Aston Martin Vantage GT4: Quand vin et vitesse font bon ménage

Palm Beach, Floride — C’est bien connu, l’alcool et l’automobile ne se mélangent pas. Mais, comme toute règle a une exception, voilà que le propriétaire d’un réputé vignoble californien (Adobe Road) – et ancien coureur automobile – est en train de mettre sur pied une série nord-américaine de courses dite monotype qui réunira uniquement des voitures Aston Martin Vantage, légèrement modifiées pour la compétition. Oui, il s’agit bien de la monture utilisée par James Bond dans la plupart de ses escapades cinématographiques.  

Imitant en cela Ferrari avec sa série Challenge ou Porsche avec le championnat GT3, la marque anglaise entend offrir à ses clients une occasion de mettre à l’épreuve les performances de leurs voitures et le talent de leur pilote. 

Un 100e anniversaire

Une telle série existe déjà en Europe et Kevin Buckler – fondateur de TRG-AMR (The racer's group-Aston Martin Racing) – et un producteur de vins de Sonoma dont les divers cépages sont parmi les plus appréciés des connaisseurs entendent recréer le même type de courses aussi bien aux États-Unis qu’au Canada. Et 2013 ne saurait être une meilleure occasion de le faire puisque Aston Martin célèbre cette année son 100e anniversaire. Les lettres de créance du propriétaire de TRG sont impressionnantes, tout comme son palmarès avec une victoire en catégorie GT aux 24 Heures du Mans en 2002 et une première place au classement général des 24 Heures de Daytona en 2003. Kevin entend maintenant mettre à profit sa vaste expérience du monde de la course pour lancer cette nouvelle série avec Aston Martin, dont il sera le chef d’équipe. Parmi les recrues de cet ancien pilote, on peut mentionner notamment le Québécois Kuno Wittmer et David Donahue, le fils d’un des pilotes (Mark) les plus talentueux des années 70 qui a perdu la vie lors du Grand Prix d’Autriche au volant d’une Penske. David qui a à son crédit de nombreux podiums au volant de prototypes Daytona deviendra, de toute évidence, l’instructeur des pilotes moins expérimentés qui désireraient participer au Championnat Vantage US Cup. Un calendrier de six épreuves a déjà été préparé et l’on s’attend à vendre une vingtaine de ces voitures mi-course, mi-route. Cela signifie que les concurrents pourront, s’ils le veulent, piloter leur Aston Martin jusqu’au circuit sans avoir à engager un budget substantiel pour le transport et les mécaniciens. Mais qu’en est-il au juste de la conduite de cette Vantage GT4?

Au volant de la Vantage GT4

Une dizaine de tours du circuit de Palm Beach International Raceway en Floride m’ont permis d’apprécier les performances exceptionnelles de l’Aston Martin et, surtout, sa facilité de conduite à très haute vitesse. D’abord, on ne monte pas dans une Vantage GT4 comme dans une voiture Grand Tourisme normale. La portière est un euphémisme comme moyen d’accès au cockpit, et c’est au prix de moult contorsions auxquelles un corps âgé ne se prête pas facilement que l’on parvient à contourner tous ces tuyaux latéraux qui font partie de la cage de sécurité. Ayant réussi à m’installer avec ce qui me reste de souplesse dans l’étroit siège Recaro, c’est ensuite l’épreuve du boudinage au cours de laquelle tout votre surplus de poids se fera cruellement sentir une fois ficelé en place par les six sangles du harnais de sécurité. Par après, la mise en route est un jeu d’enfant puisqu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour que le moteur s’anime dans un bruit délicieux. Peu modifié, le V8 de 4,7 litres et 450 chevaux n’a pas tendance à caler s’il n’est pas abreuvé de tours par minute comme un véritable engin de course. Le passage des vitesses est aussi d’une simplicité désarmante car il n’y a qu’à manipuler les palettes sur le volant pour monter ou descendre les 6 rapports de la transmission robotisée.

Un freinage stupéfiant

L’accélération est foudroyante en raison d’un allègement de la voiture que l’on a débarrassée d’environ 400 kg pour suppléer au moteur de série qui gagne en fiabilité ce qu’il sacrifie en puissance. C’est ainsi que toute la surface vitrée a été remplacée par des vitres en polycarbonate beaucoup plus légères. Même la batterie fait partie du processus d’allègement de la GT4 dont la préparation est assurée pour le compte d’Aston Martin par la firme Prodrive dirigée par l’ancien chef d’équipe de Bar, Dave Richards. Déboulant la ligne droite à près de 250 km/h, c’est le freinage qui m’apparait le trait dominant de la voiture. Cette Aston s’arrête pile et, là encore, confond ses rivales par sa force de décélération. En virage, on croirait l’adhérence indestructible et les changements de cap s’effectuent avec une facilité déconcertante. Et si jamais l’arrière se dérobe, il suffit d’une petite correction pour ramener la voiture dans le droit chemin. On doit créditer ici la suspension avec ses ressorts et amortisseurs modifiés qui contrôle le roulis à la perfection tout en excluant toute forme de confort sur la route à moins de rouler sur d’impeccables revêtements, une qualité inconnue au Québec... S’il est une voiture susceptible de faire paraitre un pilote meilleur qu’il l’est en réalité, c’est bien cette Aston Martin Vantage GT4.

Bref, si cela vous donne le gout de tenter l’expérience, les responsables de TRG seront heureux de vous accueillir au sein de leur équipe de course et même de leur club de dégustation de grands crus californiens. Le cout d’une telle aventure, soit 195 000 $, n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais n’en demeure pas moins très abordable quand on connait les sommes faramineuses habituellement investies en course automobile. Un tel montant constitue l’essentiel de l’investissement étant donné que la voiture n’exige pratiquement aucun autre entretien qu’une automobile de route ordinaire. Bonne route et bonne piste!

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