Lincoln MKS, cette fois, c'est pour vrai

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2009

Cela fait des années que la direction de Ford clame son intérêt envers sa division Lincoln mais sans aucun signe concret. On se contentait généralement de modifier des produits Ford en version plus luxueuse tandis que le Town Car, l’un des rares modèles offerts, est devenu au fil des années une voiture de taxi glorifiée. Mais au cours des cinq dernières années, on s’est retroussé les manches à Dearborn et on a décidé de faire de cette division une entité capable de produire des voitures de luxe digne de ce nom. La MKS est la preuve que ces promesses étaient sérieuses.

Il ne faut pas oublier de mentionner non plus que les modèles MKZ et MKX sont peut-être dérivés de modèles Ford, mais on les a suffisamment bien adaptés pour qu’ils aient une personnalité bien à eux et puissent contribuer à la remontée de la marque sur le marché nord-américain. Chez ce constructeur, on semble avoir abandonné l’idée qu’une voiture de luxe consiste à contenir des tapis plus moelleux, des accessoires dits exclusifs et des sièges douillets comme des fauteuils de salon. La sophistication mécanique, l’agrément de conduite, la tenue de route, on a laissé ça aux « importées » pendant trop longtemps. Cette myopie en fait de connaissance du marché et de développement de produits a fait que ces mêmes « importées » se sont emparées du marché des voitures de luxe en Amérique du Nord. Cadillac s’est réveillé il y a quelque temps et c’est maintenant au tour de Lincoln de se joindre à la parade.

Une mécanique correcte

Toute voiture de luxe se doit de posséder une plate-forme ultrarigide et très sophistiquée. À une certaine époque, chez Ford, on se serait contenté d’utiliser la plate-forme de la Taurus, de la renforcer et de l’améliorer pour ensuite tenter de nous convaincre qu’il s’agissait de ce qui se faisait de mieux dans la catégorie. C’était hier. Aujourd’hui on fait les choses beaucoup plus sérieusement et la plate-forme de la MKS est dérivée de celle de la Volvo S80 qui est reconnue pour être l’une des meilleures de sa catégorie. Celle-ci est également conçue pour utiliser un rouage intégral qui est offert en option sur la Lincoln. La suspension avant est constituée de jambes de force de type MacPherson qui sont reliées dans leur partie inférieure à un bras de suspension en forme de L qui assure un grand débattement de la roue et un meilleur contrôle. À l’arrière, la suspension à bras multiples fait appel à des amortisseurs verticaux placés tout près des roues afin d’optimiser l’efficacité de la suspension avec des roues pouvant aller jusqu’à 20 pouces.

Deux moteurs sont disponibles. Celui qui est présentement monté est un V6 de 3,7 litres d’une puissance de 273 chevaux et de 270 lb-pi de couple. Il est dérivé du V6 de 3,5 litres utilisé, entre autres, sur les Lincoln MKZ et MKX. Ce moteur possède un bloc en alliage et sa culasse à quatre soupapes par cylindre est à calage variable. Ceci permet d’obtenir un couple supérieur à bas régime et de meilleures performances. Il est associé à une transmission automatique Selectshfit à 6 rapports de type manumatique. Comme sur tous les mécanismes de ce genre, le fait de pouvoir passer les rapports manuellement n’est pas un intérêt en soi.

La MKS sera la première auto chez Ford à commercialiser le moteur EcoBoost au cours de 2009. Ce V6 biturbo de 3,5 litres déploiera la puissance d’un V8 de 340 chevaux et l’économie d’un V6.

Héritière de la mer

La silhouette de cette nouvelle Lincoln est difficile à décrire car elle n’est ni trop outrancière, ni trop discrète. Peter Horbury, le designer en chef de Ford pour les Amériques, a bien intégré certains éléments visuels empruntés à la MKR, une voiture-concept illustrant le credo visuel qui allait être adopté par les futures Lincoln. Il faut mentionner la grille de calandre en forme d’aile qui est dérivée de celle de la Lincoln 1941 et qui sera certainement adaptée sur toutes les Lincoln à l’avenir.

La ligne du toit est élégante et me rappelle quelque peu celle de la Saturn Aura, tandis que la partie arrière est rehaussée par une bande de lumière contrastante sur chaque feu et qu’une bande de chrome installée au-dessus de la plaque minéralogique tente d’amplifier l’impression de largeur. Le coffre à bagages est de bonnes dimensions mais son ouverture est relativement petite et le seuil très élevé. Pour en revenir au design de la carrosserie, les stylistes auraient pu être plus audacieux, mais ils nous proposent une ligne classique qui devrait bien vieillir. L’habitacle est constitué de matériaux de qualité, le tableau de bord est même garni d’un « tapis en cuir » et d’appliques en bois véritable. Cela afin de donner une ambiance de luxe, mais le surpiquage n’est pas complètement droit en certains endroits et c’est décevant. Par contre, la présentation d’ensemble est bonne et sobre et le volant avec boudin mi-cuir, mi-bois se prend bien en main.

Celui-ci est réglable en hauteur et en profondeur grâce à un moteur électrique, comme sur les modèles de grand luxe. Toujours dans la même veine, les accoudoirs avant sont coulissants et individuels, les sièges avant sont climatisés et chauffants, rien de moins. Par contre, le plastique utilisé pour la planche de bord est d’une dureté presque sans pareille. Les places arrière sont confortables et même les grandes personnes ne s’y sentiront pas à l’étroit. Elles auront également droit à leur part de ciel bleu, car notre modèle d’essai était doté d’un immense toit vitré coulissant en sa partie avant et fixe à l’arrière. Une déception, néanmoins : le dossier arrière est fixe et seule une trappe à ski permet de passer des objets minces et longs dans l’habitacle.

Une bonne routière

Pour aller jouer dans la cour des grands, Lincoln se doit d’équiper ses voitures en conséquence et raison de plus sur son porte-étendard. C’est pourquoi la MKS déborde d’accessoires sophistiqués visant à rendre la conduite plus agréable et plus sécuritaire. Sans entrer dans les détails, contentons-nous de souligner la présence d’un régulateur de vitesse adaptatif des feux de route pivotant pour mieux suivre la route et des feux de croisement à action automatique. Comme il se doit, les essuie-glace fonctionnent automatiquement lorsqu’il pleut, tandis que le bouchon du réservoir de carburant a été remplacé par le système « Easy Fuel » qui permet d’insérer le bec verseur dans le tuyau de ravitaillement en carburant sans dévisser quoi que ce soit. La MKS propose également la navigation par satellite, une caméra de recul, un détecteur de proximité et une clé intelligente permettant de lancer le moteur en appuyant sur un simple bouton. La position de conduite est bonne en raison des multiples réglages du siège et du volant ainsi que d’un repose-pied fort confortable.

Sur la route, on remarque immédiatement que la direction est lourde pour une américaine et de luxe à part ça. Je suis loin de m’en plaindre. Et je ne me plaindrai pas non plus du comportement routier. La plate-forme ultrarigide fait sentir sa présence et la voiture reste imperturbable sur mauvaise route. La suspension est ferme sans être sèche. Il faut également ajouter que la voiture est stable en virage et le roulis de caisse minimal. Notre modèle d’essai était à transmission intégrale ce qui éliminait l’effet de couple dans le volant et le sous-virage dans les courbes. Le moteur V6 de 3,7 litres n’est pas aussi peppé que celui d’une Mercedes-Benz de Classe E, mais son rendement est impeccable avec un temps d’accélération de 8,1 secondes pour boucler le 0-100 km/h. De plus, il s’abreuve d’essence ordinaire même si cela dérobe deux chevaux à la puissance du moteur et six livres-pied de couple. Sur la grand-route, la MKS est silencieuse et sera certainement appréciée lors de longs trajets.

Jadis, les Lincoln étaient devenues des parodies de voitures de luxe. Avec la MKS, on ne peut que conclure que cette division est redevenue ce qu’elle était dans les années 50 : une marque de prestige proposant des voitures sophistiquées.

FEU VERT

Plate-forme rigide
Moteur bien adapté
Habitacle confortable
Équipement complet
Bonne tenue de route

FEU ROUGE

Dossier arrière fixe
Visibilité arrière médiocre
Seuil du coffre élevé
Certains plastiques ultradurs

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