Mercedes-Benz Classe G, vestige du passé

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2009

Un acheteur qui se procure une Mercedes-Benz de classe G à une période où le carburant atteint des prix records est une personne qui se fout de la consommation de carburant de son véhicule et qui fait un pied de nez aux écologistes. Conçu initialement comme véhicule pour les forces policières et l’armée, ce gros 4X4 a évolué progressivement au fil des années pour devenir un véhicule de luxe apprécié des gens riches et célèbres de la planète. Bien entendu, cette riche clientèle n’a jamais roulé sur un sentier défoncé ou boueux. Elle se contente de pavoiser au volant de ce mastodonte.

C'est sans doute la raison qui explique la présence de cet anachronisme dans le catalogue Mercedes-Benz. Il est certain que la tendance populaire envers les véhicules plus écologiques devrait à court ou moyen terme menacer la carrière de la classe G. En fait, le problème n’est pas le véhicule lui-même, mais bien les gens qui l’achètent sans en avoir besoin. En effet, si vous êtes le riche propriétaire d’immenses vignobles dans le sud de la Californie ou d’un ranch presque sans frontières au Wyoming ou en Alberta, ce type de véhicule peut se justifier. Par contre, si votre seul motif est de parader sur la rue Crescent, la Grande- Allée ou Rodeo Drive, c’est autre chose.

Comme à la belle époque

Il se trouve toujours des gens pour affirmer que les produits manufacturés de nos jours ne sont pas aussi bons que ceux fabriqués il y a quelques décennies. Je suis certain que ces mêmes personnes apprécient la Classe G, car ce véhicule a très peu changé depuis son arrivée au cours des années 70. Il est vrai que les moteurs sont plus sophistiqués et que le niveau de confort s’est beaucoup accru par rapport à la version militaire, mais n’empêche que la configuration mécanique est demeurée la même.

Il s’agit donc d’un véhicule faisant appel à un châssis autonome sur lequel est boulonnée une carrosserie dont les lignes semblent avoir été taillées à la hache. Il n’y a aucune rondeur des tôles, si ce n’est les passages de roues qui sont en relief par rapport aux parois ultraplates de la caisse. Il en est de même à l’arrière, où la verticalité domine. Et il est certain que le coefficient de pénétration dans l’air doit atteindre des proportions hors normes, d’autant plus que le pare-brise est presque à la verticale. En fait, la silhouette a tous les attributs des véhicules militaires et c’est ce qui semble plaire aux acheteurs. Soulignons en passant que l’armée canadienne possède depuis quelques années des véhicules tout-terrains dérivés de la classe G.

Deux moteurs sont au catalogue. Le premier est un moteur V8 de 5,5 litres d’une puissance de 382 chevaux couplé avec une boîte automatique à sept rapports. Sa puissance accrue permet d’obtenir des accélérations correctes compte tenu d’un poids de plus de deux tonnes. Ce moteur associé à trois différentiels permet de rouler sur toutes les routes, tous les sentiers et sous toutes conditions météorologiques. Un seul problème, la consommation moyenne est d’environ 18 litres aux 100 km et, en plus, l’essence exigée est du super.

Ce moteur convient fort bien à la plupart des situations. Par contre, pour les acheteurs qui en veulent toujours plus, le constructeur propose une version concoctée par AMG. Celle-ci est propulsée par un moteur V8 suralimenté de 5,5 litres produisant 500 chevaux et capable de boucler le 0-100 km/h en 5,5 secondes. Mais qui a vraiment besoin d’un VUS de cet acabit ? Le prix à payer pour ces performances est une consommation fort élevée frôlant facilement les 19 litres aux 100 km.

Luxe ajouté

J’ai toujours été fasciné par le mélange de l’ancien et du moderne dans ce véhicule. En effet, au fil des ans, l’habitacle s’est fortement embourgeoisé, recevant le tableau de bord de la Classe E en plus de se voir greffer une impressionnante liste d’équipement de série. Mais comme le véhicule n’a pas été conçu à l’origine pour tous ces accessoires, il est parfois comique de constater comment les ingénieurs ont réussi cet exercice d’embourgeoisement. Les sièges sont confortables et luxueux, le tableau de bord est recouvert d’appliques de bois exotique, mais l’espace pour les coudes est restreint compte tenu de la verticalité des parois latérales. De plus, les portières se referment avec un bruit sourd, témoignage de l’étanchéité de l’habitacle et de la lourdeur des portières.

Quant au comportement routier, il est à l’image de la silhouette. La tenue en virage est celle d’un gros VUS et il faut toujours se souvenir du centre de gravité fortement élevé. Soulignons également que la direction pourrait être plus précise tandis que la suspension à ressorts elliptiques n’a pas été conçue en fonction du confort. Bien qu’il soit complètement à l’opposé des besoins d’aujourd’hui, cet anachronisme sur quatre roues continue son petit bonhomme de chemin, surtout en raison des caprices de certains millionnaires qui veulent rouler au volant d’un costaud d’une autre époque.  

FEU VERT

Passe-partout impressionnant
Exclusivité assurée
Moteur 5,5 litres
Équipement complet

FEU ROUGE

Prix exorbitant
Version AMG inutile
Consommation indécente
Silhouette caricaturale

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