Mitsubishi Eclipse, la fin d'une épopée ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Ne cherchez pas les points communs entre la Mitsubishi Eclipse de quatrième génération, lancée en juin dernier, et les anciennes versions. Outre le nom, que l’on a conservé parce qu’il évoque beaucoup de rêves pour de nombreux automobilistes, la nouvelle Eclipse est totalement différente de tout ce qui a été fait dans le passé. Et cette nouvelle voiture, qui a connu aussi sa part de problèmes depuis son lancement, pourrait bien ramener Mitsubishi sur le chemin de la rentabilité si elle remplit ses promesses.

Disons-le, personne n’enviait le sort du manufacturier japonais. Les problèmes financiers liés notamment à des incitatifs d’achat trop généreux, et le refus de DaimlerChrysler d’investir davantage, avaient sérieusement compromis la crédibilité du fabricant automobile Mitsubishi.

Pourtant, malgré ce fort vent de face, Mitsubishi a réussi à se tenir debout, proposant pour attirer la clientèle une garantie de 10 ans, la plus longue offerte dans l’industrie. Pendant ce temps, les administrateurs se chargeaient de restructurer la compagnie, pendant que les ingénieurs tentaient d’élaborer les nouveaux produits qui serviront de base à la relance.

Depuis quelques semaines, les bonnes nouvelles ont commencé à déferler. De nouveaux partenaires financiers ont permis de consolider les opérations pour les prochaines années, et on a enfin lancé un modèle, la toute nouvelle Éclipse, capable de rallier ceux qui doutaient encore de la capacité de Mitsu de produire des voitures excitantes. Cependant, ceux qui souhaitaient la version convertible, appelée Spyder, devront attendre au printemps 2006 avant qu’elle ne fasse son apparition. Mitsubishi ne pouvait tout faire en même temps !

Véritable renaissance

Précisons-le tout de suite, la nouvelle Eclipse n’a, heureusement diront les mauvaises langues, rien de commun avec l’ancienne. Elle a été entièrement reconstruite sur de nouvelles bases, du châssis au moteur.

Présentée en janvier dernier au salon de l’Auto à Detroit, elle s’était attiré les éloges non seulement des fanatiques de la marque, mais aussi du public en général. Comme c’est souvent le cas, la version définitive est un peu moins audacieuse, mais quel contraste avec l’ancienne version aux lignes démodées !

La nouvelle silhouette de l’Eclipse est un véritable amalgame des plus belles réussites dans le créneau des coupés sport. Elle arbore par exemple un arrière qui n’est pas sans rappeler la Audi TT, mais a conservé la calandre à deux orifices que l’on retrouve aussi sur la Mitsubishi Galant par exemple. Bref, un joyeux mélange, auquel on a ajouté un petit air exotique, peut-être dicté par la couleur orangée de notre modèle d’essai.

Partout, de tous les côtés, la silhouette a des lignes arrondies, et ces rondeurs sont accentuées sur les ailes avant. La ceinture de caisse élevée, et le toit bombé viennent confirmer cette vision nouvelle, donnant un petit air sensuel à l’ensemble. Les mordus de l’Eclipse ne seront pas déçus, et ces lignes devraient lui valoir un tout nouveau fan-club.

Au sujet des dimensions, la nouvelle version gagne deux centimètres d’empattement, et quelque sept centimètres de longueur totale, ce qui n’est pas à négliger. Mais c’est en largeur que la principale différence se remarque, puisque de ce côté, elle a engraissé de plus de huit centimètres. Ce nouvel espace n’est cependant pas transmis à l’intérieur de l’habitacle, où le dégagement est assez juste pour ceux qui ne font pas partie des dimensions percentiles utilisées dans l’industrie.

Un intérieur de classe

Mitsubishi a aussi misé sur l’audace à l’intérieur. La planche de bord est d’un modernisme simple, sans artifices, et les cadrans ronds faciles à lire viennent compléter le tout. Notons cependant la beauté de l’ensemble la noirceur venue, alors qu’un rétroéclairage bleuté vient donner air moderne, sans équivoque.

Les sièges, de faux Recaro, fournissent un support latéral impeccable, et un confort haut de gamme pour une voiture de cette catégorie. En fait, peu importe les mouvements brusques du petit bolide, ou la durée de la randonnée, vous trouverez aisément une bonne position de conduite. On se glisse dans ces sièges comme on entrerait dans un gant de cuir ; on fait corps avec ce dernier, un peu comme dans une seconde peau.

Évidemment, comme il fallait s’y attendre dans un coupé sport, ce confort est réservé aux passagers avant. Ceux qui monteront à l’arrière, malgré le bon support des sièges, devront accepter d’avoir les genoux dans le visage tout au long de la randonnée. Même mon fiston de six ans m’a demandé d’avancer mon siège pour lui laisser un peu de place !

Pour ajouter au modernisme de la présentation, cet intérieur est disponible en version deux tons, une coquetterie dont profitent aussi les sièges qui jumellent à la fois cuir et suède.

Mentionnons que dans la version quatre cylindres du GS, comme dans la version GT équipée d’un V6, la liste d’équipement de série est assez complète. Mais les véritables mordus opteront sans doute pour la version Premium qui permet notamment de greffer à la chaîne stéréo Rockford Fosgate de 650 watts, un haut-parleur de graves directement dans le hayon arrière. Et croyez-moi, les multiples réglages de cette chaîne, jumelés à la capacité exceptionnelle de ce gros haut-parleur permettent de rendre justice à n’importe quel style musical. Un style que vos voisins auront aussi l’occasion d’entendre cependant si vous utilisez l’appareil au maximum de ses capacités.

Trop gros, trop lourd

Les ingénieurs ont redessiné à la fois l’extérieur, mais aussi toute la mécanique de ce véhicule phare de la marque. Dans la version GS, qui est en fait le modèle de base, on retrouve un moteur de quatre cylindres de 162 chevaux et d’un couple de 162 livres-pied.

Évidemment, on ne pouvait laisser une Mitsubishi coupé sport uniquement avec un moteur peu puissant. Il fallait donc miser sur une nouvelle technologie, la MIVEC, que l’on a jumelée à un 6 cylindres en V sous le capot de la version GT. MIVEC, c’est en fait l’appellation Mitsubishi pour le calage variable des soupapes, une technologie déjà en place sur bon nombre de modèles concurrents. Ainsi équipée, la Eclipse pourra profiter de quelque 263 chevaux, et de 260 li-pi de couple accessible à un aussi bas régime que 4 500 tours/minute.

Le moteur prend rapidement son élan et, en laissant monter un peu le régime moteur, on réussit à faire des départs fulgurants. Malheureusement, on a l’impression que la nouvelle Eclipse n’a pas réellement été conçue pour autant de puissance. Au démarrage, le couple se transfère avec vigueur dans le volant, entraînant parfois d’aussi brusques qu’impromptus changements de direction. En courbe, le châssis, pas assez rigide, résiste difficilement à la torsion engendrée par le véhicule plongé à toute vapeur dans le virage.

Ce qui explique sans doute pourquoi j’ai largement préféré le petit quatre cylindres. En fait de poids, le gros moteur est tellement lourd qu’il impose une charge supplémentaire au train avant, limitant du même coup la maniabilité de l’ensemble. Au moment de notre essai, j’ai pu circuler sur des routes sinueuses, enfilant quelques virages un peu serrés. Le gros MIVEC de 263 chevaux enregistrait certes les vitesses de pointe les plus impressionnantes, mais il fallait perdre quelques secondes en virage alors que le poids excessif nous entraînait dans un sous-virage remarquable. Le ralentissement devenait obligatoire.

En revanche, le 4 cylindres est nettement plus maniable. Sur le même parcours, les vitesses atteintes en courbe étaient supérieures avec le petit modèle, malgré le grand écart de puissance brute.

Fait à signaler, tant la GS que la GT disposent de pneus de série insuffisants pour la tâche. Dans les deux cas, une trop grande sollicitation fait entendre un crissement de mécontentement à la moindre friction, alors que l’adhérence est facilement rendue à la limite. Pour le tester, il faut cependant désactiver le contrôle de traction installé de série sur toutes les versions.

Grande tristesse, la GS doit se contenter d’une transmission manuelle à cinq rapports, ou automatique à quatre rapports. Des rapports qui sont toujours trop longs, et qui, en mode automatique, ne sont pas aussi rapides que l’on souhaiterait. En revanche, ceux qui opteront pour la GT auront droit à la transmission manuelle à 6 vitesses plus efficace dont les rapports correspondent mieux à la plage de puissance du moteur.

On ne peut parler de la Eclipse sans traiter aussi des freins, qui ont fait l’objet de deux rappels avant même sa sortie officielle chez les concessionnaires… Lors de notre essai, les freins se sont avérés tout aussi puissants sur l’une et l’autre des versions. Notons cependant que sur la V6, les freins à disque ventilés aux quatre roues et un système Brembo à l’avant, nous faisait plus fortement sentir leur présence, et demandait une certaine retenue du conducteur.

Avec de telles qualités, sans prétendre au titre de grande sportive, la Mitsubishi Eclipse devrait permettre de réconcilier les amateurs avec la marque, et certainement de gagner de nouveaux adeptes.

Feu vert

Silhouette exotique
Habitacle audacieux
Freins féroces
Moteur V6 agressif

Feu rouge

Effet de couple présent
Espace arrière symbolique
Transmission automatique un peu lente
Châssis trop souple

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