Lincoln MKX 2012: Bon vieux confort

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

Le Lincoln MKX, c’est connu, est un Ford Edge endimanché. C’est ce que lui reprochaient les amateurs de Lincoln, peu enclins à s’afficher au volant d’un vulgaire Ford. À l’automne 2010, leur souhait de voir ce véhicule retravaillé a été exaucé, en grande partie du moins. Le MKX est toujours construit autour de la plateforme et des mécaniques du Edge, mais avec l’arrivée de la nouvelle génération, c’est beaucoup moins flagrant.
Qu’on aime le style ou non, le MKX reprend désormais l’imposante grille des autres modèles Lincoln. Les ailes avant sont très prononcées et le capot affiche une imposante nervure centrale. La partie arrière est moins affirmée, plus raffinée même, diront certains. Selon moi, c’est la plus jolie pièce du véhicule. Le toit panoramique optionnel Vista (qui coûte plus de 2000$ et qui empêche la pose de rails de toit), est immense et aussi beau de l’extérieur qu’agréable à utiliser. Dommage qu’il soit si dispendieux. Si les roues de 18 pouces ajoutent au dynamisme, imaginez celles de 20 pouces! Imaginez aussi combien ça doit faire mal au cœur lorsqu’on frôle de trop près un trottoir ou qu’on doive remplacer les pneus…

L’habitacle a aussi connu des modifications pour le moins radicales. Le tableau de bord a été revu de A à Z et fait appel à une technologie qu’on a vue pour la première fois sur la Ford Fusion Hybrid, appelée Smart Gauges. Si l’odomètre, imposant et bien placé au centre, fait encore appel à une réelle aiguille pour indiquer la vitesse, les écrans de 4,2 pouces (10,7 cm) ACL placés de chaque côté de cet important cadran sont virtuels et il est possible de choisir l’information désirée (compte-tours, jauge à essence, température du moteur, autonomie, consommation, etc.). Je ne suis pas un amateur de gadget et dès que j’ai trouvé l’information désirée, je n’y ai plus touché, ignorant ainsi plusieurs possibilités. C’est le prix à payer pour être technologiquement attardé…

Si au moins le My Lincoln Touch était optionnel…

Associé au système Sync développé par Microsoft qui permet de commander une foule de paramètres vocalement, on retrouve maintenant le My Lincoln Touch. Ce système ultra-moderne permet, selon la brochure de vente de « commander le fonctionnement du véhicule intuitivement du bout des doigts et avec des commandes simples. Les systèmes de divertissement, de téléphone, de navigation et de chauffage/climatisation sont commandés vocalement ou à partir de l’écran tactile couleur ACL de 8 pouces… », bla, bla, bla. Et ça continue de plus belle : « Des commandes à 5 fonctions au volant, semblables à celles des téléphones cellulaires et des lecteurs MP3, permettent de commander ces deux écrans (NDLR : de chaque côté de l’odomètre) et rendent le système très convivial – en vous permettant de garder les mains sur le volant et les yeux sur la route… » Malgré tout le respect que je porte aux gens qui ont conçu le My Lincoln Touch (My Ford Touch chez Ford) et à ceux qui ont pondu ce qu’on retrouve dans la brochure, je me permettrai quelques bémols…

Tout d’abord, l’extrait qui dit « intuitivement du bout des doigts » me laisse songeur. Certes, on retrouve désormais des touches à effleurement très esthétiques et agréables à manipuler. Sauf que les doigts – les miens en tout cas – sont habitués de toucher à de vrais boutons qui sont faciles à repérer. Les commandes du MKX sont toutes semblables et petites. Il faut donc toujours quitter la route des yeux pour voir où on met le doigt. On retrouve aussi, pour le volume de la radio – d’excellente qualité, en passant – et du ventilateur, des commandes sur lesquelles il faut glisser le doigt. Après avoir sacré un peu les premières fois, on s’habitue rapidement à la pression à appliquer et à la vitesse à adopter pour qu’elles fonctionnent correctement. Cependant, le fait qu’elles demeurent de marbre lorsqu’on porte de gros gants a de quoi laisser pantois.

Passons ensuite à la partie où on dit que les commandes  « rendent le système très convivial ». Je ne connais pas la définition de convivial chez Ford mais elle n’est assurément pas la même que pour moi. Je ne suis pas une référence dans le domaine de la technologie, certes, et tout ce qui prend plus deux étapes me laisse démuni. Je n’ai jamais été capable de brancher tout seul mon BlackBerry ou mon iPod à ce foutu système. Mon fils de 24 ans, autrement plus dégourdi que moi (technologiquement parlant…), a réussi après avoir « gossé » quelques minutes. J’imagine toutefois que l’acheteur potentiel de Lincoln n’est pas un jeune de 24 ans… Je ne dis pas que ce système ne fonctionne pas adéquatement. Je dis que je n’ai pas été capable de le faire fonctionner adéquatement. J’ai l’impression que Ford a donné carte blanche et un budget illimité aux ingénieurs de Microsoft. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on se retrouve avec un pont suspendu à huit voies de chaque côté pour traverser une rigole entre deux villages de 200 habitants…

La grosse vie

Si on ne tient pas compte du démoniaque My Lincoln Touch, la vie à bord d’un MKX s’avère des plus agréables. Le confort est princier, le silence de roulement est tel qu’on le sentiment de piloter un coffre-fort et les espaces de rangement sont nombreux et pratiques, ce que les traîneux de mon espèce adorent. Si les sièges avant sont gentils pour les corps qu’ils supportent, on ne peut malheureusement pas en dire autant de ceux qu’on trouve à l’arrière. Ils ne sont pas inconfortables, mais puisque leur assise est très basse, on a toujours les cuisses trop hautes. En fait, j’ai trouvé qu’on était mieux assis à la place centrale. Les dossiers s’abaissent de façon 60/40 et permettent d’agrandir un coffre qui, sans être le plus grand de la catégorie, n’est pas, non plus, le plus petit.

Et la mécanique, elle?

Le Ford Edge propose deux moteurs, soit un V6 de 3,5 litres et un autre V6, de 3,7 litres celui-là. Dans le MKX, on retrouve uniquement ce dernier, ce qui démarque encore davantage le Lincoln du prolétaire Ford. Peu importe le logo sur la calandre, la puissance est la même, soit 305 chevaux et 280 lb-pi de couple. Même si c’est amplement suffisant, je crois que quelques équidés supplémentaires sous le capot du MKX auraient fait bien plaisir aux propriétaires de Lincoln, question de flatter leur égo un peu. Ce moteur en aluminium, très moderne, procure des accélérations très décentes, génératrices d’un beau grondement malheureusement étouffé par d’innombrables couches de matériel isolant. La transmission est une automatique à six rapports qui relaie le couple aux quatre roues. Les Américains ont droit à une version traction (roues avant motrices) mais pas nous, et nous ne nous en plaindrons pas! Malgré le rouage intégral, il faudrait toutefois beaucoup plus qu’un simple brin de folie pour suivre un Jeep Wrangler dans les bois… Lors de nos essais hivernaux, nous avons obtenu une moyenne de 13,5 litres/100 km, ce qui est passablement plus que ce qui est avancé par Ford. Il faut dire que nous avions parcouru plusieurs centaines de kilomètres sur des routes estriennes recouvertes tantôt de neige, tantôt de glace, tantôt de gadoue. La joie, quoi…

On aura compris que le MKX, ne serait-ce qu’à cause de son écusson Lincoln et de ses dimensions, n’est pas un véhicule très sportif. Il est aussi très lourd et ça se sent dans les courbes ou lors de freinages appuyés. Certes, pour le prendre en défaut, il faut vraiment pousser au-delà de la raison, mais sa direction peu précise qui s’empote davantage lorsqu’on la brusque, ses sièges qui n’offrent que bien peu de support latéral et son système de contrôle de la stabilité latérale qui laisse trop peu de place aux excentricités font qu’on apprend à respecter le MKX pour ce qu’il est : un véhicule très confortable, silencieux et performant. Lorsque la situation l’exige, il est toutefois possible de désactiver entièrement les divers systèmes de contrôle, en passant, bien entendu, par un des nombreux menus des écrans ACL. Il faut croire que quelqu’un chez Ford/Lincoln a pris les bons vieux boutons en grippe!

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