Honda Pilot, dans la gueule du loup ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2009

Depuis environ un an, les prix de l’essence augmentent régulièrement. Mais ce n’est que depuis quelques mois que l’on remarque vraiment un changement dans les mentalités des Québécois. On roule désormais moins vite sur les routes de la belle province (l’abus d’opérations radars y est sans doute pour quelque chose aussi…). De plus, les ventes de camionnettes et VUS plein format ont chuté radicalement, coûtant des milliers d’emplois en Amérique. Lorsque le Honda Pilot 2009 a été pensé et dessiné, il y a quelques années, on était loin de se douter de ce brusque revirement de situation.

Le nouveau Pilot répond aux demandes des propriétaires actuels ou passés d’un Pilot : plus de puissance et une consom mation moins importante, plus d’espace pour les passagers et un look plus robuste qu’avant. Réglons le cas du look. Le nouveau Pilot offre, effectivement, une allure beaucoup plus robuste. Les angles ont été équarris et les divers éléments semblent avoir été « gossés » à la hache. Le tout fait même un peu rétro, à des lieues du style des Mazda CX-9, GMC Acadia, Hyundai Veracruz et même du très tranquille Toyota Highlander, de fiers concurrents qui ont plutôt opté pour le style multisegment. À l’arrière, un décroché au niveau des feux s’étend jusque dans le hayon et ajoute une touche de modernité qui est la bienvenue. Mais c’est surtout la calandre qui risque de faire jaser le plus. Personne ne reste indifférent face à ce gros H entouré d’une très large bande chromée, elle-même entourée d’une autre bande. On ne peut discuter des goûts.

Habitacle réussi

C’est dans l’habitacle que les changements sont les mieux réussis, à mon avis. Le tableau de bord est tout nouveau et les jauges, réunies dans une nacelle, semblent flotter dans le vide. Très réussi. Au centre du tableau de bord, on retrouve une large bande verticale contenant les commandes de la climatisation, de la radio et du système de navigation par satellite, lorsque présent. Ce système n’est offert que dans la version Touring, la plus chère. Toujours dans cette partie de la planche de bord, on remarque le levier de vitesses qui était localisé, auparavant, sur la colonne de direction. Une bonne partie des commandes est placée sur une plaque bleutée, qui ressemble à ce que Toyota offre sur l’Avalon.

Les propriétaires actuels désiraient plus d’espace intérieur ? Honda leur en a donné. Et ça se remarque dès qu’on ouvre une portière. Ce sont davantage les deuxième et troisième rangées de sièges qui profitent le plus des quelques millimètres supplémentaires du Pilot. Même la troisième rangée peut accueillir deux adultes dans un grand confort. On retrouve certes trois ceintures de sécurité, mais après un voyage le moindrement long, la personne assise au centre devrait être bonne pour une thérapie… Cela dit, le Pilot est un véhicule huit places et plusieurs familles reconstituées ont besoin d’un tel moyen de transport. Bien entendu, lorsque les dossiers de la banquette de la troisième rangée sont relevés, l’espace de chargement diminue grandement. Autrement, lorsque tous les dossiers sont baissés, formant ainsi un fond plat, le Pilot peut engouffrer jusqu’à 2 464 litres. Le seuil est bas, égal au plancher, et le dessus du pare-chocs arrière est recouvert de caoutchouc, une heureuse initiative qui empêche les égratignures. Aussi, la vitre ouvre séparément du hayon, une autre heureuse initiative.

Mécanique moderne

En ce qui concerne la mécanique, Honda est demeuré fidèle au V6 de 3,5 litres. Ce moteur, fort moderne, développe 250 chevaux et 253 livres-pied de couple. Une seule transmission est proposée, soit une automatique à cinq rapports. On n’y retrouve pas de mode manuel, ce qui ne devrait pas indisposer beaucoup de monde. Le Pilot de base débarque avec les roues avant motrices (traction) et les autres versions ont droit au VTM-4 (Variable Torque Management). Honda prévoit que 95 % des acheteurs de Pilot se prévaudront de ce dernier rouage, très efficace en hors route comme nous avons pu le constater sur un circuit aménagé pour ce type de conduite. Les pneus Michelin LTX à la semelle très agressive, dont était muni notre véhicule d’essai, le Hill Start Assist empêchant le Pilot de reculer ou d’avancer lorsqu’on relâche les freins dans une côte, ainsi que la possibilité de bloquer le différentiel central par une simple pression d’un bouton au tableau de bord (mais on ne retrouve pas de gamme basse LO), voilà autant d’éléments permettant au Pilot de passer à peu près n’importe où… à peu près jamais !

En effet, bien peu de conducteurs iront s’amuser au point d’avoir besoin de tous ces attributs, mais le fait de penser qu’ils peuvent le faire rehausse le niveau de confiance. Le Pilot peut remorquer une charge de 1 590 kg (2RM) à 2 045 kg (intégrale). C’est bien davantage sur la route que le Pilot sera apprécié. L’habitacle est silencieux, les sièges confortables, et la direction n’est toujours pas des plus communicatives, mais Honda a fait de valeureux efforts en ce sens. Les suspensions, indépendantes aux quatre coins, savent marier confort et tenue de route. Ils ne font pas du Pilot un Porsche Cayenne, mais si on conserve le moindrement de jugement, on ne risque pas de se retrouver en fâcheuse position. Le roulis en virage est très bien maîtrisé Avec son style à l’encontre des dictats de la mode, sa motorisation certes économique mais sans dieselisation ou hybridation à venir, le Pilot pourrait connaître certaines difficultés sur le marché. Et c’est malheureux, car ce Honda revisité propose un comportement routier relevé, un confort appréciable et une fiabilité bienvenue.

FEU VERT

Fiabilité honorable
Habitacle logeable
Comportement routier surprenant
Rouage intégral compétent
Moteur économique  

FEU ROUGE

Grille de calandre « différente »
Équipement chiche
Version 2RM peu prisée
Prix assez élevés

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