Panoz Esperante, vive la différence!

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

Si cette marque vous est inconnue, ce n'est pas surprenant puisque les voitures Panoz ne sont distribuées au Canada que depuis un an et leur diffusion est très limitée. Fabriqué en banlieue d'Atlanta, ce roadster aux formes plutôt classiques est d'une surprenante homogénéité, tandis que ses performances sont en mesure d'inquiéter les ténors de cette catégorie. D'ailleurs, lors du lancement de l'Esperante en avril 2000, les communiqués de presse comparaient ses performances avec celles de la BMW Z8. Rien de moins!

Mais avant de parler de la voiture elle-même, il est intéressant de connaître les personnes à la direction de Panoz. Il s'agit tout d'abord d'une voiture éponyme puisque le grand manitou de la compagnie est Danny Panoz, le fils de Don Panoz, celui qui a fondé l'écurie qui porte son nom et qui met en piste des voitures vraiment spectaculaires originalement dessinées par Adrian Raynard.

Mais si le paternel se passionne pour les courses et a fondé la série American LeMans, fiston préfère fabriquer des voitures de tourisme en petite série. En 1988, désireux d'en savoir davantage sur la production de voitures de sport, il est embauché par un petit constructeur irlandais, Thompson Motor Company, pour apprendre à son arrivée sur place que la compagnie s'apprête à déposer son bilan. Loin de se décourager, Danny Panoz achète les droits du châssis qui avait été dessiné par Frank Costin, un ingénieur de bonne réputation ayant travaillé pour Lotus, Lister et Maserati. De retour aux États-Unis, Panoz fils fonde Panoz Auto Development Company et dessine sa première voiture, la Roadster qui est encore au catalogue. Modèle qui a été modifié de fond en comble en 1996 et qui d'ailleurs était en première page de l'édition 1999 du Guide de l'auto.

Mais ce n'était qu'un début et la petite équipe de Hoshton en Georgie s'est attaquée à un second projet : l'Esperante. Celle-ci a été présentée en première mondiale au Salon de l'auto de New York en avril 2000. Si le Roadster était d'attrait limité, l'Esperante était capable d'affronter les grands.

De l'alu, toujours de l'alu

Il ne faut pas se fier aux formes relativement conservatrices de cette sportive et ses origines nord-américaines pour en conclure que la mécanique sera traditionnelle. Bien au contraire, cette Panoz innove de plusieurs façons. C'est ainsi que son châssis est réalisé à partir d'extrusions d'aluminium qui sont reliées les unes aux autres par un processus de collage emprunté à l'aérospatiale. Et il ne s'agit pas de bricolage maison puisque cette technologie a été développée en collaboration avec une filiale de Reynolds Aluminium. Les tôles de la carrosserie sont également en aluminium. Mais les concepteurs ne se sont pas contentés de choisir un matériau léger. Pour le façonner, ils ont fait appel au procédé SPF, Superplastic Forming, qui contrairement à son nom n'a rien à voir avec les plastiques. Il s'agit de la même technologie qui a été utilisée pour former l'enveloppe extérieure de la Station Spatiale Internationale. Les tôles sont chauffées jusqu'à ce qu'elles atteignent 485 degrés centigrades avant d'être placées sur un mandrin en acier et formées par pression pneumatique. Ce processus prend environ 25 minutes par feuille. Ce qui est presque une éternité en comparaison avec l'estampage à froid qui ne prend qu'une fraction de seconde. La méthode SPF rend les pièces plus résistantes aux chocs. Une fois formés, ces éléments sont peints à la main et ensuite remisés jusqu'à la fin de la production afin d'éviter d'être éraflés lors de l'assemblage des éléments mécaniques.

Un gros huit

Comme toute voiture de cette catégorie qui se respecte, la puissance du moteur doit être de l'équation. Et pour cela, Panoz ne nous prive pas de chevaux vapeur puisque le gros V8 en aluminium de 4,6 litres développe 320 chevaux. Ce qui n'est pas mal du tout si l'on tient compte que la voiture ne pèse que 1450 kg. Incidemment, ce moteur V8 est assemblé à la main dans une usine située à Romeo dans le Michigan. Il est couplé à une boîte de vitesses manuelle Tremec à cinq rapports. Cette propulsion est capable de vous offrir des émotions fortes puisque le 0-100 km/h est bouclé en 5,1 secondes tandis que la vitesse de pointe est de 250 km/h.

La tenue de route n'a pas été négligée pour autant. La suspension arrière est la plus intéressante alors que les amortisseurs ensachés dans le ressort hélicoïdal sont montés en position horizontale.

De puissants freins à disque de 33 cm à l'avant et de 29,7 cm à l'arrière sont responsables de distances de freinage impressionnantes. Il suffit de 37 mètres et des poussières pour réaliser le 100-0 km/h.

Même si la silhouette est traditionnelle et son habitacle passablement exigu, cette voiture comble de satisfaction le pilote sportif. Avec une répartition de poids de 50/50, elle est neutre en virage tout en affichant un léger sous-virage. Par contre, il suffit de jouer de l'accélérateur pour déplacer le train arrière. Malgré un excellent rapport de 4,5 kg par cheval-vapeur, l'Esperante est docile et permet les dérapages des quatre roues dans les courbes. Il faut souligner la précision de la course du levier de vitesses et l'assistance fort bien dosée de la direction.

Agréable à piloter, d'une finition exemplaire, dotée d'une mécanique robuste, la Panoz Esperante mérite d'être connue. En conclusion, je me demande pourquoi un si petit constructeur réussit à nous impressionner avec cette sportive alors que les géants de l'industrie passent parfois à côté de la cible.

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