Trois passe-partout Subaru, pour jouer dehors en hiver

Chez nous, personne ne serait vraiment surpris de voir la photo d’une Subaru à côté du mot hiver dans le dictionnaire. J’exagère un peu mais pas tant que ça. Parce qu’on associe facilement les deux depuis que la marque japonaise s’est construit une réputation blindée pour les qualités hivernales de ses produits. Tranquillement et discrètement, au fil des années. C’est le style de la maison.

Les Subaru ont d’abord une réputation de passe-partout, grâce au rouage à quatre roues motrices que tous les modèles ont proposé exclusivement pendant près de vingt ans. La seule exception est la svelte sportive BRZ à roues arrière motrices lancée en 2013 et couronnée Voiture de l’année par le Guide de l’auto, ex-æquo avec sa presque jumelle, la Scion FR-S. On peut certainement conduire ces deux là en hiver avec grand plaisir, si elles sont bien chaussées. Mais ça c’est une autre histoire.

L’excellente motricité du rouage intégral des Subaru ne vaudrait rien si ces machines n’étaient également fiables, solidement construites et superbement adaptées à l’hiver, dans le moindre détail. Des choses qu’on ne peut découvrir et apprécier qu’en les conduisant dans les pires conditions. Comme ces jours-ci au Québec, par des températures de -25, -30 ou pire, alors que la neige et la glace de la dernière tempête n’ont peut-être pas encore été enlevées dans votre coin. Sur le Plateau Mont-Royal, par exemple.

Un trio solide et tricoté serré

Ce qui précède vaut surtout pour la gamme des utilitaires de Subaru, les Forester, Outback et XV Crosstrek. Avec une garde au sol de 220 mm, supérieure à celle de tous les multisegments et de la majorité des utilitaires sport actuels, ces trois là peuvent affronter sans peine les champs de mine de la ville et les routes de campagne glacées. Ou alors gambader joyeusement sur un parcours bosselé et couvert de neige, en plein bois.

À part les champs de mine, c’est exactement ce que nous avons fait il y a quelques jours sur des routes et des chemins forestiers au nord de Montebello. Subaru avait rassemblé deux exemplaires identiques de chacun des utilitaires mentionnés plus haut pour une douzaine de journalistes automobiles venus de partout au pays.

L’idée, si je l’ai bien comprise, était de nous permettre de comparer directement trois séries cousines qui sont différentes par la taille, le caractère et la vocation mais étonnamment complémentaires pour le reste, qu’il s’agisse des performances, du confort ou du comportement.

Il y avait pour nous une paire de XV Crosstrek avec le quatre cylindres de 2,0 litres et 148 chevaux, deux Forester équipés du vénérable quatre cylindres de 2,5 litres et 170 chevaux et enfin deux Outback 3.6R animés par le six cylindres de 3,6 litres et 256 chevaux. Le premier de ces moteurs est moderne et assez récent. Les deux autres, en toute justice, ont eu droit à de nombreuses retouches pour 2015 parce qu’ils se retrouvent sous le capot des séries Legacy et Outback qui ont été entièrement redessinées cette année. Le groupe de 2,5 litres est de série sur ce dernier.

Tous ces moteurs sont bien sûr de type « boxer » à cylindres horizontaux. On est chez Subaru après tout. Pour nos essais, les trois utilitaires étaient jumelés à la transmission à variation continue (TVC) même s’ils sont tous disponibles avec une boîte manuelle, un choix maintenant très rare pour ce type de véhicule. Il s’agit d’une boîte à 5 rapports pour le Crosstrek et à 6 rapports pour les Forester et Outback. Seulement pour les versions à quatre cylindres de ce dernier, par contre. Le six cylindres n’est disponible qu’avec la TVC, ce qui marque un net progrès dans son cas, surtout pour la consommation.

Bonnes nouvelles et grandes manœuvres

Au rayon des chiffres, nos hôtes en ont égrené quelques-uns avant de donner le signal du départ pour cette randonnée. Il faut les comprendre. Ils ont effectivement de quoi se réjouir avec les 42 035 Subaru qui se sont vendues au pays l’an dernier. Un troisième record consécutif pour eux sur le marché canadien. Pour mettre les choses en perspective, Subaru a vendu 4 200 véhicules pour tout le pays en 1995. Les ventes se sont donc multipliées par dix en moins de vingt ans.

Pour les trois utilitaires de Subaru, les chiffres ont tous augmenté l’an dernier et représentent maintenant les deux tiers (66 %) des ventes totales. L’histoire risque de se répéter puisqu’il s’est acheté 66,4 % plus de Crosstrek au pays en janvier par rapport à l’année précédente. Et il s’est livré 47,8 % plus d’Outback pour la même période.

Après une centaine de kilomètres sur des routes étroites et glacées, suivie d’un lunch à Namur, notre caravane s’est pointée sur un immense champ enneigé. Devant nous, deux grandes boucles choisies parmi des tracés de conduite tout-terrain qu’utilisent souvent les constructeurs pour ce genre de programme.

Sur la première boucle, plus accidentée, un grand monticule permet de confirmer que ces trois Subaru peuvent s’arrêter en pleine ascension, malgré une bonne pente, et repartir aussitôt sans que les roues patinent. Ou presque. Le système X-Mode, qui est inclus sur les Forester et Outback à boîte TVC, facilite la manœuvre en adoucissant entre autres la réponse de l’accélérateur électronique.

En bouclant le parcours en sens inverse, on vérifie l’efficacité du X-Mode en contrôle de descente. Les Forester et Outback descendent la même pente à la vitesse d’une tortue en raquettes sans qu’on ait à toucher les pédales. Suffit d’effleurer celle des freins pour faire sensiblement la même chose dans le XV Crosstrek.

Le Forester se démarque avec la suspension la mieux amortie sur les bosses longues et courtes de la deuxième boucle. Les réactions sont plus fermes et sèches au volant des Crosstrek et Outback. Les trois résistent par contre obstinément à nos tentatives de les mettre en dérapage des quatre roues sur les plus longs virages enneigés. Même en jouant du frein à main sur les Crosstrek et Forester.

Voilà ce qui se produit avec un différentiel central électronique qui transmet normalement 60 % du couple aux roues avant et ne dépassera jamais une répartition égale (50/50) entre les deux essieux. Nos trois utilitaires doivent donc laisser les grands dérapages à leurs sœurs, la berline WRX et surtout la STI, avec son différentiel central dont on peut modifier grandement la répartition du couple.

Révélations tranquilles

C’est sur les routes glacées, étroites et piégeuses qui nous font traverser le parc Kenauk et longer plus tard les méandres innombrables de la Rivière Rouge que ce choix technique des ingénieurs de Subaru prend tout son sens. Malgré leurs différences de taille et de poids, le Crosstrek, le Forester et l’Outback y réagissent tous de la même manière.

Les trois amorcent les virages glacés et serrés avec juste une touche de sous-virage et se mettent aussitôt à pivoter dans le sens voulu, sans la moindre réaction brusque. On réaccélère doucement dès le point de corde du virage et on file vers le prochain. Aussi facile que ça, avec la confiance qui vient avec. Une réputation, ça se construit comme ça, un virage glacé à la fois.

Le Crosstrek est évidemment le plus agile des trois, lui qui propose déjà la meilleure tenue de route de sa catégorie, toutes surfaces confondues. À l’inverse, l’Outback trahit son poids et son gabarit en comparaison directe avec ses deux frères sur de telles routes. On le choisit pour sa grande banquette arrière et sa soute spacieuse ou alors pour une capacité de remorquage nettement supérieure à celle des autres, soit 1 224 kilos contre 680, avec des remorques freinées.

Entre les deux, il y a le Forester qui s’est révélé le plus complet, le plus équilibré et finalement le plus agréable du trio en sautant de l’un à l’autre. Son volume cargo est même un peu plus grand que celui de l’Outback (2 115 contre 2 075 litres) quand on replie les dossiers de leur banquette arrière. Il mérite par contre une silhouette plus jolie que sa boîte d’acier actuelle. Le superbe prototype Viziv2 que Subaru a présenté au dernier Salon de Montréal nous permet d’espérer.

En bref, une belle journée à se moquer du froid, en plein bois, dans un coin superbe, au volant de trois Subaru qui en redemandaient. Et moi qui veux maintenant conduire au plus tôt le Forester XT avec son moteur turbo de 250 chevaux. Chose certaine, avant la fin de ce gros hiver bien glacé.

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