Toyota 4Runner 2012: Trop peu trop tard ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

Pendant des années, Toyota a négligé de renouveler son gros 4x4 traditionnel. La demande était assez bonne pour que l'on puisse continuer de produire ce modèle sans changement majeur. Tant et si bien que ce modèle était devenu totalement dépassé. Ce qui a incité la direction de la compagnie à nous proposer une version revue et corrigée l'an dernier. Reste à savoir si les améliorations apportées sont suffisantes.
Il faut savoir que les goûts du public se sont grandement transformés au cours des cinq dernières années. Il n'y a pas si longtemps, les amateurs de conduite hors route levaient le nez sur tout véhicule qui n’était pas doté d'un châssis autonome et d'une transmission  de type 4x4 que l'on enclenchait à l'aide de levier monté sur la console. Les temps ont grandement changé et de nos jours la majorité des véhicules tout-terrain propose un châssis autoporteur, un rouage intégral à commande électronique et une suspension davantage axée sur le confort. Il semble toutefois que Toyota ait préféré conserver son approche du bon vieux temps, tout en modernisant son véhicule autant que faire se peut.

Silhouette biscornue

Parce que le 4 Runner possède toujours un châssis autonome – ce qui devrait intéresser les acheteurs plus conservateurs –, les stylistes ont tenté de ménager la chèvre et le chou. Ils ont conçu une silhouette plus moderne certes, mais sans aller trop loin dans le modernisme. D'ailleurs, vu de profil, on a l'impression que ce 4x4 est sur le marché depuis plus d'une décennie. On a modifié les blocs optiques avant et on les a placés en position haute comme c'est la tendance actuelle. Mais comme ce véhicule est plutôt élevé au départ, cela donne une allure quelque peu spéciale et pas nécessairement élégante. C'est identique pour la partie arrière qui, malgré le fait que le véhicule soit assez récent, nous laisse cette impression de déjà-vu. En plus, la fenestration n'est pas tellement haute, un autre élément catastrophique sur le plan visuel. Et cette configuration associée à un seuil assez élevé rend l’accès à bord assez difficile. Tout au long de ma semaine d'essai, je me suis heurté la tête à plusieurs reprises sur le rebord du toit. Je vous fais grâce des mots qui sont sortis de ma bouche.

Une fois en place, on constate rapidement que les sièges sont durs, mais offrent un support latéral correct. Par contre, l'assise du siège est vraiment trop courte pour les personnes de grande taille, de sorte qu'on a l'impression d'avoir les jambes suspendues dans le vide. Inutile de préciser que ce n'est pas particulièrement confortable lors de longues randonnées. Pour ce qui est du tableau de bord, les stylistes ont réussi à bien agencer l'aluminium brossé au plastique noir de la planche de bord. Quant aux commandes, elles sont placées, selon le modèle, en partie sur le tableau de bord lui-même ou encore sur la partie avant du pavillon. On retrouve donc ces boutons de commandes placées sous le système audio. Les matériaux utilisés dans l'habitacle sont de piètre qualité, ce qui s’avère assez surprenant de la part de ce constructeur.

L'habitabilité est bonne et les places arrière sont correctes. La version Limited offre une troisième rangée de sièges. Malheureusement, celle-ci est plutôt symbolique, car elle est non seulement difficile d'accès, mais aussi peu confortable. En fait, sa plus grande qualité, c'est de pouvoir se rabattre afin d’offrir un plus grand espace de chargement. Soulignons que la version Trail ne propose pas de troisième siège, mais plutôt un plateau coulissant qui facilite le chargement d'objets lourds dans la soute à bagages.

Prudence au volant

En ce qui a trait à la suspension et au comportement routier, encore une fois, on plonge dans le rétro. En effet, si vous avez l'audace – ou l'inconscience! – de rouler à haute vitesse aux commandes de ce véhicule sur une route bosselée, vous éprouverez de fortes émotions. Non seulement le roulis en virage est fort prononcé, mais la suspension a beaucoup de difficultés à maîtriser les trous et les bosses. Les roues sautillent tandis que la direction est toujours imprécise. Il est d’ailleurs recommandé d'utiliser votre jugement lorsque vous conduisez un produit d’abord conçu pour le hors route et non pas pour participer à des gymkhanas. Il est vrai que plusieurs aides électroniques à la conduite sont de série, mais leur entrée en action est plutôt brutale. Le système de stabilité latérale, entre autres, est un exemple d'intervention trop tardive et beaucoup trop rude.

Le seul groupe propulseur au catalogue est un moteur V6 de 4,0 litres d'une puissance de 270 chevaux. Il est couplé à une transmission automatique à cinq rapports qui ne se prête à aucun commentaire négatif. Cet ensemble permet de remorquer une charge de 5000 livres (2268 kilos). Ce qui sera suffisant dans la majorité des cas. Quant au rouage intégral, il est efficace, mais pas tellement sophistiqué, surtout lorsqu’on le compare à celui d’un Jeep Grand Cherokee par exemple.

Bref, le 4Runner est un peu coincé entre le FJ Cruiser, un tout-terrain extraordinaire, et le Sequoia, un mastodonte plus puissant et plus polyvalent.

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