Honda Accord 2008, pourquoi un V6?

Il y a une douzaine d'années de cela, un de mes proches s'est procuré une berline Accord toute neuve dans sa version la plus luxueuse. On y retrouvait sellerie de cuir, lecteur CD, toit ouvrant et jantes d'alliage, ainsi qu'un moteur V6. À cette époque, l'arrivée des moteurs à six cylindres chez les berlines intermédiaires asiatiques était nouvelle. Comme l'Accord, la Camry, la Sonata et la 626 pour n'en nommer que quelques-unes, avaient aussi emboîté le pas, bien sûr à la demande de nos voisins du sud.

Chez Honda, le V6 de 2,7 litres de l'Accord développait à l'époque 170 chevaux. On appréciait sa souplesse, la douceur de son rendement et son haut niveau de performance. Mais depuis, les choses ont bien changé. Les moteurs ont gagné en cylindrée et en puissance, pour atteindre des niveaux qui frisent presque le ridicule. En renouvelant son Accord en 2008, Honda n'a donc pas eu le choix de suivre la tendance et de proposer un moteur V6 offrant presque 100 chevaux de plus que celui de son ancêtre. On parvient en effet à offrir cette année 268 chevaux avec un V6 de 3,5 litres i-VTEC, ce qui se compare à la puissance proposée sous le capot de plusieurs grandes sportives de renom. A-t-on perdu la boule? A-t-on réellement pris conscience des véritables besoins des acheteurs ou est-ce seulement une guerre sans merci que se livrent inutilement les constructeurs? Et si c'est le cas, quand cette lutte s'arrêtera-t-elle? Verra-t-on un jour une Honda Accord offrir 450 chevaux?!?

Bien évidemment, il n'en tient qu'à vous de juger si toute cette puissance vous est nécessaire. Mais dans la majorité des cas, c'est bien plus que le client en demande. D'autant plus que cette année, l'Accord nous est aussi proposée avec un moteur quatre cylindres qui surprendra tous ceux qui ne jurent normalement que par des V6.

Quatre semaines en quatre cylindres

Au cours du dernier mois, Honda nous a donné l'occasion de faire l'essai d'une berline Accord équipée de ce moteur quatre cylindres de 2,4 litres, nous faisant du même coup participer à un petit rallye fort sympathique. Quelque 250 kilomètres parcourus en rallye et environ 1 500 autres effectués au cours des semaines qui ont suivi m'ont permis de constater que l'option du V6 n'est aujourd'hui qu'un luxe superflu.

D'abord, il faut savoir qu'avec ses 190 chevaux, ce quatre cylindres propose toute la puissance nécessaire pour obtenir un rendement très doux et des performances honorables. Vous aurez peut-être d'ailleurs remarqué qu'il produit 20 chevaux de plus que le V6 qui était proposé dans cette même berline il y a douze ans! Et on ne parle pas de la puissance du moteur de la première Accord (1976), un maigre 76 chevaux! Aussi, grâce au nouveau système de calage variable des soupapes i-VTEC et du combiné d'une multitude de petites améliorations, on parvient à atteindre un rendement énergétique comparable à celui de la majorité des voitures compactes. Croyez-le ou non, mais la voiture d'essai équipée de la boîte automatique à cinq rapports n'a consommé que 7,46 litres aux 100 kilomètres durant le rallye, et ce, sur un parcours composé de routes secondaires, d'autoroutes et de conduite en milieu urbain. Je l'admets, l'un des objectifs de ce rallye était notamment de consommer le moins d'essence possible, ce qui a engendré de ma part une conduite très posée. Dans une situation de tous les jours, en mélangeant ville et autoroute, une moyenne de 8,4 litres aux 100 kilomètres est à prévoir.

Tout de même, sachez que des compactes comme la Mazda3 et la Chevrolet Cobalt consomment davantage et que chez les intermédiaires, seules les Toyota Camry consomment aussi peu, ou presque (sans toutefois offrir la même puissance).

L'autre quatre cylindres…

En version DX ou LX, l'Accord propose un moteur quatre cylindres un peu moins élaboré, quoique tout de même très intéressant. En raison d'un système d'échappement plus restrictif et d'une programmation différente du module de commandes, le moteur produit 13 chevaux de moins. La consommation d'essence demeure sensiblement la même qu'avec l'autre quatre cylindres, les cotes d'ÉnerGuide faisant état de différences marginales à la hausse pour les modèles DX et LX.

Au-delà du rendement énergétique et de la puissance proposée par son quatre cylindres, l'Accord est une voiture qui réussit à se démarquer de la concurrence. Bien sûr, elle s'est énormément américanisée par l'augmentation de son volume, mais il s'agit désormais d'une norme dans ce segment. Heureusement, cette Honda n'a rien perdu de son dynamisme et demeure une voiture nettement plus agréable à conduire que la Camry. En raison de sa grande maniabilité et de ce sentiment de légèreté très agréable, on n'a nullement l'impression de conduire une voiture aussi imposante. La tenue de cap est exceptionnelle, l'effet de couple est inexistant, l'insonorisation est poussée et le roulis en virage est extrêmement limité. Ajoutez à cela un niveau de confort qui s'est grandement amélioré, notamment grâce à l'augmentation du volume intérieur et des suspensions mieux calibrées, et vous avez la clé du succès. Je ne vous cacherai toutefois pas qu'en matière d'agrément de conduite, la nouvelle Mazda6 est difficile à battre, malgré une motorisation moins impressionnante.

À bord, l'espace ultra généreux est un must. Cinq adultes profitent d'un confort honorable et bénéficient de toutes les commodités nécessaires. Bien sûr, Honda s'est assuré de me confier une version EX-L NAVI ultra équipée qui ne représente certainement pas le modèle de masse. Ainsi, système de navigation, reconnaissance vocale, téléphonie Bluetooth, lecteur DVD audio et radio satellite rehaussaient le niveau de confort de la voiture d'essai. Mais il me faut admettre que la version EX offre à prix raisonnable tout le nécessaire en matière d'équipement, tout en bénéficiant du moteur quatre cylindres de 190 chevaux. À mon sens, on aurait pu offrir de série la téléphonie Bluetooth et les sièges chauffants, mais Honda n'a hélas jamais été le constructeur le plus généreux en matière d'équipement.

Mettez-y de la vie!

Au cours des quatre semaines passées à bord de l'Accord, une seule chose m'a déplu : l'omniprésence du noir. Il manque en effet ce jeu de couleur si apprécié dans la Chevrolet Malibu. Ici, tout est noir, du volant jusqu'au tapis, en passant par la planche de bord et les sièges. Les éléments décoratifs ne se résument en fait qu'à de fins appliqués de faux aluminiums, qui n'apportent évidemment aucune chaleur à bord. Heureusement que, le soir venu, l'éclairage d'ambiance et l'instrumentation moderne viennent compenser cette froideur!

Par chance, cet élément est le seul à bord qui soit réellement négatif. Certes, celui qui optera pour la version EX-L NAVI devra apprivoiser le système de commande plutôt complexe, mais ce dernier demeure plus intuitif que la moyenne des autres systèmes du genre. Derrière le volant, on apprécie l'espace, la visibilité et la position de conduite rendue optimale grâce à un volant télescopique et un siège aux multiples réglages. D'autre part, le conducteur bénéficie de plus de compartiments de rangement qu'il n'en faut, ce qui vient s'ajouter à un coffre dont le volume surpasse celui de la quasi-totalité des modèles rivaux.

Toujours la qualité

Il faut le reconnaître, Honda est l'un des rares constructeurs à ne pas avoir coupé dans la qualité des matériaux utilisés dans ses voitures. On ne peut en dire autant de Mazda et de Nissan, et même de Toyota. Bien sûr, les tôleries sont toujours aussi minces (ce qui explique le son de canette vide que l'on perçoit à la fermeture d'une portière), mais la rigueur dans l'assemblage et la qualité des matériaux utilisés à bord demeurent supérieures à la moyenne. L'adage si cher à Honda qui stipule qu'on ne change pas une formule gagnante est donc toujours en vigueur.

Et la ligne?

Avec raison, les stylistes d'American Honda se sont fait varloper par la critique. Que voulez-vous, lorsqu'on accouche de produits aussi laids que le Ridgeline (pour ne nommer que celui-là), il faut s'attendre à en subir les conséquences. Personnellement, je vous dirais que la berline Civic ne me revient toujours pas, et que le nouveau coupé Accord manque vigoureusement de finesse. Mais en revanche, j'aime bien les lignes de la berline, qui n'ont certes rien d'original, mais qui brillent par une fluidité appréciable.

Chose certaine, avec l'Accord de nouvelle génération, Honda a su être visionnaire. On a réussi à anticiper les désirs de la clientèle, notamment en matière de confort et de rendement énergétique, tout en conservant ce qui depuis toujours, a fait le succès de cette voiture. C'est ce qui explique pourquoi Honda peut à nouveau se vanter d'offrir l'une des voitures les plus intéressantes du segment, sinon la plus intéressante. 

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