Pontiac Sunfire, l'astre couchant

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

La dernière révision en profondeur de la Pontiac Sunfire remonte à 1995, alors qu'elle n'avait pratiquement pas progressé depuis sa naissance, en 1982. Voilà une voiture qui n'évolue pas très vite, c'est le moins qu'on puisse dire. D'ailleurs, vous n'avez qu'à faire le test : d'hier à aujourd'hui, toutes les Sunfire ont conservé un petit air de parenté, et on les reconnaît à leur silhouette caractéristique au premier coup d'?il.

L'an dernier, dans un geste destiné à prolonger son cycle de vie, la Sunfire a abandonné son antique moteur de 2,2 litres en faveur de l'Ecotec de même cylindrée, mais d'une puissance supérieure de 25 chevaux. Elle a aussi reÇu quelques retouches esthétiques et de « subtiles » modifications à sa suspension. C'est ce qui s'appelle allonger la sauce au maximum !

Cette année, elle nous propose de nouvelles garnitures de siège, de nouvelles couleurs de carrosserie de tendance jeune (jaune rallye et orange fusion), en plus d'un lecteur MP3 en option. Bref, des futilités ! Et vous savez quoi ? Il s'agit d'une excellente nouvelle, si l'on considère que cet immobilisme prépare la venue de changements radicaux pour l'an prochain, c'est-à-dire une toute nouvelle Pursuit élaborée à partir du châssis Delta sur lequel repose la Saturn Ion, et réservée exclusivement au marché canadien.

Moteur moderne, conception désuète

Il sera temps qu'on passe à autre chose, car l'astre de la Sunfire a sérieusement pâli, s'il fut jamais brillant. Elle loge en ce moment en troisième position du palmarès? des pires voitures compactes. Ses éléments mécaniques sont pour la plupart d'un autre âge, comme son châssis qui ne répond plus aux normes de construction moderne. À cette conception désuète, il faut encore ajouter un assemblage bâclé et certains problèmes de fiabilité récurrents.

Malgré tout, sa popularité a tenu le coup l'an dernier, par la grâce et la magie du plus puissant des magnétismes, l'argent. Par exemple, une Sunfire SL de base s'obtient pratiquement, après rabais, au prix d'une petite sous-compacte. C'est un pensez-y bien lorsque chaque sou est compté, d'autant que la Pontiac possède quelques autres arguments en sa faveur.

Le plus convaincant s'avère être son moteur Ecotec, d'architecture contemporaine et fabriqué entièrement d'aluminium. Après ses débuts dans la Saturn Série L en l'an 2000, il équipe présentement plusieurs véhicules de la grande famille GM, et il n'est certainement pas à la veille de quitter l'avant-scène. Cela s'avère une bonne chose en ce qui concerne la Sunfire, puisque ses 150 lb-pi de couple obtenues à 4000 tr/min permettent des accélérations et des reprises franches sans qu'il en coûte trop cher à la pompe. Cependant, bien qu'il soit plus doux et plus discret que son prédécesseur, ce moteur gagnerait à recevoir encore quelques raffinements, car ses montées en régime s'avèrent rugueuses et accompagnées de trépidations qui ne tardent pas à rappeler aux propriétaires leur maigre investissement.

La transmission manuelle Getrag à cinq rapports qu'on lui associe en équipement de série est bien étagée, mais elle manque un peu de précision. Le consommateur plus exigeant (si peu) serait sans doute avisé d'opter pour la boîte automatique à quatre rapports, qui fait une fois de plus honneur à la réputation de GM en ce domaine. Une combinaison disque/tambour assure tant bien que mal des arrêts plus longs que la moyenne, à l'aide, en option, d'un ABS au fonctionnement approximatif.

Bruyante et inconfortable

On a voulu assurer à la Sunfire un comportement routier honnête et sans surprise, avec une tenue de cap assez stable, marquée par une tendance au sous-virage dont il faut apprendre à tenir compte dans ses habitudes de conduite, d'autant plus que la légèreté de la direction ne favorise guère la communication étroite avec la route. C'est tout le contraire pour les suspensions, qui font ressentir rudement le piètre état général de notre réseau routier. Le mauvais support assuré par les sièges n'arrange pas les choses pour les occupants, qui doivent de plus composer avec un niveau sonore passablement élevé.

Le dégagement pour la tête et les jambes laisse à désirer, et plus encore dans le coupé que dans la berline. Le design intérieur est assez insolite, dans le plus pur style Pontiac, et les matériaux ont triste allure. Le coffre, de dimension convenable, s'agrandit à l'aide du dossier repliable 60/40, mais l'ouverture est étroite.

Tout comme la Cavalier, la Sunfire se décline en trois versions. La SL de base peut sembler une bonne affaire, mais elle est si dépourvue en commodités qu'il vaut mieux y penser deux fois. La SLX (berline seulement), avec les principales assistances électriques de série, paraît offrir le meilleur compromis, alors que la GT (coupé seulement) munie de roues de 15 pouces fait cher payer les quelques fioritures (moulures, tuyau d'échappement à double sortie) qui lui donnent un look pseudo sportif. Il est à noter que la climatisation et l'ABS sont toujours à la carte, quelle que soit la version, tout comme le système de communication OnStar, dont on se demande bien ce qu'il vient faire dans cette voiture à vocation économique.

La Sunfire ne vaut en effet que pour son faible coût d'achat. Elle convient comme deuxième voiture, ou pour un acheteur dont le kilométrage annuel n'est pas très élevé. Ceux qui se proposent d'en faire un usage intensif auraient sans doute avantage à opter pour une monture de meilleure qualité, quitte, s'il le faut, à se tourner vers le marché de l'occasion, à moins de profiter des rabais substantiels souvent offerts par le constructeur.

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