Taïga TS2 : la motoneige électrique québécoise de l’avenir

Dans un pays de neige et d’hydroélectricité comme le Québec, ce n’était qu’une question de temps avant que quelqu’un ne s’intéresse sérieusement à la conception d’une motoneige électrique.

Si on aurait pu croire que ce projet verrait le jour dans les ateliers de BRP à Valcourt, celui-ci a plutôt pris naissance à l’université McGill où Samuel Bruneau, Gabriel Bernatchez et Paul Achard, trois anciens étudiants en génie mécanique et électrique, ont développé ensemble une motoneige 100% électrique totalement originale, puis cofondé la compagnie Moteurs Taïga en 2015.

Une motoneige de travail efficace

Cette motoneige 100% électrique propose, dans sa version actuelle, une batterie de 20 kWh offrant une autonomie moyenne de 100 kilomètres et un temps de recharge de deux heures sur une borne de niveau 2 avec, en option, la possibilité de la recharge rapide en 20 minutes sur une BRCC. D’autres versions à plus grande autonomie viendront sous peu.

Comme dans la plupart des voitures électriques, sa batterie est équipée d’un système de thermorégulation liquide. La motoneige de Taïga jouit également de la connectivité LTE, de Bluetooth ainsi que du GPS, du Wifi et d’un écran digital de sept pouces. Des configurations de paramètres combinés au GPS intégré aideront les motoneigistes à planifier leurs parcours grâce à une estimation précise de l’autonomie disponible. De plus, comme dans une Tesla, elle pourra constamment s’améliorer avec des mises à jour logicielles automatiques.

Photo: Courtoisie

Équipée d’un moteur à aimant permanent de 250 N.m. de couple (184 lb-pi), de la régénération adaptive au terrain et d’une transmission directe par courroie, elle accélère de 0 à 100 km/h en 3 secondes. Le poids de la TS2 en version commerciale est de 230 kilos à pleine charge, sa suspension avant est à bras triangulaire inégaux et monoamortisseur alors que suspension arrière est à multiple-lien indépendant.

Cette première motoneige de la compagnie Taïga a été conçue pour le travail dans des centres de villégiatures ou des stations de ski, car ces endroits ont généralement besoin de motoneiges robustes dans des périmètres restreints. Offertes à compter de 15 000 $ US, son prix un peu plus élevé que celui des motoneiges traditionnelles sera compensé par un coût énergétique et d’entretien plus bas… et un silence qu’apprécieront certainement les voisins.

Photo: Courtoisie

Les motoneiges à essence : Une pollution disproportionnée

Alors que les normes antipollution des voitures sont de plus en plus sévères, celles des motoneiges à essence n’ont pas été modernisées depuis plus d’une décennie et elles n’ont toujours aucune obligation d’être équipées de systèmes antipollution. Ce faisant, les émissions polluantes (HC, NOx, CO) d’une motoneige à essence moyenne sont équivalentes à celles d’environ 40 voitures, même en assumant que ces motoneiges sont équipées des moteurs quatre temps les plus « modernes ».

Il y a donc un réel intérêt à faire une transition graduelle vers la motoneige électrique, considérant que le Québec a un des ratios les plus élevés de motoneiges au monde : plus de 180 000 motoneiges y sont immatriculées.

Un essai fort intéressant

Lors de mes deux journées d’essai dans les Laurentides, j’ai pu constater que le prototype était près de la phase de commercialisation. La motoneige de Taïga TS2 arrivera d’ailleurs sur le marché à l’hiver 2020. Puissante, silencieuse (à part le bruit des chenilles) et confortable, elle se débrouillait aussi bien sur le terrain plat que dans les chemins de montagnes ou en forêts. La TS2 étant équipée pour la neige profonde, elle n’avait aucune peine à circuler là où la neige était plus molle.

Lors de mon essai comparatif avec une motoneige à essence de BRP, j’ai bien vu que sans avoir la qualité de finition de cette dernière, la TS2 démontrait un potentiel qui devrait commencer à en faire réfléchir certains. J’avais l’impression de revivre les débuts de Tesla, où les grands constructeurs automobiles ne se préoccupaient guère de voitures électriques… jusqu’à ce que ça commence à leur éclater en plein visage.

En sera-t-il de même pour cette nouvelle entreprise québécoise?

Photo: Courtoisie

Trop tôt pour le dire, mais au pays de Joseph-Armand Bombardier, il est réjouissant de constater que de jeunes ingénieurs-entrepreneurs de la relève se retroussent les manches et innovent pour l’avenir économique et écologique du Québec. Souhaitons que le gouvernement du Québec et Hydro-Québec soient au rendez-vous pour les épauler.

Partager sur Facebook

Plus sur le sujet

Événements spéciauxNissan 370Zki : l’ultime motoneige
Ça doit être fantastique de travailler dans une des équipes de marketing de Nissan. Elles ont la liberté créative et le budget pour concevoir des véhicules uniques et percutants, qui finiront par attirer de l’attention envers la marque et sa gamme de produits. Afin de prouver que ses véhicules n’ont …
BaladoLes Québécois peuvent-ils vraiment conduire en hiver?
Les conducteurs québécois sont-ils vraiment aptes à affronter des situations routières hivernales? Pas vraiment. Du moins, c’est ce qu’a avancé Franck Kirchhoff, Président du circuit Mécaglisse, à Notre-Dame-de-la-Merci. En entrevue à l’émission Le Guide de l’auto , sur la plateforme QUB Radio , l’homme d’affaires qui reçoit une panoplie d’écoles …
Conseils: Protégez votre autoDoit-on vraiment faire réchauffer sa voiture en hiver?
En hiver, plusieurs automobilistes laissent tourner le moteur au ralenti durant plusieurs minutes, question de le laisser se réchauffer avant de prendre la route. Mais a-t-on vraiment besoin d’attendre aussi longtemps? La réponse rapide : non. Selon Transports Canada , «la plupart des voitures ne mettent qu’une trentaine de secondes …
ActualitéNouveaux motocyclistes : règles plus sévères réclamées
Par Alex Drouin La Fédération motocycliste du Québec réclame des règles plus strictes pour les conducteurs. « Les jeunes ne comprennent pas à quel point ça peut aller vite, une moto », a déploré le directeur général de la fédération, Jean-Pierre Fréchette. Un homme de 25 ans est mort après …
ActualitéVéhicules électriques et déneigement: des ajustements s'imposent
La semaine dernière, un topo présenté par TVA a fait mention des défis que représente l’arrivée des véhicules électriques pour les gens qui s’occupent de déneiger les rues. Ainsi, aux dires d’un monsieur interviewé à la caméra, des voitures électriques branchées à des bornes de recharge sur rue à Montréal …
ActualitéVoitures électriques : le nouveau problème des remorqueurs
Par Jean Balthazard Après les voitures de luxe et à traction intégrale, voilà que les remorqueurs font face à nouvelle nuisance en période de déneigement: les voitures électriques. Pourtant, la Ville de Montréal semble peu s’en faire avec cette situation. C'est de plus en plus fréquent de se buter à …
ÉlectriqueTaiga Orca : la motomarine 100% électrique bien de chez nous
Alors que l’été tire à sa fin, Le Guide de l’auto s’est déplacé au Bassin de Chambly pour mettre à l’essai la toute première motomarine électrique. Qui plus est, elle est conçue, développée et assemblée au Québec. Si le projet a débuté en 2015 suite à une compétition remportée par …
BuzzEn vidéo : la motoneige électrique québécoise rit de la Tesla Model S
Nous vous avons déjà parlé du fabricant québécois de produits récréatifs électriques Taïga Motors, fondé en 2015, qui est le créateur entre autres de la motomarine Orca et de plusieurs motoneiges. Ses engins ne manquent pas d’impressionner avec leurs capacités et en voici une nouvelle preuve. Sur la piste d’accélération …
ActualitéWidescape : une motoneige nouveau genre conçue au Québec
Initié il y a une vingtaine d’années, le projet Widescape prend officiellement son envol. Définie comme une motoneige compacte et conduite debout, la Widescape est un produit entièrement développé au Québec. À la tête de l’entreprise basée au Saguenay, on retrouve Félix Gauthier qui est aussi le président de Cycles …

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires