L’avez-vous fait évaluer?

Cette semaine, je me suis procuré un véhicule. Eh oui, un autre! Une vieille Ford de la fin des années 40, laquelle s’ajoute à la dizaine de véhicules que j’ai déjà en ma possession.

Parce que j’aime ça ! Que j’en mange. Bien sûr, ma modeste collection n’est pas constituée des grands classiques Maserati ou Bentley. D’une part, parce que ces voitures sont capricieuses, mais surtout parce qu’il y a une légère différence entre écrire pour Le Guide de l’auto et posséder Le Guide de l’auto!

Blague à part, comme chaque fois que je me procure une vieille voiture, il me faut la faire évaluer. D’abord pour l’assurance, qui l’exige dans le cas d’une couverture complète pour toute voiture âgée de 15 ans ou plus. Puis, pour la SAAQ, qui l’exigera pour transiger un véhicule âgé de 25 ans ou plus afin d’en connaître la valeur.

Des cas d’exception? Oui. Par exemple, une Ferrari, même âgée de quelques années, qui doit être accompagnée d’une évaluation chaque fois qu’elle change de main, parce que sa valeur peut rapidement fluctuer à la hausse. Au fait, saviez-vous que le Québec est l’un des rares endroits en Amérique du Nord où des taxes sont exigées pour la vente d’un véhicule d’occasion entre particuliers? Ouaip!

Évidemment, faire évaluer un véhicule peut aussi vous garantir une certaine valeur en cas de sinistre. Vous possédez une voiture âgée de seulement 10 ou 15 ans, mais dans une condition exceptionnelle? Par exemple, une Toyota Camry 2006 de 21 000 km, qui n’a jamais vu la pluie? Une évaluation pourrait alors vous être bénéfique. Parce qu’en cas de sinistre, l’assureur regardera la valeur moyenne des Camry 2006 du marché, en ne tenant que légèrement compte de l’état de la vôtre. Et si par exemple, la voiture brûlait? Comment est-ce que l’assureur pourrait avoir la preuve qu’elle était dans une condition exceptionnelle? Ainsi, plutôt que de vous verser 7 000$, l’assureur pourrait ne vous offrir que 2 000$ !

Photo: Adobe stock

Alors oui, une évaluation peut être avantageuse, et pas seulement pour un véhicule antique ou de collection.

Maintenant, à qui faut-il s’adresser pour l’obtenir? À un concessionnaire? À un marchand de véhicules d’occasion? Non. Il existe des spécialistes en la matière qui connaissent le marché et qui possèdent tous les moyens pour effectuer des recherches afin de vous donner une juste valeur.

Or, comme dans tous les domaines, il existe aussi dans l’évaluation de véritables charlatans. Des gens qui évalueront parfois sans même se déplacer ou qui inscriront à peu près n’importe quoi sur le rapport, que pour faire plaisir au client. Parce que bien sûr, le fait d’investir 100 000$ dans la restauration d’un véhicule ne signifie pas que sa valeur sera aussi élevée.

En fait, il ne faut pas s’attendre d’un bon évaluateur qu’il vous fasse cadeau. Que ce dernier rehausse la valeur, même si vous lui remettez une enveloppe brune. Une pratique hélas courante. Certains iront même jusqu’à vous remettre deux évaluations. Une première que vous utiliserez pour votre transfert à la SAAQ (très basse), et une autre que vous remettrez à votre assureur.

Morale de l’histoire, faites vos devoirs. Avant de faire faire une évaluation pour un véhicule, assurez-vous que l’évaluateur est renommé. Lisez les commentaires sur Google. Parlez-lui au téléphone. Posez-lui des questions. S’il bafouille, qu’il ne répond pas sur-le-champ, vous avez déjà un indice qu’il ne connait pas son affaire. Parce qu’un bon évaluateur saura vous répondre. Après tout, c’est lui l’expert.

Puis, il vous faut aussi obtenir une bonne couverture. Dans le meilleur des mondes, une valeur agréée qui vous garantit une somme en cas de sinistre. Certains courtiers d’assurances spécialisés peuvent même vous offrir une assurance spécifique pour un véhicule âgé de plus de 15 ans. Un sérieux avantage en comparaison à un généraliste qui fait surtout dans la voiture récente, où les comparables sont innombrables.

Pourquoi cette histoire?

Parce que la Ford que je viens de me procurer a été évaluée il y a quelques mois par un charlatan. Une valeur établie à 16 500$, en stipulant que le véhicule était en condition «2», sur une échelle de 1 à 5, et que tout était fonctionnel.

Cette évaluation a vraisemblablement été faite pour plaire au propriétaire, qui avait mentionné vouloir s’en départir. Or, le véhicule est une épave. Bon pour les pièces. Même pas fonctionnel.

En fait, il n’a pas roulé depuis plus de 10 ans. Les planchers sont percés, les ailes aussi. Les pneus sont fendillés et à plat et les étriers de freins sont saisis, tout comme le moteur! Et cette Ford vaudrait 16 500$? Du gros n’importe quoi.

D’ailleurs, le propriétaire du véhicule en était clairement conscient, ce qui explique pourquoi il me l’a légué pour une fraction du prix. Et dire que cet « évaluateur » dont le travail bâclé dépasse largement le cadre de l’incompétence a déjà été président du Club des Voitures Anciennes du Québec…

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