Honda Element, « COOL ! MAN... »

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

C'est tout de même ironique : alors que les designers se fendent en quatre pour créer des carrosseries séduisantes, l'un des véhicules le plus branché de l'heure exhibe des formes aussi affriolantes que celles d'un bloc Lego. Je m'en étonne, oui et non, sachant que le Honda Element a été conçu pour la génération « Yo », dont les canons esthétiques ont toujours été assez singuliers. Rappelons-nous la mode des fonds de culotte traînant aux genoux...

L'Element est donc dépourvu de sex-appeal, mais il n'en attire pas moins l'attention partout où il passe, à tel point qu'il n'intéresse plus seulement la clientèle des surfers et autres sportifs extrêmes pour qui il a été initialement conçu, mais aussi les familles et les baby boomers. Il est vrai que la fonctionnalité et la polyvalence de son aménagement intérieur en font un véhicule unique en son genre. Mais pensez-y à deux fois avant de renoncer à la bonne vieille minifourgonnette ou à l'utilitaire de type plus traditionnel : en retour de caractéristiques qui lui sont exclusives, l'Element exige certains compromis.

« ET J'AI COUCHÉ DANS MON CHAR »

Cette drôle de boîte concède 15 cm en longueur à la petite Honda Civic, mais elle dépasse le CR-V de trois centimètres en largeur, et de 11 centimètres en hauteur. En retour, on doit sacrifier un passager, ce qui revient à dire qu'il n'y a que quatre sièges. Ceux d'en avant sont vastes et bien rembourrés, alors que ceux d'en arrière ne méritent pas le nom de fauteuils, tant les os y reposent durement. Ils sont en outre d'accès malaisé pour les jeunes enfants et les personnes âgées en raison de leur assise trop élevée et du très haut seuil. Tous les dossiers se rabattent de façon à aménager deux soi-disant « couchettes » dont le confort promet d'être plus que sommaire. Les sièges arrière s'enlèvent ou se replient, à moins que vous ne préfériez les accrocher de chaque côté du véhicule - attention, ils sont lourds ! Au total, Honda répertorie 64 configurations.

Même si la haute soute demeure un peu courte, l'espace de chargement s'élève à près de 700 litres. Le hayon est bipartite, avec l'un des panneaux s'ouvrant vers le bas, comme sur une camionnette. Il peut servir de siège, comme celui d'une camionnette, mais il oblige surtout à manipuler à bout de bras les objets qui sont dans la soute. Le plancher complètement plat est constitué d'une matière thermoplastique résistante aux chocs et lavable à la grande eau. On imagine tout de suite la boue tombée d'un vélo, ou la tache d'huile laissée par la génératrice. L'absence de piliers B (entre les deux portières), rend possible l'ouverture à contresens des portes arrière, et permet de profiter de larges ouvertures qui feront le bonheur des déménageurs du dimanche. On ne peut cependant ouvrir les portes arrière avant les antérieures, et les passagers avant doivent détacher leur ceinture car le point d'ancrage de celles-ci obstrue le passage vers l'arrière. Pas très commode...

Le conducteur jouit d'une position de conduite élevée, mais les larges montants du pare-brise nuisent à sa vision. L'instrumentation se consulte aisément, et les contrôles tombent facilement sous la main. On s'habitue très vite au maniement du levier de vitesses posé à même l'immense et profonde planche de bord. On dénombre pas moins de cinq porte-gobelets - au cas où l'un des 4 occupants aurait une grosse soif - et une profusion d'espaces de rangement, sans oublier maints dispositifs servant à accrocher ou à fixer les bagages. Le toit ouvrant, situé à l'arrière, ne laisse guère le conducteur profiter du soleil, mais en revanche il est bien placé pour admirer les étoiles (sur les fameuses couchettes), ou pour laisser dépasser le bout de la légendaire planche de surf.

TEMPÉRAMENT PLACIDE

L'Element repose sur un châssis modifié de CR-V, qui doit lui-même sa plateforme à la Civic. Rigidifiée en maints endroits, la caisse est solide malgré l'absence des piliers B, mais elle est assez lourde, ce qui, combiné à son manque d'aérodynamisme, pénalise les performances et la consommation d'essence. Le moteur quatre cylindres de 2,4 litres se retrouve aussi dans certaines Accord et les CR-V. Doux, bien qu'assez bruyant à haut régime, il fait preuve d'une souplesse qui lui permet de tirer son épingle du jeu dans la plupart des circonstances. La transmission manuelle de série se manie aisément, alors que l'automatique optionnelle est très douce et fort bien adaptée au moteur, même avec les versions munies de la traction intégrale "Real Time".

Sur la route, l'Element révèle un tempérament placide. La direction vous renseigne assez fidèlement sur votre trajectoire, la tenue de cap est généralement bonne, jusqu'à l'arrivée en trombe des vents latéraux, mais la caisse penche dans les courbes rapidement négociées. Les freins sont efficaces et se modulent efficacement, contrairement aux exécrables pneus Goodyear Wrangler HP P215/70R16 99S qui crient pour un rien, et se transforment en savonnette sur pavé mouillé.

Proposée au tarif de 24 000 $, la version de base offre la climatisation, les glaces et les portières électriques. Pour environ 2 000 $ de plus, l'ensemble « Y » ajoute l'ABS, le régulateur de vitesse, les coussins latéraux, l'ouverture télécommandée des portes, et un super système de son de 270 watts qui aidera à faire oublier l'acoustique déficiente de ce véhicule. On ne peut pas parler d'aubaine, si l'on songe que l'on peut obtenir à prix semblable une minifourgonnette offrant beaucoup plus d'espace et de confort. Mais aucune n'est aussi cool que l'Element.

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