Voitures : l’hydrogène a perdu la partie

On peut maintenant l’affirmer, la voiture à hydrogène a perdu la partie face à la voiture électrique à batteries.

Pourquoi donc?

Pour de nombreuses raisons:

1. 95% de l’hydrogène qu’on retrouve dans le monde a été produit à partir d’énergies fossiles telles que le gaz naturel. Or, le gaz naturel qu’on retrouve en Amérique du Nord provient majoritairement des schistes, ce qui signifie qu’une voiture à hydrogène fonctionne en grande partie au gaz de schiste. L’impact environnemental du gaz de schiste se rapprochant de celui du charbon, le gain écologique d’une telle voiture est donc peu intéressant.

2. Au Québec, l’hydrogène peut être produit à partir de l’électrolyse de l’eau, ce qui est écologiquement plus viable vu que notre production d’électricité est renouvelable. Cependant, avec la quantité d’énergie nécessaire pour faire avancer une voiture à hydrogène via ce procédé, on peut faire avancer trois voitures électriques. La voiture électrique est donc trois fois plus efficace que la voiture à hydrogène.

3. Produire de l’hydrogène à partir du gaz naturel étant beaucoup moins cher que par l’électrolyse, il y a fort à parier que les pétrolières et les gazières qui alimentent les stations-service produiront l’hydrogène à partir du gaz naturel, surtout dans un marché de surplus de gaz de schiste.

Photo: Hyundai

4. Alors que les bornes de recharge rapide de niveau 3 pour voitures électriques qu’on retrouve sur nos routes coûtent environ 70 000$ l’unité (incluant son installation), la station de ravitaillement à hydrogène inaugurée récemment à Québec a coûté 5,2 M$, soit assez pour construire environ 75 bornes de recharge rapide de niveau 3. De plus, on peut installer une borne de recharge pour sa voiture électrique à la maison pour quelques centaines de dollars.

5. Une voiture à hydrogène coûte beaucoup plus cher qu’une voiture électrique. À preuve, alors que le gouvernement fédéral vient d’annoncer un rabais à l’achat de toute voiture électrique ou à hydrogène à moins de 45 000$, aucune voiture à hydrogène n’est admissible (celles-ci coûtant au bas mot au moins 20 000$ de plus) alors que des voitures électriques sont déjà disponibles à moins de 45 000 $.

6. Pour parcourir 100 kilomètres, une voiture à essence consommant 8 L/100 km vous coûtera 10,80$ avec un prix du litre à $1,35. Pour parcourir les mêmes 100 kilomètres, une voiture à hydrogène coûtera plus cher que la voiture à essence pendant qu’une voiture électrique comparable vous coûtera environ 1,50$, soit 85% moins cher qu’une voiture à essence.

Photo: Toyota

7. Alors que nous achetons notre électricité d’Hydro-Québec et que de nombreuses entreprises québécoises sont en train de se développer autour de la technologie des véhicules électriques à batteries, les entreprises associées à l’hydrogène sont principalement étrangères : pétrolières, gazières, entreprises liées aux piles à combustibles, etc. Ainsi, lorsque les gouvernements du Québec et du Canada soutiennent financièrement des projets d’hydrogène, ils le font au détriment de ces entreprises québécoises.

8. Le plus grand atout des voitures à hydrogène est le temps pour faire le plein, qui est assez semblable à celui qu’il faut pour faire le plein d’une voiture à essence (de 5 à 10 minutes max) alors qu’il faut aujourd’hui entre 50 et 75 minutes pour faire le plein d’une voiture électrique à autonomie de 300 à 500 kilomètres. Mais les choses changent… vite. Tesla a déjà commencé à installer des bornes ultra rapides à 1 600 km/h qui vous permet de recharger 400 kilomètres en 15 minutes et d’autres bornes encore plus rapides seront sur nos routes d’ici trois à cinq ans.

Photo: Hyundai

Si l’hydrogène représente un certain intérêt pour des véhicules lourds qui parcourent de très longues distances, la partie est pas mal terminée pour les voitures et les camions légers. La batterie a gagné face à l’hydrogène… d’autant plus que la batterie ne cesse de s’améliorer.

Pourquoi alors certains constructeurs persistent-ils à vouloir développer des voitures à hydrogène? Peut-être pour les mêmes raisons que ceux qui persistaient à vouloir développer le diésel « propre »… jusqu’à ce que la réalité les rattrape.

Je laisserai d’ailleurs le mot de la fin à Yoshikazu Tanaka, chef ingénieur responsable de la Toyota Mirai (à hydrogène) « Elon Musk a raison. C’est mieux de charger une voiture électrique directement en la branchant ».

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