Volvo S80 2012: L’éternité c’est long, surtout vers la fin

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

C’est avec cette phrase tout à fait suave, attribuée au cinéaste américain Woody Allen, que débute notre compte-rendu de la Volvo S80. Maintenant complètement déclassée sur le plan technique par ses rivales immédiates qui sont en constante évolution, la grande berline suédoise fait du surplace depuis des années et se perd aujourd’hui dans un anonymat presque complet.
Les chiffres de vente en témoignent, la S80 est en chute libre, et rien ne laisse présager que les changements apportés à ce modèle pour 2012 suffiront à renverser la vapeur. En effet, ces modifications se limitent à des détails de présentation ou à l’intégration de systèmes de sécurité développés pour les plus récents modèles de Volvo. Ainsi, la S80 s’annonce en version Executive, avec l’ajout de cuir sur le tableau de bord ainsi que sur les panneaux intérieurs des portières, ce qui représente une première pour la marque. Des fonctions de ventilation et de massage ont été ajoutées aux sièges avant, les tapis sont plus épais et il est possible de commander en option un réfrigérateur localisé à l’arrière de l’habitacle de même que deux verres en cristal suédois. Vous l’aurez compris, on cible principalement le marché chinois avec ce modèle conçu pour séduire les hommes d’affaires qui préfèrent se faire conduire, standing oblige, et le fait que la marque Volvo ait été acquise par le constructeur automobile chinois Geely au coût de 1,8 milliard de dollars en 2010 n’est certes pas étranger à cette démarche. Par ailleurs, la S80 adopte le système d’infodivertissement Sensus, inauguré sur la plus récente S60, ainsi que les systèmes avancés de sécurité comme le City Safety, développé pour le sport-uilitaire XC60, et qui est décrit en détail dans l’article consacré à ce modèle à la page 622 de ce Guide.

Même heure, même poste…

Sur le plan de la dynamique, rien n’a donc évolué sur la S80 qui continue de proposer une conduite aseptisée à l’extrême en raison de l’intervention très autoritaire du système de contrôle de la stabilité. En effet, celui-ci entre en action dès que le conducteur se met en tête d’exploiter un tant soit peu le potentiel de performance de la voiture. De plus, le rouage intégral de la S80 T6 priorise la répartition de la motricité vers le train avant en conduite normale dans une proportion de 95%, tout en permettant de varier cette répartition jusqu’à livrer une motricité égale aux trains avant et arrière en cas de besoin. Le résultat, c’est que la plupart du temps, on se retrouve par la force des choses au volant d’une simple traction, avec tout ce que cela entraîne pour ce qui est du comportement routier, comme une tendance au sous-virage en conduite sportive. Pourtant, ce modèle est équipé du châssis actif Four-C qui permet de raffermir le débattement des suspensions. Ajoutez à cela une direction qui offre une bonne tenue de cap en ligne droite, mais qui manque de sensibilité en virages, et vous avez le portrait d’une voiture de luxe dont la conduite est plutôt engourdie, voire aseptisée plutôt que joueuse. Comme la S80 pèse plus de deux tonnes, cela explique aussi son relatif manque d’entrain ainsi que ses cotes de consommation élevées, peu importe qu’elle soit animée par le moteur de base qu’est l’anémique six cylindres de 3,2 litres développant 235 chevaux ou encore par le six cylindres en ligne de 3,0 litres turbocompressé qui en développe 300. C’est ce dernier qui est le mieux adapté au poids et au gabarit de la S80.

La vie à bord est agréable, dans la mesure où l’on se contente d’adopter une conduite sereine, et le confort des sièges avant est supérieur au point d’être souverain. Il faut également souligner la grande simplicité des commandes du système de chauffage/climatisation et la finition soignée de l’habitacle, de même que la qualité des matériaux pour sa réalisation.

Envisage-t-on la suite?

Au cours de ma visite du Salon de l’auto de Shanghai au printemps 2011, j’ai assisté, au stand de Volvo, au dévoilement du Concept Universe, une voiture-concept de plus de 5 mètres de longueur, qui semble avoir été créée soit pour annoncer l’arrivée éventuelle de la remplaçante de la S80, soit pour indiquer la nouvelle direction de la marque suédoise en matière de style. À l’avant, le Concept Universe affiche une calandre inédite pour la marque avec une série de rectangles aux coins arrondis sur lesquels est disposée la traditionnelle bande diagonale ornée de l’écusson de la marque. La ligne de toit est très arquée, voire fuyante vers l’arrière, émulant ainsi les berlines aux allures de coupé que sont les Mercedes-Benz CLS et Volkswagen Passat CC. Selon Peter Horbury, qui est redevenu chef du département de design de la marque suédoise après plusieurs années passées chez Ford, le style du Concept Universe est de facture authentiquement scandinave, sans prétentions ou artifices. La suite des choses se confond cependant dans un certain flou artistique, puisque très peu d’informations complémentaires ont été révélées au sujet de cette voiture-concept, ou encore sur les intentions de la marque d’aller de l’avant ou non avec une berline d’aussi grande taille. On attend donc la suite des choses en ce qui concerne l’éventuelle remplaçante de l’actuelle S80.

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