Jeep Wrangler Rubicon édition Hard Rock 2016 : (très) loin des sentiers battus

Points forts
  • Prêt pour aller n’importe où
  • Amusant à conduire dans le fond des bois
  • Réputation de solidité
Points faibles
  • Une corvée à conduire sur routes pavées
  • Côté pratique limité
  • Consommation d’essence importante
Évaluation complète

Si l’on demande à un propriétaire de Jeep Wrangler pourquoi il aime autant son véhicule, on obtiendra vraisemblablement la même réponse. « C’est une affaire de Jeep, tu ne peux pas comprendre ».

Il semblerait que de conduire un VUS en forme de brique, peu pratique et très énergivore, c’est une affaire qui plaît à de plus en plus de gens, puisque les ventes sont bonnes au Canada et aux États-Unis, et que la marque Jeep gagne des parts de marché ailleurs dans le monde. Durant la première moitié de 2016, plus de Canadiens ont acheté des Wrangler que des Compass, des Patriot et des Renegade combinés. Bon, certains ne considèrent pas ces trois modèles comme de « vrais » Jeeps, mais vous voyez le portrait.

Croisez un Wrangler tandis que vous êtes à bord d’un Wrangler, et son conducteur vous saluera probablement. Vous devez le saluer à votre tour. Ça fait partie de cette « affaire de Jeep ».

Ce qui est surprenant, étonnant même, c’est de constater à quel point le Jeep Wrangler est demeuré primitif, voire un peu rudimentaire, à une époque où les cylindrées plus petites et les pratiques écologiques sont la tendance. Je conduis un Wrangler plus ou moins tous les deux ans, et chaque fois, j’anticipe passer du bon temps à rouler dans les sentiers et me rendre là ou aucun être humain ne s’est rendu avant moi. Je finis habituellement par m’embourber aussi, mais ça, c’est ma faute, pas celle du camion.

Cette fois-ci, j’ai choisi un Jeep Wrangler Rubicon deux portes 2016, édition Hard Rock qui ajoute notamment des jantes en alliage uniques de 17 pouces, des crochets de remorquage rouge, des plaques de protection supplémentaires et des pare-chocs en acier noir. Au lieu de simplement me promener en ville et de mettre une roue ou deux dans un chemin non balisé, j’avais planifié d’effectuer un vrai test hors route.

Mon oncle retraité, qui écoutait les aventures de Jungle Jim à la télé dans les années 50, avait décidé qu’il voulait devenir Jungle Jim — et a réalisé son rêve 60 ans plus tard. Il s’est acheté un chalet sur le bord d’un lac qu’il ne pouvait atteindre qu’en bateau — après quatre heures de route vers le nord en voiture — ou avec son fidèle avion amphibie Republic RC-3 Seabee 1946. Le même avion que pilotait son idole d’enfance. Le chalet n’a ni électricité ni eau courante, et se trouve flanqué d’un cabinet extérieur (une bécosse en bon français). La seule façon dont mon oncle peut communiquer avec le monde extérieur, c’est à l’aide d’un téléphone satellite, et encore là, il doit se rendre au bout de son quai afin d’avoir un soupçon de réception. Mon oncle qualifie son chalet de paradis, je qualifie mon oncle de maboul.

Depuis l’an passé, grâce à des coupes forestières dans son coin, les routes pour les camions de transport lui permettent désormais de se rendre à son chalet en voiture. Par contre, les derniers 500 mètres, de la route à sa porte, avaient besoin d’être défrichés et pour y arriver, mon oncle s’est acheté un Jeep Cherokee 1998 deux portes avec un moteur à six cylindres.

Il m’a invité, ainsi que ma conjointe et mon beau-fils, à passer une fin de semaine à son chalet lointain. Mon cousin et deux de ses trois enfants ont également fait le voyage. Il possède un Jeep Liberty 2004 pour les sorties en famille. On se retrouvait donc avec une vraie excursion, une aventure 100% Jeep.

Je vous épargnerai tous les détails, mais, en bref, le Cherokee et le Jeep Wrangler Rubicon 2016 ont réussi à retrouver la civilisation, mais pas le Liberty. Après avoir franchi le sentier très difficile entre la route et le chalet, un bras de la suspension arrière rouillé a brisé. Plus tard, nous avons appris que cette pièce a fait l’objet d’un rappel pour corrosion excessive, mais n’avait pas encore été remplacée. Malheureusement pour les propriétaires de Jeep, recevoir des lettres d’avis de rappel sur une base régulière fait également partie de cette « affaire de Jeep ».

En tout cas. Le Wrangler Rubicon s’est débrouillé admirablement bien, permettant un grand débattement des roues pour franchir des roches et des souches, de solides racines et des trous. L’édition Rubicon inclut des fonctions de déconnexion des barres stabilisatrices et de verrouillage des essieux pour une capacité hors route encore plus grande, mais je n’en avais pas besoin. De plus, lorsque le boîtier de transfert en gamme basse, on peut relâcher à la fois l’embrayage et l’accélérateur, et le Wrangler avancera tranquillement sans s’étouffer, alors qu’on peut simplement moduler les freins et se concentrer sur le sentier devant.

J’ai égratigné une des roues de cette édition Hard Rock sur une roche dure (roulement de tambour), mais j’ai brisé ma tradition personnelle de rester pris. Le Wrangler est encore et toujours le champion des sentiers hors route, malgré la venue et la disparition d’adversaires au fil du temps, comme le Toyota FJ Cruiser et le Nissan Xterra. En ce moment, le Wrangler n’a aucun rival direct sur le marché canadien.

Loin des sentiers battus, le Jeep Wrangler 2016 est génial. C’est un camion Tonka grandeur réelle, et retirer le toit mou afin de partir à l’aventure sous le chaud soleil et à travers des « niques de moustiques » ne nécessite que de retirer les vitres latérales et la lunette arrière à fermeture éclair, défaire quelques loquets et tirer sur le toit pour qu’il se replie vers l’arrière du véhicule.

Photo: Michel Deslauriers

Toutefois, c’est au moment où l’asphalte débute que le plaisir prend généralement fin.

Comme véhicule de tous les jours, le Wrangler est aussi agréable et confortable qu’un tracteur de ferme. Surtout en configuration deux portes, car son empattement plus court lui confère un roulement sautillant. La direction floue nécessite des corrections constantes sur l’autoroute. La cabine est assez bruyante avec le toit mou installé. Sur une note plus positive, la boîte manuelle à six rapports fonctionne étonnamment bien, même si le long bras de vitesse possède la fluidité d’une manche à balai dans un seau rempli de billes. Bon, j’exagère un peu, ce n’est pas si mal.

Le mal survient surtout lorsque l’on consulte l’ordinateur de bord. J’ai observé une moyenne de 14,0 l/100 km au cours de la semaine d’essai, et ça comprend quelques heures d’autoroute, un peu de circulation urbaine et l’excursion hors route mentionnée plus tôt afin de se rendre au chalet sur le bord du lac. Ce n’est pas fameux. Le V6 de 3,6 litres ne se sent pas surtaxé par le poids de 1 860 kg du Rubicon deux portes, grâce à ses 285 chevaux, et procure des performances adéquates. Cependant, si les rumeurs concernant la prochaine génération du Wrangler, qui bénéficierait d’un régime minceur et d’un moteur hybride ou diesel, se concrétisent, la facture d’essence devrait être drôlement moins déprimante.

Le Jeep Wrangler deux portes 2016 assoit quatre personnes, et l’espace de chargement est presque non existant derrière le siège arrière. FCA cite un volume de 362 litres, mais en réalité, c’est moins que ça. J’ai à peine pu y loger une petite glacière et une valise de voyage. Autrement, en rabattant la banquette arrière, on dispose d’un volume plus raisonnable de 1 600 litres. Au quotidien, un Wrangler Unlimited à quatre portes serait un meilleur choix, avec sa capacité de cinq passagers, son roulement plus confortable et son coffre plus logeable. Par contre, il coûte environ 2 500 $ de plus que son équivalent à deux portes.

Vous le savez probablement déjà, mais le Wrangler peut être presque complètement dénudé en détachant les portes et la section avant de la cage de sécurité ainsi qu’en rabattant le parebrise. Comme le Willys original de 1941. Par contre, pour y arriver, on a besoin d’outils et de patience, et je n’ai aucun des deux. La moquette peut aussi être retirée afin de passer les planchers au boyau d’arrosage. Et pourtant, le Wrangler peut bénéficier de caractéristiques telles qu’un système d’infodivertissement Uconnect, de sièges avant chauffants et d’une sellerie en cuir.

En revanche, ce véhicule n’est pas une aubaine. Le Jeep Wrangler 2016 est vendu à partir de 27 695 $ avant les frais de transport et de préparation, alors que la version Rubicon coûte au minimum 40 295 $. Notre édition Hard Rock, qui incluait un ensemble deux toits, un attelage de remorque, un climatiseur automatique et un système Uconnect avec écran tactile de 6,5 pouces et navigation, coûtait la somme étourdissante de 50 825 $.

Je me suis amusé comme un fou en me rendant au chalet de Jungle Jim — pardon, de mon oncle —, et le Wrangler est agréable à souhait loin des sentiers battus. Toutefois, à moins que je sois prêt à partir à l’aventure dans les bois chaque fin de semaine, endurer le manque de raffinement, l’horrible économie d’essence et la polyvalence limitée de ce bon vieux Jeep en semaine, pour me rendre au travail et aller faire les emplettes, est un sacrifice que je ne suis pas prêt à faire. Pour le prix d’un Wrangler Rubicon, j’opterais plutôt pour un Cherokee Trailhawk bien équipé.

Effectivement, je ne comprends pas cette « affaire de Jeep », mais je respecte ceux qui la saisissent.

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