Volkswagen Phaeton, l'importance des marques

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

La fille d’une de mes amies vous le confirmera. Si ce n’est pas du Hugo Boss ou, au moins une griffe reconnue, ça ne vaut même pas la peine d’envisager l’achat d’un produit, point à la ligne. Volkswagen a mis sur le marché, en 2003, une des meilleures voitures de prestige qui soient. Mais voilà que, pour la grande majorité des gens ayant les moyens de s’acheter une telle voiture, Volkswagen n’est pas une marque de prestige. D’ailleurs, en français, Volkswagen veut dire « voiture du peuple ». Aussi bien apposer une étiquette du Tigre Géant sur des pantalons achetés chez Armani…

Axel Mees, le responsable du groupe Volkswagen/Audi aux États-Unis l’avait dit clairement : « La Phaeton est une erreur ». Malencontreusement, et tout à fait par hasard, il perdait son emploi quelques jours plus tard. Mais, mince consolation pour ce bon vieux Axel, lors du dernier Salon de l’auto de Detroit, Bernd Pischetsrieder, désormais grand patron de Volkswagen l’a confirmé, la Phaeton résulte d’un manque de jugement. Qu’une entreprise se lance à l’assaut d’un créneau lucratif qu’elle n’avait jusqu’alors jamais exploré, soit. Mais qu’elle concurrence un des produits d’une entreprise à laquelle elle est intimement liée, c’est une autre histoire ! Cette autre voiture, c’est la Audi A8. Certes, les différences entre les deux modèles sont nombreuses, à commencer par le châssis et la carrosserie tout alu de la Audi alors que ces mêmes éléments sont en acier sur la Phaeton, lui imposant ainsi un poids supplémentaire. Quoiqu’il en soit, et même si la Phaeton respire le prestige et le luxe, il lui manquera toujours quatre anneaux sur le coffre arrière pour faire vraiment bonne impression.

Quoi qu’on en dise, la Phaeton est toute une bagnole ! Premièrement, elle en impose par ses dimensions extérieures et le classique de ses lignes. Je ne sais pas si ce sont ces attributs ou son histoire pour le moins pathétique, mais durant notre semaine d’essai les gens se retournaient sur notre passage ou n’hésitaient pas à se pencher pour regarder à l’intérieur. Parlant d’intérieur, mentionnons que l’habitacle étonne par sa sobriété, son luxe, son confort et son raffinement. Les bois véritables, les cuirs fins parfaitement reliés entre eux, les quelques plastiques d’une qualité rarement vue et l’assemblage rien de moins que parfait épatent l’œil qui prend le temps de s’y arrêter. Tous les sièges de notre Phaeton d’essai étaient, bien entendu, réglables électriquement dans une infinité (enfin presque !) de positions et possédaient le chauffage, la climatisation et l’intéressante fonction « massage ». Le soutien lombaire, l’appuie-tête et la hauteur des ceintures étaient réglables électriquement. Les deux places arrière, elles, méritaient à peu près les mêmes éléments en plus de présenter un dégagement pour les jambes suffisant pour y placer une paire de béquilles si jamais le président de la compagnie se cassait une jambe. Cependant, le dossier de cette banquette ne se replie pas pour agrandir le volume du coffre, au demeurant peu profond mais d’excellentes dimensions tout de même. On ne retrouve entre les deux volumes qu’une trappe à skis munie d’un grand sac pour que lesdits skis ne s’égouttent pas dans l’habitacle.

Outre ces considérations bassement techniques, il faut entendre la superbe chaîne stéréo… après avoir compris comment elle fonctionne. Le centre d’information gère aussi une foule de paramètres grâce à un bouton placé au centre du panneau central. Ce n’est certes pas aussi complexe que le démoniaque i-drive de BMW, mais il faut s’asseoir avec son représentant (avec la commission réalisée, il doit bien avoir du temps pour ça…), question de bien assimiler toutes les subtilités du système. En passant, l’interface du système GPS n’est pas digne du prix de la voiture et les graphiques font un peu enfantins. De plus, il devient tout à fait inutile dès qu’on s’éloigne un peu trop des grands centres.

Cet ensemble de luxe possède aussi un moteur. Deux en fait. Un V8 de 4,2 litres de 335 chevaux et un fabuleux W12 de 6,0 litres de 420 purs-sangs. Si le premier assure des accélérations franches, le deuxième est carrément démentiel. Sa puissance n’arrive jamais brusquement mais elle vous colle à votre siège. Notre essai s’est déroulé avec le V8 qui, selon moi, est amplement suffisant. La sonorité qu’il émet lorsqu’il est sollicité fait plaisir à entendre et son appétit en carburant n’est, curieusement, pas très grand, compte tenu des 2 500 kilos à traîner. Nous avons même réussi une moyenne de 13,0 litres aux cent kilomètres. Bien entendu, un pied droit plus lourd aurait fait augmenter ce chiffre de façon exponentielle. Le conducteur peut régler la fermeté des amortisseurs en quatre positions allant de confort à sport. En mode confort, on sent la caisse valser un peu au passage des trous et bosses qui parsèment notre réseau routier tandis que la suspension devient un peu trop ferme en mode sport. Par contre, la tenue de route est nettement rehaussée. Le compromis idéal se situe entre ces deux extrêmes.

Le poids, encore une fois, se remarque lorsqu’on aborde une courbe trop rapidement. Mais les innombrables aides électroniques, la traction intégrale et un châssis d’une rigidité exemplaire font de la Phaeton une voiture très sûre et, surtout, impériale de stabilité. Malheureusement, la direction est beaucoup trop assistée et gomme les quelques sensations qui parviennent à se frayer un chemin à travers l’insonorisation extrême du véhicule. Dommage aussi que le rayon de braquage soit si grand.

La Phaeton, malgré tous les « qu’en-dira-t-on », demeurera en production tant que sa remplaçante ne sera pas dévoilée, sans doute l’an prochain. Et on dit que, cette fois, les stylistes seront beaucoup moins conservateurs. Ils n’ont qu’à regarder ce que leurs collègues de chez Bentley ont fait avec la Continental GT !

Feu vert

Élégance classique
Habitacle sobre et luxueux
Confort royal
Moteurs puissants
Stabilité rassurante

Feu rouge

Prestige déficient
Agrément de conduite mitigé
Faible valeur de revente
Certains accessoires complexes
Poids important

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