Dodge Nitro/Jeep Liberty, on rit, mais c'est pas drôle

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2009

Depuis quelques années, soit depuis l’époque de l’association avec Daimler-Benz, Chrysler s’est répandu en modèles. Chaque véhicule a désormais son pendant chez Dodge, Jeep ou Chrysler, question de canaliser le plus de public possible dans les salles de montre. C’est dans ce contexte que sont nés les Dodge Nitro et Jeep Liberty, basés sur le duo Dodge Caliber/Jeep Compass. Nous n’avons rien contre la prolifération des modèles… Encore faut-il qu’ils apportent quelque chose à l’industrie automobile, ce qui n’est pas évident ici.

Le Jeep Liberty a d’abord connu une belle carrière dans sa génération précédente. Lancé en 2002 en remplacement du Cherokee, il était mûr pour une refonte majeure l’année dernière. 2008 a donc vu arriver un tout nouveau Liberty, dérivé du Dodge Nitro présenté l’année précédente. Les deux véhicules présentent des lignes semblables. Très carrés, ce qui leur donne une allure vraiment à part et très macho, ils ne gagneront jamais de concours d’aérodynamisme, mais pourraient bien se classer dans un concours de dynamisme !

Mais la beauté générale de ces deux petits VUS ne saurait cacher leur piètre niveau de finition. Par exemple, les différents panneaux de carrosserie, en plus de ne pas toujours être bien alignés, semblent recouverts d’une pelure d’orange. À ce chapitre, le Nitro nous a paru un peu mieux fini que les quelques Liberty essayés. Dans l’habitacle, ce n’est guère mieux et la qualité de certains plastiques laisse pantois. À l’avant, l’espace pour les pieds est réduit par une énorme bosse qui s’étend de chaque côté du tunnel de la transmission. De plus, on ne retrouve aucun repose-pied pour le conducteur. Les sièges s’avèrent relativement confortables même s’ils offrent peu de support latéral. Trouver une position de conduite convenable demande une patience que je ne possède pas. Soit la colonne de direction est trop longue (elle ne s’ajuste pas en profondeur) ou les pédales sont trop éloignées du conducteur. D’ailleurs, c’est à se demander le sérieux de Chrysler dans l’élaboration de ces modèles. Contrairement à ce que l’extérieur laisse supposer, l’habitacle n’est pas très grand.

Le tableau de bord est joliment dessiné, à défaut d’être aussi inspiré que l’extérieur, et l’instrumentation est assez complète. On retrouve aussi des commandes pour le chauffage, mais elles sont plus décoratives qu’autre chose. Essayés en plein hiver, autant le Nitro que le Liberty ont eu de la difficulté à faire monter la température dans l’habitacle et à dégivrer le pare-brise. En passant, notre Liberty possédait l’infâme toit ouvrant de toile qui fait un boucan d’enfer dès les 60 km/h atteints. Et ils demandent plus de 1 500 $ pour ça !

Triste liberté

Un seul moteur prend place sous le capot du Liberty. Il s’agit du très impotent 3,7 litres, aussi rustre que gourmand, de 210 chevaux et 235 livres-pied de couple. Jusqu’à l’année dernière, ce moteur troublé était associé à une désolante transmission manuelle à six rapports. Maintenant on retrouve seulement une automatique à quatre rapports, mieux adaptée même si un rapport supplémentaire permettrait de réduire la consommation, car 16,8 litres aux 100 km, même par temps froid, c’est comme la neige reçue l’hiver dernier, c’est beaucoup trop. Le Liberty de base reçoit le rouage Command-Trac II. En option, et uniquement offert avec la transmission automatique, on retrouve le système Select-Trac II. Ces deux rouages ont fait leurs preuves depuis longtemps et sont appréciés des amateurs de hors route. Ils permettent même de remorquer le véhicule derrière un véhicule récréatif, par exemple. Parlant de remorquer, le Liberty peut tirer jusqu’à 2 268 kg (5 000 livres) selon le type d’attache.

Le pétard mouillé

Le Nitro, le pauvre, propose lui aussi l’indigent 3,7 litres. Et, dans sa version R/T plus sportive, il offre un V6 de 4,0 litres qui développe 260 chevaux et 265 livres-pied de couple. Enfin, un moteur intéressant, qui consomme trop mais pas plus que le 3,7 litres. La transmission automatique à cinq rapports qu’on lui a assignée est en grande partie responsable de cette consommation plus modeste. Évidemment, la solution facile serait de recommander le Nitro R/T, le seul modèle de ce duo qui représente le moindrement d’intérêt. Eh bien, sachez qu’il roule sur des roues de 20 pouces qui coûteront une fortune à changer. En plus, si les autres versions du Nitro et du Liberty sont affublées de suspensions de trampoline, celles du R/T se révèlent trop dures.

Vous ai-je parlé des freins ? D’une incompétence totale, ils affligent ce triste duo de distances d’arrêt trop longues. De plus, lors de la simulation d’un freinage d’urgence, j’ai eu la surprise de me retrouver au volant d’un Nitro qui refusait de s’immobiliser. La raison ? Selon un technicien d’un concessionnaire Dodge/Chrysler, j’avais placé mon pied trop haut sur la pédale et le bout de ma botte d’hiver appuyait sur le support, ce qui venait fausser les données du système ABS. Au dire de Chrysler, toutefois, ces freins n’ont jamais fait l’objet de plaintes et respectent les normes de sécurité. Je dois donc m’en remettre à ces informations… De prime abord, les prix des Liberty, et surtout Nitro, peuvent sembler alléchants. Mais il faut aller plus loin dans l’analyse et considérer le rapport qualité/prix.

On dit qu’il ne se fait plus de mauvais véhicules… C’est faux. Si jamais Chrysler LLC se demandait quel produit couper pour réduire ses dépenses, j’ai deux modèles en tête…

FEU VERT

Esthétique plaisante
Moteur 4,0 litres performant (Nitro)
À l’aise en hors route (sauf Nitro 2RM)
Bonnes capacités de remorquage
Court rayon de braquage

FEU ROUGE

Moteur 3,7 litres à bannir
Suspensions trop molles (sauf Nitro R/T)
Suspensions trop dures (Nitro R/T)
Valeur de revente à pleurer
Freins exécrables

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