qu’un Levante S, lesquels m’avaient énormément déçu en raison d’une qualité de fabrication désastreuse. Propriété d’un de mes amis, le Levante 2017 a d’ailleurs fait l’objet de nombreux problèmes d’ordre mécanique et électronique, malgré son très jeune âge. Ainsi, mon expérience avec Maserati n’était jusqu’ici pas très positive.

Marcher sur des œufs

À mots couverts, un représentant de la marque m’avait d’ailleurs fait mention que les critiques négatives portées à l’endroit de son produit lui avaient fait très mal. Normal en considérant que l’on ne retrouve au Québec que deux concessions Maserati, appartenant de surcroît au même propriétaire. Ainsi, en effectuant une demande pour l’essai d’une nouvelle voiture, j’avais donc l’impression de marcher sur des œufs. Une simple impression, puisque Maserati Canada a bien voulu se prêter au jeu en me prêtant sa plus récente nouveauté.

Photo: Antoine Joubert

Dévoilé l’an dernier au prestigieux festival de Goodwood, le Levante GTS vise directement l’acheteur des BMW X5 M, Range Rover Sport Supercharged et Porsche Cayenne Turbo. Le Mercedes-AMG GLE 63? Oui, celui-là aussi! La concurrence est donc très forte dans ce segment, pour lequel les ventes sont en hausse constante. D’ailleurs, sachez que le Levante constitue le produit Maserati le plus populaire depuis son arrivée. Une statistique peu significative, considérant la faible popularité des autres modèles, mais qui prouve tout de même que le fabricant réussit à s’accaparer une petite part du gâteau.

Au premier contact, je constate d’abord que la version GTS a vraiment fière allure. Surtout lorsque peinte du blu emozione! Une sacrée belle gueule, qui se démarque de celle de ses rivaux allemands. Un devant plus agressif aux ailes élargies, que l’on propose aussi pour 2019 sur la version S avec habillage GranSport. Cette robe plus sport et très dynamique comporte également un nouveau pare-chocs arrière avec diffuseur intégré, ainsi qu’un becquet logé au-dessus de la lunette, plus proéminent.

Un festival d’emblèmes

Toujours caractérisé par ses portières sans cadre de fenestration, qui contribuent d’ailleurs à une partie de son charme, on identifie très facilement le Levante. Pas moins de sept emblèmes Maserati se retrouvent sur la carrosserie, ce qui exclut les logos placés sur les cache-moyeux, ainsi que l’identification des étriers de frein. Ce déferlement d’emblèmes se poursuit dans l’habitacle , où seuils de portière, appuie-têtes, levier de vitesses, planche de bord et volant portent tous le logo Maserati.

Mon premier réflexe à bord aura été de valider la qualité de fabrication. Et bien que l’on ne puisse à ce chapitre lui donner la note que l’on accorderait au récent Porsche Cayenne, force est d’admettre que l’on a resserré les boulons. D’une part, parce que tout est bien ficelé et bien en place, mais aussi parce que les craquements causés par certains plastiques bon marché et mal assemblés sont tous disparus.

Bien sûr, la version GTS revêt un habillage intérieur très riche. Une présentation plus noble, mais qui dans le cas de notre modèle d’essai, constituait une option de 4 500 $... En fait, 3 000 $ pour la finition en fibre de carbone qui pourrait être remplacée par de l’aluminium, des boiseries ou autre, et 1 500 $ attribuable à ce magnifique cuir véritable baptisé pieno fiore (pleine fleur), aussi agréable à l’œil qu’au toucher, et même à l’odorat. Caractérisé par de très belles surpiqûres à diamant, ce cuir est à placer dans la liste des priorités, au même titre que l’extraordinaire chaîne audio Bowers & Wilkins. Une option de 2 400 $, incontournable pour tout audiophile.

Photo: Antoine Joubert

Bienvenue chez FCA

Sièges magnifiquement sculptés, position de conduite exceptionnelle et ergonomie remarquable contribuent au confort de l’habitacle. On peut cependant reprocher à Maserati le handicap d’une visibilité quelconque, d’abord causé par la petitesse de la lunette arrière, ensuite par l’épaisseur des piliers A, qui gêne la vue au ¾ avant. Heureusement, plusieurs dispositifs d’assistance à la conduite et de sécurité active viennent contrer cet irritant. Ne soyez toutefois pas surpris d’apprendre que ces technologies sortent de chez FCA, qui propose la conduite autonome de niveau 2 dans certains de ses modèles.

On a aussi pigé dans la boîte à outils de FCA pour plusieurs éléments à bord. Alors oui, les commutateurs de vitre, bouton de démarrage et levier des clignotants sont les mêmes que ceux d’une simple Dodge Grand Caravan. Une déception non pas en raison de ses origines, mais plutôt parce que l’expérience tactile fait un peu bon marché. Toutefois, on ne pouvait avoir accès à un meilleur système multimédia que celui de FCA, connu sous le nom de Uconnect. Un système efficace, ergonomique, ultracomplet et caractérisé par écran tactile de 8,4 po, qui intègre une navigation par Google ainsi que l’intégration Apple CarPlay et Android Auto.

Soyez sans crainte, pas de moteur FCA sous le capot du Levante! Enfin presque, si l’on considère que le V6 de base, qui produit 345 chevaux, dérive de l’architecture du V6 Pentastar. Or, là s’arrêtent les comparaisons. Les rumeurs veulent que les technologies d’hybridation de la Chrysler Pacifica hybride se retrouvent prochainement dans le Levante, ce qui permettrait là aussi à Maserati de rivaliser avec, par exemple, le Porsche Cayenne E-Hybrid.

Dans le cas du Levante GTS, un V8 biturbo de 3,8 litres, développé et fabriqué par Ferrari, ce qui explique sa sonorité envoûtante. Une plage de puissance linéaire, un couple immense et une nervosité exceptionnelle, sans grand délai de réaction comme on le constate souvent du côté de la concurrence allemande. Docile lorsqu’on ne lui demande que peu d’efforts, ce V8 brille de tous ses feux dès que se manifeste votre soif de puissance.

Et parce que les 550 chevaux sont acheminés aux roues via une boîte à huit rapports ZF de grande efficacité, les accélérations comme les reprises sont littéralement foudroyantes. Attention, elles n’ont pas la violence de celles d’un Grand Cherokee SRT Trackhawk (une chance!), mais sauront faire rougir les propriétaires de Range Rover Sport Supercharged. Or, parce que Land Rover propose aussi une version SVR de 575 chevaux, Maserati a développé le Levante Trofeo de 590 chevaux. Comme quoi, ça ne s’arrête jamais!

Photo: Antoine Joubert

Deux tonnes…

Le Levante est lourd. Dans le cas de la version GTS, un peu plus de deux tonnes. Il ne faut donc pas être bien malin pour comprendre qu’ici, les transferts de masse en accélérations sont importants, comme c’est d’ailleurs le cas pour la plupart des VUS de ce segment. Reposant sur la plate-forme de la Ghibli, le Levante offre néanmoins l’avantage d’un centre de gravité plus bas que la moyenne. Un élément qui contribue à sa stabilité et à sa tenue de route, mais qui devient un désavantage pour l’acheteur voulant s’aventurer hors des sentiers battus. D’autant plus que le Levante est équipé d’une suspension autonivelante, que l’on peut relever pour franchir des obstacles. Mais vous n’avez pas ici les capacités d’un Porsche Cayenne, ni d’un Land Rover.

Équipé d’immenses pneus de 21 pouces, le véhicule d’essai laissait bien sûr sentir son empreinte au sol. Sensible aux sillons causés par les poids lourds sur les autoroutes, il exigeait une constante correction de trajectoire. Et malheureusement, comme la direction manque ici de précision, l’exercice devient parfois pénible. Les différents modes de conduite permettent d’en modifier la fermeté, mais cela n’améliore aucunement le flou ressenti au centre. En revanche, le diamètre de braquage surprend, contribuant à sa maniabilité en ville. Même avec des pneus de 21 pouces!

Acheminant la puissance aux roues arrière et en redistribuant au besoin une partie du couple vers l’avant, cette version GTS transmet de très belles sensations de conduite. Elle n’est pas sans lacunes, mais laisse encore présager l’impression que le conducteur est maître à bord, alors que certains rivaux compensent constamment par l’électronique. Puis, avouons-le, le resserrement des boulons se fait aussi sentir sur la route, où la sensation de solidité est rassurante. En espérant qu’il en soit de même pour l’ensemble des modèles de la cuvée 2019.

Et le futur?

Avec l’abandon prochain des moteurs Ferrari, où pigera-t-on pour offrir une telle puissance mécanique? Chez Alfa Romeo? Voilà qui serait ironique, considérant que le moteur de 505 chevaux du Stelvio Quadrifoglio a lui aussi été développé en étroite collaboration avec Ferrari! Or, pour l’heure, aucune information à ce sujet. Cela dit, les marasmes financiers du groupe FCA pourraient avoir un impact négatif sur l’offre future de Maserati en matière de haute performance. Chose certaine, il sera dans difficile de proposer une motorisation aussi impressionnante, ce qui me permet ainsi d’affirmer que le moment est venu de se procurer un utilitaire qui chante comme une Ferrari.

Je vous l’accorde, le prix du Levante est indécent. Comme celui de ses rivaux, qui ont toutefois l’avantage d’incorporer plus de technologies et d’afficher une meilleure valeur de revente. Alors, d’un point de vue purement rationnel, vaut mieux oublier. Certains brandiraient la fiabilité hasardeuse du Levante, et ils auraient raison. Cela dit, oseriez-vous affirmer que BMW, Land Rover et Mercedes-Benz font mieux?

Maintenant, comme l’achat d’un tel véhicule est une affaire de cœur et qu’à ce stade, la raison ne tient plus, j’aurais tendance à vous dire, pourquoi pas! Vous avez un faible pour son look, ses cuirs, son côté exotique unique? Et vous appréciez comme moi le fait qu’il se distingue? Why not! Si vous êtes de ceux qui ont déjà déboursé 1 000 $ pour assister à un concert où ils étaient mal assis, en sachant qu’ils allaient vivre un moment magique, vous comprenez alors tout l’aspect irrationnel que représente l’achat de ce véhicule. Cela dit, en ce qui me concerne, le moteur Ferrari jumelé à la fabuleuse histoire de cette marque italienne est ce qui me fait craquer pour lui.

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