Honda Ridgeline, pauvres concurrents !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Plusieurs se sont demandé ce qu’avaient fumé les dirigeants de Honda quand ceux-ci ont annoncé que la compagnie allait se lancer sur le marché des camionnettes. Pour plusieurs, cette initiative était vouée à un échec certain. Pourtant, nous avons tous eu droit à une agréable surprise lorsque le Ridgeline fut dévoilé en janvier 2005. Non seulement la conception et l’exécution étaient impressionnantes, mais cette camionnette venait remettre en question tout ce qui avait été fait avant depuis le début de la première camionnette.

J’admets que, pour certains, sa silhouette est trop ceci ou pas assez cela. Il n’en demeure pas moins que cette approche stylistique devrait être la bonne pendant plusieurs années. Il est vrai que la grille de calandre fait quelque peu science-fiction et que les angles de la caisse sont très carrés, mais c’est bien équilibré, à mon avis. Il est important de souligner que la caisse est partie intégrante de la carrosserie, ce qui contribue également à la grande rigidité de l’ensemble. Et tant qu’à parler de la caisse de chargement, précisons qu’elle est en composite afin d’obtenir plus de légèreté, une meilleure résistance aux chocs tout en n’étant nullement affectée par la corrosion. Mais les ingénieurs ne se sont pas arrêtés là. Ils ont fait preuve d’astuce en plaçant un coffre de rangement verrouillable sous le plancher. Pourquoi personne n’y a pensé avant ? C’est tout simplement qu’il fallait une suspension arrière indépendante pour gagner suffisamment d’espace pour créer ce petit truc. Et parlant de truc, la porte arrière peut s’ouvrir de façon habituelle ou de droite à gauche. Pour en terminer avec la caisse, il y a des rainures en sa partie avant pour y placer la roue avant d’une moto. Et les amateurs de VTT pourront y loger leur bolide sans aucun problème. Dois-je vous rappeler que Honda est le leader mondial de la moto ?

La caisse de chargement a beau être tout ce qu’il y a de mieux, vous serez donc content d’apprendre que la cabine est fort bien fignolée. Le tableau de bord ne « fait pas camion » avec sa présentation équilibrée, aérée où tout est à sa place et facile d’accès. À l’exception des cadrans indicateurs des commandes de la climatisation placés tout en bas de la planche de bord et difficiles à lire en plein jour, le tout est supérieur à la moyenne. Tiens, pour faire la fine bouche, mentionnons que les sièges avant et arrière sont confortables certes, mais le soutient pour les cuisses est perfectible tandis le support latéral est juste bon. En contrepartie, la banquette arrière est bien rembourrée et l’angle de son dossier correct, les grosses pointures n’y seront pas à l’étroit.

Tradition à la moderne

Pour assurer toute la robustesse voulue, le châssis autonome est constitué de poutres longitudinales fermées et plus grosses que la moyenne. Il est renforcé par sept poutres transversales, également fermées. La rigidité en torsion est donc 20 fois supérieure à la moyenne. Et au lieu de boulonner la carrosserie à ce châssis, elle y est soudée.

Les camionnettes à moteur transversal sont rarissimes. Pourtant, le Ridgeline fait partie de ce club exclusif avec son moteur V6 3,5 litres monté en position est-ouest. Et pour faire encore plus original, la transmission intégrale est de série. Toujours excentrique, le Ridgeline est une traction qui se transforme en intégrale imperceptiblement. Le rouage intégral VTM-4 permet de répartir le couple de façon indépendante à chaque roue arrière et est étroitement dérivé de celui utilisé sur le Pilot et l’Acura MDX.

Il est certain que plusieurs auraient espéré la présence d’un moteur V8 sous le capot. Ce n’est toutefois pas nécessaire puisque ce moteur V6 3,5 litres produit une puissance de 255 chevaux. Il n’y a pas si longtemps, même certains V8 à soupape en tête n’offraient pas tant. En plus d’avoir suffisamment de puissance, ce moteur V6 est passablement frugal avec une consommation de 14,8 l/100 km en ville et de 10,6 l/100 km sur l’autoroute. Il est certain que la boîte automatique à cinq rapports y est pour quelque chose. Malgré tout, la capacité de remorquage est de 5 000 lb (2268 kg) et la charge utile de 1 550 lb (703 kg).

Pour terminer la fiche technique, la suspension arrière est à liens multiples et à bras oscillant, le tout relié à un renfort transversal très costaud. Cette conception empêche l’affaissement de la suspension arrière lorsque le véhicule est lourdement chargé.

La joie dans le travail

Ce vieux dicton s’appliquera à la lettre si vous utilisez le Ridgeline pour le travail. Non seulement sa stabilité impressionne lors des remorquages, mais ses accélérations et son freinage sont rassurants. Et ce, même avec une lourde charge. Bref, malgré sa silhouette branchée et sa cabine de limousine, ce Honda est capable de travailler.

Mais le plus intéressant dans tout cela, c’est que son comportement routier laisse tous ses concurrents dans la poussière. Lorsque comparée au Ridgeline en fait de tenue de route et d’agrément de conduite, aucune camionnette de la catégorie n’est à la hauteur. Leur suspension sautille trop ou est inconfortable, tandis que la tenue de route devient parfois aléatoire. Et si vous croyez que la direction d’une camionnette est automatiquement floue et trop assistée, vous serez étonné de constater que celle du Ridgeline est presque digne d’une berline sport. Bref, Honda vient de jeter un pavé dans la paisible mare du créneau des camionnettes intermédiaires.

Feu vert

Agrément de conduite
Tenue de route
Coffre à bagages ingénieux
Freins puissants
Rouage intégral

Feu rouge

Certaines versions coûteuses
Boîte courte
Cadrans de la climatisation à revoir
Certains aimeraient un moteur V8
Silhouette controversée

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