Toyota Prius, prise 2

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Applaudie par tout ce que l'Amérique compte d'écologistes, la berline hybride de Toyota, la Prius, a été boudée par la clientèle. Malgré son taux de pollution minimal et une consommation à faire rêver tous les Séraphin de ce monde, il ne s'en est vendu qu'une poignée d'exemplaires au cours des quatre dernières années (1000 dans tout le Canada). Toyota ne baisse pas pavillon pour autant et récidive avec ce que l'on pourrait appeler, sans jeux de mots, la Prius prise 2.

Raffinée mais surtout plus joliment emballée, cette petite « écolo » joue la carte de la haute technologie et de la séduction. Une bien belle combinaison qui se traduit par une carrosserie cinq portes de type liftback à hayon arrière incliné (plutôt que vertical comme dans une hatchback) affichant un coefficient de traînée extrêmement bas de 0,26. La nouvelle Prius ne se contente pas de faire la belle ; elle a aussi grandi dans tous les sens par rapport au modèle de première génération avec un volume intérieur (2724 litres) très près de celui d'une voiture intermédiaire comme la Camry (2880 litres). Toyota ne se gêne d'ailleurs pas pour comparer ces deux modèles en soulignant qu'une Camry à moteur quatre cylindres coûte approximativement le même prix qu'une Prius, mais que cette dernière peut vous faire économiser 500 $ en essence annuellement pour la même distance parcourue.

Plus mignonne et plus habitable, la nouvelle Prius, vendue au même prix que l'ancienne (29 990 $), devrait enfin pouvoir sortir de l'anonymat.

Ses attributs ne s'arrêtent pas là puisqu'elle se targue d'être la championne de l'économie et de la protection de l'environnement. Son système hybride combinant un moteur à essence à un moteur électrique a été optimisé, ce qui lui donne désormais une puissance de 143 chevaux dont 76 proviennent du quatre cylindres à essence de 1,5 litre et 67 du groupe électrique. Ce dernier se distingue par son couple très élevé (295 lb-pi à 1500 tr/min) qui, en ville, permet d'obtenir des accélérations immédiates à basse vitesse. La puissance est acheminée aux roues motrices avant par une transmission de type CVT (à rapports variables) à sélecteur électronique. Son petit joy stick exige toutefois une bonne période d'adaptation compte tenu du fait que le levier une fois enclenché revient à sa position originale.

Précisons ici que c'est principalement le moteur électrique qui fait le gros du travail en ville tandis que le moteur à essence vient le seconder au moment des reprises sur l'autoroute. De là une consommation plus faible en ville qu'en rase campagne.

Le branchement, oubliez Ça

La particularité la plus intéressante des voitures hybrides (et le message que Toyota se doit de faire passer) est qu'elles n'ont pas besoin d'être branchées. Les 26 modules du groupe de batteries sont rechargés tantôt par le moteur à essence tantôt par le récupérateur de l'énergie générée par chaque freinage.

Si la technologie est impressionnante, qu'en est-il dans la vraie vie, en ville, à la campagne ou en montagne ? Notre essai réalisé dans de telles conditions a permis de faire la lumière là-dessus. Je dirais que la plus grande amélioration de la nouvelle Prius est la transparence de son système hybride. On perÇoit très peu les diverses transitions entre le moteur électrique et celui à essence ou la récupération du freinage. Sur l'autoroute surtout, la Prius antérieure donnait lieu à une sorte de va-et-vient plutôt agaÇant. Le conducteur attentif notera à l'occasion de petits à-coups, mais ce n'est pas dramatique. Ce qui l'est plus est la prépondérance du poids (65 %) sur l'essieu avant. La suspension en prend pour son rhume sur mauvaise route et le confort en souffre légèrement. Le châssis ne m'est pas apparu conforme aux standards habituels de Toyota avec une rigidité très perfectible. Peut-être s'agissait-il d'une lacune propre aux voitures de préproduction qui nous furent confiées ? Chose certaine, de meilleurs pneus que les Good Year Integrity pourraient certainement atténuer la rugosité du train avant.

En ville ou sur l'autoroute, la puissance est parfaitement satisfaisante ; en terrain montagneux, c'est un peu juste. Chose certaine, si c'est l'agrément de conduite qui est votre priorité, il vaudrait peut-être mieux regarder ailleurs. Assis dans la Prius, l'espace disponible est bel et bien celui d'une intermédiaire (ou presque), mais la sensation de conduite demeure celle d'une petite voiture. Les sièges sont néanmoins confortables, mais on regrette que la visibilité arrière soit aussi pénible à cause de cet aileron qui vient séparer en deux la lunette. À part un petit écran de 7 pouces qui peut servir au système de navigation optionnel ou afficher le fonctionnement de la batterie et des deux moteurs, le tableau de bord est plutôt moche. Très profond, il est recouvert d'une immense étendue de plastique noire assez lugubre. Le plastique brillant sur le cendrier et la radio détonne aussi dans le portrait. Une autre option amusante est le système Smart Key qui permet d'ouvrir les portières et d'appuyer sur le bouton de lancement du moteur en ayant simplement une télécommande dans vos poches ou, madame, dans votre sac à main. Un petit emprunt à Mercedes plutôt sympathique. Finalement, le coffre n'est pas très haut, mais il comporte une astuce sous la forme d'un coffret secret aménagé dans le plancher.

La Prius 2004 devrait réveiller un peu tous ceux qui militent pour le bien de la planète et les gens qui en achèteront une devraient l'apprécier. Mais ils l'apprécieraient davantage si notre cher gouvernement mettait un peu la main dans ses goussets pour aider financièrement, comme en Ontario et en Colombie-Britannique, ceux dont les gestes sont à la hauteur de leurs convictions. Mais ne comptez pas là-dessus? c'est plus payant de donner des contraventions. Jacques Duval

Contrepartie

Vous connaissez tous la technique de marketing pratiquée par certains fabricants de produits informatiques. Quelques mois après avoir mis en marché l'ordinateur le plus puissant et le mieux équipé, ils en « sortent » un autre qui rend le précédent instantanément obsolète. Et ce, pour le même prix.

C'est un peu la même histoire avec la nouvelle Prius. Toyota l'annonce comme étant plus grande, plus puissante, plus économique et moins polluante. Et tout Ça pour le même prix. Du jamais vu dans l'histoire de l'automobile depuis la Ford modèle A. Le plus surprenant dans toute cette histoire, c'est que c'est la vérité. La Prius 2004 relègue presque la précédente au statut d'objet de curiosité. Elle accélère comme une voiture « normale », elle freine aussi beaucoup plus progressivement. Sa taille permet d'embarquer quatre (cinq ?) occupants en tout confort, et son vaste coffre est très pratique avec son compartiment sous le plancher.

Par ailleurs, j'ai quelques réserves en ce qui concerne la profondeur de la planche de bord qui donne l'impression (comme dans une New Beetle) d'être assis sur le siège arrière. L'écran central pourtant bien visible pèche par son inutile complexité (il affiche la consommation par segments dans le temps) et aussi parce qu'il fonctionne par la pression des doigts ; je déteste les traces de doigts, qui font négligé.

Ses performances s'avéreront suffisantes pour la majorité des conducteurs, et sa consommation homéopathique rassure ma conscience (parfois) écolo. Son comportement routier me semble en nette progression, mais sa direction artificielle et ses pneumatiques très ordinaires à cote de vitesse S me laissent sur ma faim.

En fait, cette Prius se distingue tellement dans son segment que je me demande comment réagira la concurrence, à mon avis complètement larguée. Finalement, je me pose toujours la même question : vais-je attendre la prochaine génération avant de faire le grand saut ? Jean-Georges Laliberté

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