Porsche 911 GT3 2010, la "vraie" 911…

Hohenstein-Ödenwaldstetten, Allemagne - Au fil des années, la Porsche 911 a évolué au point de se décliner aujourd’hui en plusieurs modèles, dont l’un exprime plus fidèlement que les autres l’esprit et la philosophie de cette voiture mythique soit la GT3. Ce modèle plus léger et plus sportif de la 911 a toujours été développé par les ingénieurs appartenant au département course de Porsche qui portent une attention presque obsessive à la réduction de poids, l’aérodynamisme, l’optimisation de la tenue de route et la puissance. La GT3 est également une voiture très exclusive, seulement 5300 exemplaires du modèle précédent ont été produits, et seulement 52 GT3 2010 ont été attribués aux concessionnaires canadiens qui les proposent à la clientèle à un prix de base de 138,100 dollars.

Les propriétaires de GT3 disent souvent qu’ils sont « accros » à leur voiture et, ayant eu l’occasion de conduire le modèle précédent de la GT3 à sept reprises sur le circuit du Mont Tremblant l’été dernier en tant que chef instructeur du Challenge Trioomph, je peux affirmer que c’est effectivement le cas, la GT3 n’étant devancée que par la Ferrari F430 sur ce circuit. Pour le lancement du nouveau modèle, Porsche n’avait pas réservé un circuit préférant plutôt que les journalistes conduisent la voiture sur des routes publiques. Malgré cela, il m’a été possible de pousser un peu la nouvelle GT3, les routes choisies étant composées de routes secondaires peu fréquentées ainsi que d’un assez long tronçon parcouru sur une section sans limite de vitesse de l’Autobahn.

La conduite de la nouvelle GT3 s’apparente beaucoup à celle du modèle précédent. En quelques mots, il s’agit d’une voiture de course avec plaque d’immatriculation. Elle est extrêmement rapide et d’une précision chirurgicale, répondant immédiatement à la moindre action et assurant une connectivité immédiate entre le conducteur et la route. Toutes les sensations ressenties au volant sont celles d’une voiture de course. Le châssis est rigide au point de sembler avoir été taillé d’un seul bloc, le levier de vitesse est ultra-précis ce qui fait que l’on sent parfaitement l’engagement des rapports et la sonorité du moteur est envoûtante au point d’exiger une poussée constante de son régime jusqu’à la limite de révolutions-moteur de 8500 tours/minute avant chaque changement de rapport. Une véritable drogue, rien de moins. Sur le plan technique, la nouvelle GT3 a fait l’objet de nombreuses modifications par rapport au modèle précédent et les plus importantes ont été apportées à la motorisation, aux suspensions et aux freins, aux aides électroniques au pilotage ainsi qu’à l’aérodynamisme. Côté moteur, la cylindrée du six cylindres à plat de type « boxer » a été portée de 3,6 à 3,8 litres ce qui a eu pour effet d’accroître la puissance de 20 chevaux pour un total de 435 à 7600 tours/minute, ainsi que le couple qui est passé de 289 à 317 livres-pied à 6250 tours/minute. L’injection directe de carburant et la boîte à double embrayage PDK qui ont récemment été développés pour les 911 Carrera et la Boxster S brillent ici par leur absence. Les raisons invoquées sont que l’injection directe de carburant n’était pas requise pour la GT3 puisque l’amélioration de la consommation d’un demi-litre aux 100 kilomètres n’était pas une préoccupation de la clientèle-type. Quant à la boîte PDK, elle aurait entraîné une augmentation du poids de l’ordre de 30 kilos ce qui à été jugé incompatible avec la vocation première de ce modèle.

La nouvelle GT3 est-elle donc plus rapide que le modèle précédent ? La réponse est oui, mais pas par beaucoup. Le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure prend deux dixièmes de moins et se chiffre à 4,1 secondes et la vitesse maximale est maintenant de 312 kilomètres/heure. Même si ces améliorations ne semblent pas impressionnantes, il faut garder en tête que la barre était déjà très haute… Le fait que le nouveau moteur développe 114,5 chevaux par litre de cylindrée, que sa limite de révolutions est maintenant de 8500 tours/minute soit 100 de mieux qu’avant malgré l’accroissement de la cylindrée et qu’il soit équipé de sept pompes à huile afin de composer avec les forces très élevées d’accélération latérale en virages lors de la conduite sur circuit représente un véritable tour de force pour les ingénieurs de Porsche. La nouvelle GT3 est également équipée d’une version améliorée du système de contrôle électronique de la stabilité PSM (Porsche Stability Management) qui est tellement bien calibré que ce système n’intervient seulement lorsque c’est absolument nécessaire et avec une grande délicatesse ce qui fait en sorte qu’il demeure toujours possible d’exploiter pleinement tout le potentiel de performance de la voiture. Il est également possible de faire une désactivation sélective du système de contrôle de la traction seulement ou de désactiver à la fois ce système ainsi que celui du contrôle électronique de la stabilité au moyen de boutons localisés à la base de la console centrale pour ceux qui seraient enclins à tracer des « beignes » sur la chaussée.

Deux nouvelles options intéressantes sont proposées au catalogue, et il est à noter qu’elles ne seront pas disponibles sur les toutes premières GT3 qui sortiront de l’usine, faute de temps. La première est un système permettant d’augmenter la garde au sol du train avant de 30 millimètres ou 1,2 pouces afin de franchir certaines entrées de garage sans égratigner le déflecteur avant, à la Lamborghini Gallardo et la deuxième est l’ajout de points d’ancrage hydrauliques et dynamiques pour le moteur dont la rigidité est augmentée automatiquement par le passage d’un courant électrique dans un fluide chargé de particules magnétiques. Ceci permet d’éliminer complètement l’effet de mouvement du moteur dans le châssis lors des sollicitations à pleine charge lors de la conduite sur circuit ou lors d’accélérations franches. Et pour ceux que cela intéresse, c’est en partie grâce à ce nouveau système que le chrono du 0-100 à été amélioré. Pour réussir un temps canon avec une GT3 équipée de cette option, voici la méthode éprouvée : sélectionner le mode « sport », désactiver le système de contrôle de la traction et celui du contrôle électronique de la stabilité, engager la première vitesse et porter et maintenir le régime-moteur à précisément 4500 tours/minute. La  prochaine étape est la plus cruciale : celle du relâchement de l’embrayage et c’est là que tout peut se gâter. Si vous ne relâchez pas la pédale d’embrayage assez vite, c’est justement le disque d’embrayage qui va souffrir. Il faut plutôt agir avec une brutalité bien affirmée en déplaçant votre pied gauche latéralement pour que la pédale remonte immédiatement et complètement entraînant l’engagement immédiat et complet de l’embrayage d’un seul coup. Ce sont alors les pneus arrière qui encaissent le choc et qui laisseront sur la chaussé la marque de votre départ.

Pour ce qui est du style, la nouvelle GT3 fait montre d’ouvertures élargies pour l’entrée d’air à l’avant comme à l’arrière ainsi que d’un nouvel aileron arrière fixe avec dérives latérales portant le chiffre « 3.8 » et faisant référence à la cylindrée accrue du nouveau modèle. Les améliorations apportées à l’aérodynamisme ont permis de doubler la poussée au sol à haute vitesse par rapport au modèle précédent, d’accélérer l’entrée d’air vers le moteur en plus d’améliorer son refroidissement ainsi que celui des freins qui sont à la fois sur-dimensionnés et plus légers par rapport à ceux qui équipaient le modèle précédent.

La GT3 est tellement axée sur la performance qu’elle est aussi à l’aise sur les routes publiques que les circuits de course où 70 pour cent de la clientèle de cette voiture a l’habitude d’aller s’éclater à l’occasion. Ceci signifie également que la GT3 a les défauts de ses qualités pour ce qui est de la conduite de tous les jours. Les suspensions sont rigides au point ou la conduite sur routes dégradées peut rapidement devenir inconfortable, la sonorité du moteur peut devenir envahissante à la longue et la GT3 est totalement dépourvue de places arrière. C’est la voiture idéale pour la conduite en solo pour ceux qui apprécient les réactions incisives de cette authentique sportive, mais il faut tenir compte du fait que le passager n’appréciera pas toujours ce côté plus radical de la GT3 sur un long trajet. Côté budget, il sera bon de prévoir le remplacement des pneumatiques à tous les 8000 ou 9000 kilomètres, et comme la voiture est chaussée soit de pneus Pirelli ou Michelin de 235/35 ZR19 à l’avant et de 305/30 ZR19 à l’arrière, ce ne sera pas donné…

La nouvelle GT3 est un parfait exemple de la philosophie de Porsche qui est d’apporter des améliorations constantes à ses voitures. Ce n’est donc pas un énorme pas en avant par rapport au modèle précédent qui est proposé par la nouvelle GT3, mais plutôt une évolution vers des marques toujours plus élevées au chapitre des performances ce qui en fait la meilleure 911 à ce jour.

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