Jeep Grand Cherokee, un pas en avant

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2009

« Il n’y a plus de marché pour les véhicules de ce genre », peut-on lire depuis quelque temps chaque fois qu’il est question de VUS traditionnels. On se heurte toujours aux considérations de coût de carburant et d’environnement. Pourtant, les constructeurs ne se gênent pas pour continuer d’introduire à profusion de gros véhicules qui ne sont pas de petits mangeurs. Vous pourriez cette année vous tourner vers le Chevrolet Traverse, le Ford Flex ou le Honda Pilot. Alors quoi, vous pensiez vraiment que ces nouveaux venus étaient énergiquement peu gourmands ? Bien sûr que non. Ils le sont seulement moins que les VUS à moteur V8.

En réalité, tout est une question de mode. Il y a eu les familiales, les fourgonnettes, puis les VUS et maintenant, ce sont les multisegments. On aurait beau vendre le carburant encore plus cher, les Nord-Américains ne changeraient toujours pas de façon radicale leurs habitudes. En effet, pour bien des gens, rouler dans un véhicule spacieux, polyvalent et confortable, ça n’a pas de prix (ou presque). En revanche, il est vrai que les VUS traditionnels comme le Grand Cherokee perdent en popularité, simplement parce que les fabricants n’ont pas su les adapter aux besoins des acheteurs actuels. Ne pensez pas deux minutes que les gens ne veulent plus rouler dans ces camions à tout faire, au contraire. On ne souhaite cependant plus conduire un véhicule qui consomme à ce point, pour le seul plaisir d’avoir l’illusion qu’on possède entre nos mains un outil capable de remorquer un paquebot ou de grimper l’Everest. Jusqu’ici, un seul constructeur aura compris cette réalité et mis les efforts nécessaires pour contourner le problème. Et ce constructeur, c’est Chrysler.

Le diésel, ce sauveur !

Avant que l’alliance entre Daimler-Benz et Chrysler ne se rompe, on a donc eu l’idée chez Jeep d’intégrer au Grand Cherokee un moteur turbo diesel à rampe commune d’origine Mercedes. Résultat, Jeep a vu ses ventes de Grand Cherokee grimper en flèche au cours de la dernière année, allant ainsi à l’encontre du marché actuel. La raison ? Plus de 50 % des ventes étaient constituées de modèles à moteur diesel. Bien sûr, plusieurs acheteurs ont été attirés par ce véhicule, sachant qu’ils pouvaient grâce à lui économiser à la pompe, et ainsi continuer à jouir de l’agrément que leur apporte un tel VUS. Mais ils ont aussi découvert que ce moteur offrait des performances et un agrément insoupçonnés. L’immense couple disponible à bas régime et la souplesse étonnante du moteur 3,0 litres ont certainement été des éléments convaincants.

D’ailleurs, la grande majorité de ceux qui se sont procuré le Grand Cherokee diesel vous le diront, même sans considération pour la consommation, ce moteur aurait quand même constitué le choix numéro un. En fait, il est à ce point génial qu’on se demande pourquoi Jeep persiste à offrir quatre autres moteurs à essence. On pourrait facilement éliminer de la gamme les moteurs 3,7 et 5,7 litres, pour ne laisser place qu’au V8 de 4,7 litres remanié l’an dernier, et au monstrueux HEMI de 6,1 litres de la version SRT8. Équipé d’un système 4x4 compétent, le Grand Cherokee demeure un véhicule qui fait bande à part chez les amateurs. Ne pensez pas deux minu tes qu’Explorer et Envoy peuvent se prêter au même jeu. Mais la grande beauté de tout cela, c’est que ces compétences hors route n’ont aucun effet négatif sur celles que propose le Grand Cherokee sur chemins battus. La version SRT8, forte de ses 420 chevaux, est pour sa part capable de faire mordre la poussière à la presque totalité des VUS qui nous sont offerts (sauf peut-être le dernier Porsche Cayenne Turbo S).

Le SRT8 affiche un comportement très sportif et domine la route avec une présence incomparable. Ses immenses pneus de 22 pouces en couvrent d’ailleurs une grande partie. Quant à son envoûtante sonorité, elle rappellera aux gens qui vous croisent que vous êtes tout sauf un symbole de discrétion.

Trop petit?

Alors que la tendance du marché veut que les véhicules soient de plus en plus volumineux, le Grand Cherokee demeure l’un des plus petits. La disparition prochaine du Commander permettra sans doute aux ingénieurs de le renouveler tout en volume, mais d’ici là, les acheteurs devront accepter de conduire un VUS aux dimensions inférieures à la moyenne. D’ailleurs, le Grand Cherokee est l’un des rares véhicules de sa catégorie à ne pas offrir de troisième rangée de sièges. Les personnes de grande taille pourraient également se voir gênées par l’espace qui leur est accordé au niveau de la tête. Faisant personnellement 1,75 mètre, il m’a suffi de porter une casquette pour me voir frôler le pavillon à l’occasion. Comme c’est le cas de plusieurs produits Chrysler, l’habitacle du Grand Cherokee fait aussi face à la critique en ce qui concerne la qualité des matériaux utilisés. Ses plastiques rugueux et ses boiseries très kitsch n’ont pas leur place dans un tel véhicule.

Et il faudrait aussi penser à revoir la banquette arrière qui n’est confortable que pour de très jeunes enfants, ceux-ci ayant la chance de contourner le problème avec un siège d’appoint ! Heureusement, le conducteur profite à l’avant d’un siège confortable qui lui permet de bénéficier d’une bonne position de conduite. La richesse de l’équipement et la très, voire trop grande diversité des options permettent également au plus exigeant d’y trouver son compte. Chose certaine, l’attrait principal du Grand Cherokee constitue, au-delà de toutes ses compétences, son moteur diesel. Et il faudra que les ingénieurs s’en souviennent lors de son renouvellement prochain, puisque c’est l’élément qui lui permet de dominer cette année le marché des VUS intermédiaires.

FEU VERT

Moteur diesel génial
Capacités hors route honorables
Véhicule robuste et confortable
Capacité de remorquage
Performances hallucinantes (SRT8)

FEU ROUGE

Espace restreint à bord
Finition discutable
Consommation (sauf diesel)
Confort de la banquette arrière

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