Subaru Baja, ramasse-poussière

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Parce qu'elle n'a pas les poches aussi creuses que nombre de ses concurrents, Subaru doit non seulement faire flèche de tout bois, mais aussi explorer de nouveaux segments de marché. Et puisque la polyvalence est à la mode par les temps qui courent, Subaru a lancé, il y a un an, le Baja, son interprétation d'un véhicule multifonctions.

Comme un ballon-sonde, le prototype ST-X est venu tester l'atmosphère dans le cadre des salons automobiles. De toute évidence, l'idée a plu puisque cette étonnante camionnette à carrosserie modulable a obtenu le feu vert de la direction et connaît depuis maintenant un an les « joies » de la production en série.

Le Baja c'est, comme le suggèrent ses formes extérieures, plusieurs véhicules en un. Le constructeur japonais en dénombre trois. Le premier, une berline logeable et confortable pour quatre personnes. Le deuxième, une camionnette pratique qui autorise le transport d'objets encombrants. Reste une dernière mutation avec laquelle ce véhicule à malices affiche son côté fonctionnel : son système permanent à quatre roues motrices qui, à défaut de le transformer en un tout-terrain pur et dur, lui permet au moins d'emprunter les sentiers caillouteux.

Sur le plan esthétique, le Baja ne fait pas l'unanimité. Il est « original » pour les uns, « grotesque » pour les autres. À vous d'en débattre demain soir en célébrant l'arrivée du Nouvel An. Qu'il soit beau ou laid importe peu à la condition que le Baja livre la marchandise, à savoir : combiner la polyvalence d'une camionnette au confort d'une berline. Dans ce domaine, force est de reconnaître que le Baja rate la cible. En fait, la polyvalence du Baja tient, à mon humble avis, dans un dé à coudre. La benne est trop courte (à peine plus de 100 cm) pour transporter des charges encombrantes et le panneau « switchback » qui permet, en rabattant les dossiers des sièges arrière, de prolonger la surface de charge à l'intérieur de l'habitacle est beaucoup trop étroit (304 X 765 mm). Pratique sans doute pour les Californiens qui pratiquent le surf, mais très peu pour les skieurs québécois.

Cela dit, Subaru propose un seul niveau de finition, mais le choix entre deux transmissions (manuelle ou automatique). C'est dire à quel point le niveau d'équipements est relevé. En fait, rien ne manque au Baja : sellerie de cuir, baquets avant chauffants, climatiseur, toit ouvrant viennent tous allonger la liste des caractéristiques offertes de série. Au rayon des options, on trouve presque strictement des supports et autres accessoires destinés à rendre le Baja plus polyvalent et modulable à l'envi. Encore faut-il y mettre le prix.

Dès qu'on pose les fesses à bord, on se sent en pays de connaissance. Et pour cause, puisque la présentation intérieure est, à quelques détails près, similaire à celle d'une Outback. C'est-à-dire ? Un aménagement soigné où les principales commandes sont correctement disposées dans l'environnement immédiat du conducteur. De plus, le tableau de bord regroupe une instrumentation complète et facile à consulter. Les baquets, couverts de cuir, sont faciles à ajuster (celui du conducteur est à commande électrique), confortables et, bonne nouvelle pour les « frileux » comme moi, ils sont chauffants. À l'arrière, surprise. Il n'y a que deux places. La troisième ? Elle a disparu au profit d'une console qui permet de ranger les accessoires et autres bidules nécessaires ou pas à la vie quotidienne.

Un moteur de base souffrant

Dès que le pied droit enfonce la pédale d'accélérateur, on a l'impression que le Baja est beaucoup plus lourd qu'une Outback. Plus lourd oui, mais pas de beaucoup. Seulement 24 kilos. Tant mieux puisque le moteur 4 cylindres à plat de 2,5 litres manque de souffle pour animer cette pseudo-camionnette, surtout lorsque celle-ci est chargée. Conscients de cette lacune, les motoristes de Subaru lui greffent cette année un turbocompresseur qui permet de souffler 45 chevaux de plus (210 au total) et 69 lb-pi de couple additionnel, lesquelles sont obtenues à un régime de rotation moins élevé. C'est bien beau tout Ça, mais c'est plus cher aussi. Surtout que de notre côté, nous vous recommandons de débourser la somme exigée pour retenir les services de la boîte automatique qui nous apparaît mieux adaptée à ce véhicule que la transmission manuelle dont l'embrayage manque cruellement de progressivité.

Sur la route, le Baja s'avère très civilisé. Son comportement est à la fois neutre et sûr, mais le confort de roulement n'est pas celui que l'on associe généralement aux autres produits de la marque. C'est plus ferme mais, rassurez-vous, pas inconfortable pour autant. Contrairement à un Explorer Sport Trac dont la garde au sol est sensiblement la même, le Baja possède une meilleure tenue dans les virages (absence quasi totale de roulis). De plus, son châssis extrêmement rigide (à noter que la benne n'est pas indépendante de tout le reste) combiné à une suspension arrière complètement indépendante lui permet de rouler sur des chaussées abîmées sans valser. Et dans la neige aussi grâce à un système permanent à quatre roues motrices franchement convaincant.

La direction, pour sa part, est précise et son assistance correctement dosée. Quant au freinage, il est puissant, facile à moduler et immobilise le véhicule sur des distances étonnamment courtes.

Original, sans doute, le Baja est non seulement coûteux à acquérir mais pas aussi polyvalent qu'il le prétend. À défaut d'être proposé à un coût plus raisonnable, le Baja est de toute évidence condamné à ramasser, au pays à tout le moins, la poussière des salles d'exposition. Pas étonnant que Subaru ait décidé de le retirer du marché.

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