Scion iQ 2012: Entre smart et IQ, qui sera la plus brillante?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

Avez-vous noté que les désignations « smart » et « IQ » réfèrent en fait à la même idée? Brillant, cette stratégie marketing, de la part de Toyota. Mais le quatrième modèle à joindre cet automne la gamme Scion (c’est une Toyota en Europe) s’avèrera-t-il aussi… rusé?
Quelques tours de piste à l’Autodrome de Saint-Eustache en milieu d’été ne peuvent suffire à une critique élaborée et consciencieuse de la nouvelle Scion IQ trois portes à hayon. D’abord, il nous aurait fallu rouler sur l’autoroute, question de vérifier si la courte silhouette prend dans le vent, comme le fait la Smart. Mais cette dernière est aussi haute que large, alors que l’IQ est plus large que haute. Si les lois de la physique ne mentent pas, on devrait donc découvrir que l’IQ est plus solide à grande vitesse que sa rivale smart.

Il nous aurait aussi fallu pousser sa motorisation un peu plus que ce qui a été possible sur circuit sinueux. Pour le moment, ce qu’on peut vous dire, c’est que le quatre cylindres de 1,3 litre (contre un trois cylindres de 1,0 litre pour la smart) produit 94 chevaux et 89 lb-pi. Après la fortwo (avec un tiers moins de chevaux), il s’agit là de la deuxième plus petite puissance offerte sur notre marché.

Plus « normale », mais moins assurée

La smart confie la transmission de sa vigueur (aux roues arrière) à une boîte manuelle automatisée, qui crée un phénomène de « chaise berçante » à chaque passage de rapports. L’IQ pour sa part, mise plutôt sur une CVT  – sans mode manuel, mais… avec un mode « sport »! – pour transmettre la puissance aux roues avant. C’est plus linéaire, pour ne pas dire plus « normal ». Mais, pas de surprise : les accélérations sont bruyantes, voire sifflantes. Et elles se font davantage entendre qu’elles ne s’exécutent, malgré de faux rapports virtuels destinés à tromper l’oreille. L’insonorisation de l’habitacle, au demeurant correct, est sérieusement mis à mal lorsqu’on enfonce la pédale au plancher. On a alors l’impression de piloter un moulin à coudre. Un moulin à coudre qui fait quand même le 0-100km/h une seconde et demie plus rapidement qu’avec la smart, disons-le.

Quelque 94 chevaux dans une petite bagnole d’à peine un demi-mètre plus long qu’une smart (mais plus lourde : 960 kilos contre 820 kilos), c’est de bonne guerre. Et CVT avec rapports constamment optimaux obligent, ça promet une consommation frugale : 5,5 litres en ville, 4,6 litres sur l’autoroute. En combiné, c’est 6% de moins que pour la smart. Qui a besoin d’une hybride, après ça?

En définitive, est-ce que ça prend plus de puissance sous le capot? Faudrait pas, parce que l’IQ ne pourrait alors l’assumer. Certes, son châssis nous a paru rigide, bien assemblé et la direction (électrique) n’a pas le flou en son centre de la smart (pourtant à crémaillère). Soit dit en passant, on aime le gros volant de la Scion qui se prend fermement en paume. Et on aime que son rayon de braquage, un mètre plus court (comme si c’était possible) que celui de la smart, facilite (un euphémisme…) les manœuvres en stationnement. Mais il reste que la courte voie et l’empattement réduit ne sont pas gage d’un comportement assuré. Au contraire, l’IQ nous a donné l’impression de ne pas suivre le rythme et qu’elle allait imprévisiblement verser, même dans des virages pas si serrés que ça. J’en ai roulé, des kilomètres avec la smart (lisez en page 544) et jamais je n’ai éprouvé cette sensation de déséquilibre, de non-contrôle. Ajoutez une sautillante poutre de torsion en guise de suspension arrière, sans doute l’une des plus bondissantes de l’heure, et vous voilà au volant d’une petite cocotte qui n’a pas la solidité rassurante de la smart (dont l’architecture à la DeDion a cependant le défaut de cogner).

Un essai hivernal de l’IQ s’imposera, aussi. Comme la smart, la Scion pourrait se débrouiller sous zéro… à condition qu’il ne tombe pas des trombes de neige. Sinon, sa garde au sol de 132mm – presque identique à la smart – pourrait bouder les jours de grande tempête.

Des amis… avec ou sans jambes?

Vous êtes tannés de nous entendre comparer l’IQ avec la smart? Désolée, mais ce n’est pas encore fini. En fait, ça continue de plus belle : la smart a certes l’avantage d’une variante décapotable, mais la petite deux portes de Scion propose quatre places, soit deux de plus. Et c’est un atout majeur.

Pour être bien honnête, il faudrait plutôt dire que l’IQ peut accueillir relativement confortablement trois adultes… et une bête à poil. Ou du bagage. Expliquons : parce qu’on a fait table rase sur la boîte à gants, le passager peut coulisser son siège vers l’avant d’une bonne moitié, en franc décalage avec le conducteur. (Pour le rangement, il y a toujours ce tiroir qui s’extirpe cahin-caha du dessous du siège.) Conséquence : un troisième occupant peut tenir derrière et même si tête et genoux sont à l’étroit, il ne souffrira pas trop le temps d’une courte balade. Encore faudra-t-il oublier, à 100km/h sur l’autoroute, ces poids lourds qui roulent à quelques centimètres des fesses. Et la présence du premier coussin gonflable de hayon au monde (ce qui fait grimper à 11 le total de coussins à bord de l’IQ) risque de ne pas suffire pour rassurer.

La quatrième place? Hum. Même si un conducteur de petite taille s’installe à deux pouces de son volant, un passager ne pourra s’insérer derrière lui – à moins de ne pas avoir de jambes. Un enfant pourrait s’y asseoir dans son siège, Fido peut aussi y prendre ses aises. Ou encore, avec ce rabattement 50/50, on peut transporter quelques paquets. Parce qu’une fois la banquette occupée, sachez qu’à peine 38 litres s’offrent au cargo – c’est bon pour un parapluie, tout au plus.

Combien, pour cette mignonne?

Côté design, les lignes extérieures de l’IQ, qui ont su conserver les airs d’un prototype, sont indéniablement plus sympathiques… que le style intérieur de l’habitacle. Dehors, c’est mignon à souhait, grâce à des proportions impertinentes, à un bas de caisse arrière qui s’élargit, à ce court museau effronté qui cache la petite motorisation (rappelons que la smart, elle, dissimule son moteur sous le plancher cargo).

Dedans, c’est moins exotique que dehors… et que dans la smart. Les sièges de notre version d’essai étaient recouverts d’un tissu à trous qui a bien fait rigoler, mais pas nécessairement pour de bonnes raisons. Minces, question de sauver le plus d’espace possible, les dossiers manquent de maintien latéral. Aussi, le tableau de bord se résume à une ligne de climatisation au centre, surmontée en proéminence d’un système audio qui fait beaucoup trop bon marché pour être convaincant. Devant le conducteur, deux cadrans se positionnent sans envergure, comme s’ils souhaitaient passer incognito. Aussi, on aurait pris un bras de vitesse plus massif et plus déterminant que ce long et mince levier.

La désactivation du dispositif de stabilité et le verrouillage des portières sont presque hors de portée. Quand même, le tout est d’une simplicité facile à apprivoiser. À preuve : les commandes audio au volant ne se manipulent que de deux boutons au pouce gauche. Ça ne pouvait pas être moins compliqué.

Lors de notre court essai de l’IQ, nous ne connaissions toujours pas son prix d’étiquette. Nous estimions donc que 16 500$ seraient raisonnables pour celle qui se propose en une seule version (une variante électrique est prévue l’an prochain, du moins aux États-Unis), mais bien équipée : climatiseur, régulateur de vitesse, groupe électrique, rétros chauffants, ordinateur de bord.

On aurait dû gager, parce que cette estimation est en plein dans le mille : 16 760$ que ce sera pour l’IQ. C’est presque 2000$ plus cher que la smart fortwo de base, mais ça comprend plus d’équipements. Pour le reste, ça sera une affaire de goût personnel. Et tous ceux qui opteront pour la Scion, que ce soit pour la curiosité, la troisième « vraie » place ou la puissance un brin plus vigoureuse, ils aideront l’IQ à faire lever ce qui ne lève pas depuis l’automne dernier : les ventes de Scion au Canada…

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