Ferrari California 2014: Si ce n'est pas une vraie Ferrari...

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2014

Comment pourrait-on définir en quelques mots la California, la Ferrari la plus clairement orientée grand public? Drabe? Certainement pas : cette décapotable deux portes à toit rigide est extrêmement sensuelle et élégante. Civilisée? Elle l’est sans doute plus que d’autres Ferrari. Mais ce n’est tout de même pas le terme que je choisirais pour parler d’une voiture capable de passer de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes et dont la vitesse de pointe est de plus de 310 km/h!

Depuis le lancement de la California il y a trois ans, les journalistes de la presse automobile essaient de trouver une façon simple de la qualifier. Certains ont dit que c’était « la Ferrari pour ceux qui ne tripent pas vraiment sur les Ferrari ». Foutaise! Pour vous en convaincre, enfoncez l’accélérateur et écoutez la musique du V8 de 4,3 litres qui sort par le quadruple échappement. Mieux, répétez l’exercice dans un tunnel et combinez l’expérience sonore à la poussée d’adrénaline générée par la réponse des 483 chevaux (30 de plus qu’en 2012). Ça devrait clore la question.

Demandez à Guiseppe
En fait, si certains tifosis trouvent que la California n’est pas une vraie Ferrari, c’est peut-être parce qu’elle n’est affectée par pratiquement aucun des caprices habituels de la marque. Depuis qu’Enzo Ferrari a commencé à fabriquer des voitures de tourisme en 1947, le prix à payer pour accéder à la marque au cheval cabré ne s’est jamais résumé à une simple question de sous (même s’il en faut beaucoup...). La magnifique batterie de carburateurs des premiers modèles, par exemple, exigeait des ajustements constants. Et côté confort, la règle semblait être : si Guiseppe dit qu’on est bien, vous serez bien aussi, et c’est tout.

Avec l’arrivée de l’injection électronique et la découverte par les Italiens (preuve que les miracles existent) de l’existence de systèmes de climatisation qui climatisent, la plupart des anciens caprices des Ferrari sont passés aux oubliettes. Mais bien sûr, la firme de Modène a tout de même pris soin d’en inventer quelques nouveaux. Comme une transmission manumatique qui faisait des changements de vitesse particulièrement brutaux quand on accélérait à plein régime.

Avec la California, Ferrari pousse la fonctionnalité plus loin encore. Habituellement, la simple combinaison des mots « informatique » et « Italie » suffit pour donner des sueurs froides. Pas ici. Le système de navigation est fonctionnel. L’écran du tableau de bord avec affichage à cristaux liquides se transforme en écran pour la caméra de recul. Il y a même un bloc d’instrumentation à écran TFT sophistiqué qui permet de choisir les données à afficher (température du moteur, etc.).

Le rangement du toit escamotable est un ballet mécanique parfaitement orchestré, d’une durée de 14 secondes. Et, autre miracle, avec le toit rangé, la California offre un espace de chargement plus volumineux que celui de plusieurs autres décapotables à toit rigide. Mamma mia! Se pourrait-il que des Italiens aient construit une automobile aussi fonctionnelle qu’une japonaise? Bon, d’accord, elle coute quatre fois plus cher (234 900 $), mais là n’est pas le point.

Au quotidien, la California est aussi facile à conduire qu’une Acura. Votre mère pourrait se faufiler sagement dans le stationnement bondé d’un centre commercial et se garer sans problème. J’avais cru trouver une faille du côté de la transmission : en mode automatique, elle permettait au moteur de monter bien trop haut en régime avant de passer le rapport suivant. Mais j’ai simplement actionné le manettino au volant (ce bouton contrôle une foule de fonctions, dont l’antipatinage et le comportement de la transmission). En passant du mode Sport au mode Confort, la boite Getrag à sept rapports et double embrayage est devenue docile comme une transmission de Lexus.

Mais la California demeure une authentique Ferrari, n’en doutez point. Quand on décide de passer les vitesses manuellement avec les palettes au volant, les changements sont extrêmement rapides (20 millisecondes), ce qui est une bonne chose avec un moteur qui grimpe à 8 000 tr/min à la vitesse de l’éclair.

À rendre fou
Somme toute, ne vous laissez pas endormir par ces commentateurs qui parlent de docilité et de comportement civilisé. Ceci est une Ferrari, et ce qu’elle fait de mieux, c’est de rouler vite, de vous rendre un peu fou… et de vous donner envie de dévaliser une banque pour en avoir une!

Je n’ai pas réussi à convaincre les gens de Ferrari Amérique du Nord qu’un après-midi au circuit Canadian Tire Motorsport Park (anciennement Mosport) aurait été excellent pour mon karma. Je ne peux donc pas vous dire si la California 2014 conserve toutes les qualités traditionnelles des Ferrari à moteur avant (mais reculé vers le centre) qui ont fait la réputation de la marque. Je ne sais pas non plus si elle serait plus rapide en piste qu’une Porsche 911 ou même qu’une Corvette ZR1. Je pense cependant qu’avec l’option Handling Speciale (ressorts plus fermes, amortisseurs magnétorhéologiques, direction plus rapide), la California serait la plus agile dans les virages.

Dommage, parce qu’avec cette Ferrari, comme avec chacune de celles que j’ai pilotées dans ma vie, j’ai toujours envie de rouler en piste.

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