Toyota Corolla, l'auto de Placide Beaulac

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Les Québécois de plus de quarante ans se souviennent tous de Symphorien, une émission présentée à Télé-Métropole, devenue TVA depuis que les propriétaires ont des ambitions outre-Montréal. De tous les personnages de la maison de chambres tenue par Mme Sylvain (Juliette Huot), c’est le sympathique policier Placide Beaulac qui m’intriguait le plus. Imaginez… Comment être délirant quand on porte des noms comme Placide et Beaulac ? Lors de ma dernière prise en main de la Toyota Corolla, je me suis rappelé le personnage joué par Yves Létourneau. La Corolla serait-elle aussi placide ?

Il ne faut surtout pas oublier que la Toyota Corolla est une des voitures les plus vendues de l’histoire de l’automobile. C’est donc dire qu’elle rejoint une majorité de gens. Une carrosserie le moindrement bizarre (regardez ce qui est arrivé à la Pontiac Aztek pourtant fort agréable à conduire), un comportement routier un tantinet trop sportif ou une fiabilité juste en deçà des normes et le titre de voiture des plus populaires de la planète irait irrémédiablement à une autre candidate. La Corolla présente donc une carrosserie tout ce qu’il y a de plus banal tout en demeurant très esthétique, et en ayant un comportement routier bien peu sportif mais prévisible. Puisque les gens qui sont attirés par cette combinaison détestent généralement les problèmes, la Corolla jouit d’une fiabilité bien au-dessus des standards de l’industrie.

Redessinée un peu l’an dernier, la Corolla 2006 ne jouit d’aucune modification notable. Tout au plus, la couleur Cactus Mica prend le bord et des essuie-glace intermittents font désormais partie de l’équipement de base des versions Corolla Sport, XRS et LE. La version Sport hérite aussi de glaces à commandes électriques. Encore une fois cette année, toutes les Toyota, sauf la XRS, sont propulsées (le mot est un peu fort, je sais) par un quatre cylindres de 1,8 litre de 130 chevaux et 125 livres-pied de couple. On lui a assigné une transmission manuelle à cinq rapports pour passer la « puissance » aux roues avant. Mais une automatique à quatre rapports, au fonctionnement sans reproches, est aussi proposée, moyennant supplément. Accrochées à un châssis rigide, les suspensions, indépendante à l’avant et à poutre de torsion à l’arrière, font de leur mieux pour amortir les chocs et aider la voiture à négocier les virages. Et admettons que c’est réussi dans la mesure où l’on ne dépasse pas trop les limites de vitesse et les limites des pneus d’origine, bien peu brillants. Dans une courbe, la Corolla génère passablement de roulis mais l’avant ne décroche pas facilement. On parle donc de suspensions axées sur le confort plus que sur la tenue de route. La direction s’est améliorée avec les années mais elle demeure toujours un peu vague et, surtout, légèrement déconnectée du travail de la timonerie. Les freins, à disque à l’avant et à tambour à l’arrière, effectuent du bon boulot et les arrêts d’urgence sont généralement courts et rectilignes.

Pour les amateurs de sensations fortes (de sensations plus fortes devrions nous écrire…), Toyota a concocté, l’an dernier, la XRS. Le moteur est toujours le 1,8 litre mais poussé à 170 chevaux. Mais comme le couple n’est pas nécessairement très élevé (à peine 127 livres-pied) et que la puissance est à son maximum à 7 600 tours/minute, il faut toujours garder les révolutions du moteur très élevées pour pouvoir bénéficier de performances correctes. Mais un moteur qui tourne vite consomme plus et fait plus de bruit. Et comme l’insonorisation n’est pas le point fort de la Corolla, je vous laisse imaginer le tintamarre ! Certains peuvent adorer… Seule une transmission manuelle à six rapports peut être jumelée à ce moteur et l’imprécision du guidage est en train de devenir légendaire dans le milieu automobile. Les suspensions ont été abaissées de 1,5 cm et, chaussée de pneus de 16“ d’excellente qualité, la Corolla XRS s’accroche avec une belle ténacité dans les virages. De plus, son bel équilibre lui permet même d’être agréable à conduire rapidement, une chose que l’on croyait impossible avec une Corolla il n’y a pas si longtemps. Quatre freins à disque avec ABS ralentissent avec autorité les 1 625 kilos de la bagnole.

Comme tout bon produit Toyota qui se respecte, la qualité du travail des employés se reflète partout. Les pièces sont très bien agencées et on n’entend aucun bruit de caisse. La qualité des matériaux n’est pas toujours au rendez-vous mais on a déjà vu pire sur des voitures plus dispendieuses ! Les sièges, recouverts de tissu (les « z’amaricains » ont droit, en option, à du cuir) sont confortables même si j’ai eu quelques difficultés à trouver une bonne position de conduite. La banquette arrière peut accueillir deux adultes sans problèmes. Mais forcer une troisième personne à s’y asseoir pourrait entraîner une poursuite au civil, sinon au criminel… Les dossiers des sièges arrière s’abaissent (sauf dans le cas de la XRS) pour agrandir un coffre déjà bien nanti au niveau des dimensions. Mais l’ouverture de ce dernier demeure un peu trop petite à mon goût. La visibilité ne cause aucun problème et les « oublieux » de mon genre devront absolument tenir un registre de leurs objets et de l’endroit où ils ont été placés tellement il y a d’espaces de rangement !

Autrefois la rivale directe de la Honda Civic, la Toyota Corolla est devenue meilleure à bien des niveaux. Mais Honda prépare sa réplique et Mazda propose, avec sa série 3, des voitures plus agréables à conduire que la Corolla. Il ne faudrait pas oublier les Chevrolet Cobalt, Ford Focus, Hyundai Elantra, Kia Spectra et autres qui s’améliorent constamment. Malgré cette concurrence, la Corolla est assurément une voiture à considérer.

Feu vert

Fiabilité incroyable
Comportement très correct
Habitacle spacieux
Consommation comptée
Valeur de revente assurée

Feu rouge

Moteurs très « sonores »
Lignes banales
Comportement pointu (XRS)
Direction peu sensible
Roulis prononcé

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