Smart Fortwo, adorable petite bibitte de ville

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Le métier de chroniqueur automobile, comme tous les autres métiers d’ailleurs, apporte son lot d’émotions. Entre la frustration d’un test d’accélération raté et la détresse de payer le plein d’un Hummer, il arrive qu’un événement nous marque de façon plus positive. L’essai d’une Smart, malgré une foule d’irritants, fait partie de ces moments magiques. Gros comme une puce sur roues, ce biplace ne cesse d’attirer les regards amusés des badauds. En ces temps de voitures hybrides, la question qui revient le plus souvent est : « C’tu un char à batterie, ça ? »

Et bien non, monsieur, ce n’est pas un « char à batterie ». C’est un « char à diesel » ! Nous y reviendrons. Pour l’instant, rappelons que la Smart a entamé sa carrière en 1998 en Europe. Le succès fulgurant des débuts s’est cependant lentement transformé en cauchemar pour DaimlerChrysler qui perd, avec sa division Smart, des millions de dollars. Ce qui a incité la direction à éliminer les modèles Coupe et Roadster tandis que le projet d’utilitaire sport Formore est envoyé aux oubliettes… Quand ça va mal, ça va mal ! Le marché des États-Unis s’est lui aussi refermé et les Smart n’y rouleront pas. Mais au Canada le ciel est beau et les Smart Fortwo répandent le bonheur aussi bien qu’Amélie Poulain.

Certes, avec un physique aussi particulier, la Smart ne s’attire pas que des compliments. Une de mes amies la considère au même rang que les coquerelles tandis que ma sœur ne jure plus que par cette mignonne petite création. Quoi qu’il en soit, il faut, pour être propriétaire d’une Smart, répondre à trois critères cruciaux : 1) habiter un centre-ville ou vraiment pas loin 2) ne pas être plus que deux dans la famille 3) être très, très social.

DÉCORTIQUONS UN PEU…

1) Lorsque nous parlons de centre-ville, nous ne parlons pas du centre-ville d’Asbestos. Ceux de Montréal et Québec, Sherbrooke à la limite, peuvent faire l’affaire. La Smart se faufile partout, se stationne pratiquement dans un espace réservé à un vélo tout en ne consommant que très peu de diesel. En ville, on peut facilement en arriver à une moyenne d’environ 5,0 litres aux 100 km. Pour vous situer, une Honda Civic fait plus ou moins 9,0 litres aux 100 km dans les mêmes conditions. Sur les voies rapides uniquement, la Smart peut même voir sa consommation descendre à 3,5 litres aux 100 km comme nous l’avons si bien démontré dans le Guide de l’auto 2005, lors d’une confrontation entre petites voitures. Mais il y a plus… Si la Smart se révèle aussi à l’aise dans un centre-ville bondé que les milliers de pissenlits ayant trouvé refuge sur ma pelouse, il en est autrement dès qu’on s’aventure hors de la jungle urbaine. Le moteur diesel trois cylindres de 0,8 litre (vous avez bien lu : zéro virgule huit !) fait un gros 40,2 chevaux (des fois, les dixièmes sont importants) et 73,8 livres-pied de couple, disponibles très bas, soit à 1 800 tours/minute. Le 0-100 et le passage entre 80 et 120 kilomètres/heure requièrent non pas un chronomètre, mais plutôt un calendrier et il est inutile de triturer la transmission séquentielle à six rapports. Cette dernière se montre d’une lenteur désespérante, le passage entre les rapports est saccadé, et la sixième est tellement démultipliée qu’elle est inefficace dès qu’une côte se présente. On a fait grand cas de l’instabilité de la Smart par grands vents. Disons que sa tendance à osciller est plus dérangeante que dangereuse mais il faut tout de même conserver ses deux mains sur le volant.

2) Ne pas être plus de deux dans la famille. Cette condition n’exige pas beaucoup d’explications lorsqu’on sait que la Smart est un biplace ! Le coffre, malgré les apparences, peut contenir quatre sacs d’épicerie et l’habitacle regorge de petits espaces de rangement. Par contre, il n’y a pas de coffre à gants. Lorsque deux personnes montent à bord une première fois, elles sont habituellement très surprises de la généreuse habitabilité. Le tableau de bord minimaliste est fonctionnel et la visibilité ne cause absolument aucun problème.

3) Oui, pour avoir conduit une Smart pendant une semaine, je peux attester qu’il s’agit d’un véhicule aux tendances sociales très développées. Il faut souvent plus de temps pour expliquer aux curieux la provenance du véhicule, ses caractéristiques techniques et son comportement routier que pour faire le plein ! À ce sujet, bien que la Smart ne consomme que très peu, il faut noter que le réservoir ne contient que 22 litres, et que son autonomie n’est que d’environ 500 kilomètres. Et comme on ne retrouve pas de diesel partout, il faut être prévoyant…

Autre source de soucis, l’hiver. Franchement, ce n’est pas « si tant pire que ça » comme le dirait un de mes amis. Certes, le système de ventilation n’est pas assez puissant pour être efficace et le moteur peine pour se mettre en marche à –16 °C. Pour ce qui est de la conduite sur des routes enneigées, la Smart peut compter sur un contrôle de traction et de stabilité extrêmement intrusif qui n’arrête jamais la voiture mais qui sait la ralentir avec une autorité rarement vue. Lors d’un essai organisé par Mercedes-Benz l’hiver dernier, nous avons pu constater que dans la neige, la Smart se comportait comme le petit train… celui qui va loin. Naturellement, quatre bons pneus à neige sont impératifs et sont disponibles chez les concessionnaires. Leur coût (818,00 $ plus taxes) se montre fort raisonnable d’autant plus qu’il inclut les roues. Le plus gros problème hivernal se situe au niveau du liquide de lave-glace. À –20 °C, remplir le contenant relève de l’exploit !

J’en aurais encore pour deux autres pages à vous raconter la Smart ! Mais rien ne vaut un essai.

Feu vert

Binette sympathique
Consommation d’anorexique
Habitacle spacieux
Finition sérieuse
Conduite hivernale « pas si pire que ça »

Feu rouge

Comportement routier fantaisiste
Transmission déroutante
Moteur impuissant
Prix assez corsés
Avenir plutôt sombre

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