Le ministre de l'Industrie annonce un accord sur l'aide au secteur automobile

15 septembre 2008
LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, a annoncé vendredi que les gouvernements canadien et ontarien avaient accepté les modalités d'une aide d'environ 3,3 milliards $ à l'industrie automobile canadienne.

Selon M. Clement, les deux gouvernements se sont entendus pour verser un montant d'aide qui représente environ 20 pour cent du plan de 14 milliards $ US étudié par l'administration Bush aux Etats-Unis, qui doit sauver General Motors, Ford et Chrysler de la faillite. Le ministre a affirmé que la majeure partie de la réorganisation serait faite aux Etats-Unis, mais que le Canada est lui aussi préparé à fournir une aide à l'industrie en difficulté, qui emploie des centaines de milliers de personnes en Ontario par des emplois directs et indirects.

"Ce que nous indiquons ce soir, tant le gouvernement canadien que celui de l'Ontario, c'est que nous voulons faire partie de la solution et qu'elle sera comparable à la production qui se fait ici au Canada... environ 20 pour cent", a dit M. Clement aux journalistes.

Cette proportion correspondrait à un montant d'environ 2,8 milliards $ US, soit 3,3 milliards $ avec le taux de change actuel.

Les trois constructeurs automobiles de Detroit _ GM, Ford et Chrysler _ emploient présentement plus de 30 000 personnes dans des usines d'assemblage et de pièces automobiles en Ontario. La part canadienne de la production automobile d'environ 20 pour cent pourrait donc représenter la perte d'au moins 6000 emplois directs ainsi que des milliers d'autres emplois indirects.

L'entente sur un plan de sauvetage des gouvernements canadiens survient au lendemain du rejet, jeudi soir, par le Sénat américain du plan d'aide proposé de 14 milliards $ US, qui était appuyé par le président George Bush et par les démocrates du Congrès. L'administration Bush a cependant indiqué vendredi qu'elle préparerait son propre plan de sauvetage pour les trois constructeurs automobiles de Detroit. Celui-ci devrait être présenté la semaine prochaine.

Avant même que la Maison Blanche n'annonce son plan de sauvetage, la pression était déjà grande sur le gouvernement canadien pour qu'il annonce un plan d'aide à l'industrie automobile de plusieurs milliards de dollars. Le président du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile a affirmé vendredi que General Motors, Ford et Chrysler ne pouvaient plus attendre très longtemps pour recevoir une aide financière, tout comme leurs succursales canadiennes. "Le gouvernement canadien devrait être proactif, en annonçant un plan financier conditionnel à la mise en place d'un plan américain", a estimé vendredi le président des TCA, Ken Lewenza, lors d'une conférence de presse.

Selon M. Lewenza, l'approbation d'un tel soutien par le gouvernement canadien mènerait les législateurs américains à répondre au problème de façon plus appropriée.  Les gouvernements canadien et ontarien ont tous deux été réticents à offrir toute forme d'aide sans d'abord voir les détails d'un plan américain comparable, afin de pouvoir y établir les mêmes conditions et fournir un montant de financement proportionnel à celui proposé par les américains. Le besoin d'une aide financière s'est toutefois fait plus pressant, vendredi, alors que les constructeurs automobiles nord-américains et japonais ont annoncé d'importantes réductions de leur production ainsi que la prolongation de mises à pied temporaires.

General Motors (NYSE:GM) a d'abord annoncé vendredi qu'il fermerait pratiquement toutes ses usines de production nord-américaines pendant le mois de janvier, dans le but de réduire sa production du premier trimestre de 250 000 véhicules. En tout, les fermetures temporaires toucheront 21 des installations nord-américaines du constructeur. 

Par ailleurs, le fabricant japonais Honda Motor a lui aussi annoncé qu'il réduirait davantage sa production nord-américaine pour s'ajuster au ralentissement de la demande, mais il ne prévoit toutefois pas effectuer de mises à pied au Canada.

Chrysler pourrait quant à lui déclarer faillite d'ici "quelques jours", si la Maison-Blanche n'intervient pas avec des fonds d'urgence, et General Motors l'imitera vraisemblablement, a estimé un analyste de l'industrie. Cela pourrait déclencher une réaction en chaîne qui entraînerait des milliers de mises à pied au Canada, a noté Joe D'Cruz, un professeur de l'école de gestion Rotman de l'Université de Toronto.

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