Nissan Quest, astucieuse au possible !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Lorsque la Quest est disparue du marché il y a deux ans après plusieurs mois d'incertitude, personne ne croyait que Nissan allait tenir parole et revenir avec un modèle plus spectaculaire. Après tout, cette fourgonnette fabriquée conjointement avec Ford n'avait connu que des demi-succès. Un retour sur le marché avait été annoncé, mais plusieurs restaient sceptiques ! Ce constructeur tentait alors de se relever d'une sérieuse dérobade économique et commerciale. Pourquoi se serait-il lancé à fond de train dans le développement d'une fourgonnette, un marché pas tellement en progrès ces temps-ci ?

Or, non seulement la remontée de Nissan a été fort spectaculaire au cours des trois dernières années, mais sa direction est persuadée que le créneau de la fourgonnette est appelé à progresser après que les gens auront tenté l'expérience des VUS et seront revenus au bon sens. En fait, le second constructeur nippon a construit une immense usine d'assemblage à Canton, dans le Mississippi, pour y fabriquer la Quest et la grosse camionnette Titan en plus du Pathfinder Armada.

Bref, il ne s'agit pas d'un effort mitigé afin de bâillonner les concessionnaires désireux d'obtenir une gamme complète de véhicules à offrir. En fait, cette nouvelle fourgonnette s'avère tout aussi spectaculaire par son style et ses innovations techniques que les Murano, 350Z et Maxima, trois produits de ce constructeur qui a accumulé prix et accessits au cours des 12 derniers mois.

Cette nouvelle venue offre un joyeux contraste par rapport à la version précédente qui était d'un ennui mortel à conduire et insipide comme pas une en fait de silhouette. Sa seule gloriole : une caisse courte qui devait théoriquement assurer un comportement routier semblable à celui d'une berline. Il semble que cette stratégie n'ait pas porté fruit puisque la Quest se retrouve dorénavant la fourgonnette la plus longue sur le marché. Pourtant, au premier coup d'?il, rien n'y paraît. C'est tout simplement que les stylistes ont joué d'astuce afin de la faire paraître plus svelte. Pour ce faire, ils ont dessiné une partie inférieure plus large que la section vitrée. Il en résulte une disproportion des deux éléments qui fait oublier les parois planes des autres fourgonnettes. Ce truc lui permet de ressembler à une grosse familiale un peu plus excentrique que les autres.

Puisque la carrosserie est plus longue que la moyenne, pourquoi ne pas la doter de portières latérales plus importantes que celles des autres modèles ? Avec une longueur totale de 85 cm, elles dépassent de 10 cm celles du plus proche concurrent. On n'a pas fait ce choix pour remporter une bataille de statistiques, mais pour faciliter l'accès à bord, notamment à la troisième rangée de sièges. Bien entendu, les portières se déplacent grâce à une commande électrique, tout comme le hayon arrière.

Il est donc difficile de prendre cette Nissan en défaut au chapitre de la présentation extérieure et il semble que le verdict sera le même pour l'habitacle.

Wow !

Traditionnellement, les fourgonnettes sont dotées d'habitacles au design généralement conservateur. Comme il s'agit d'un véhicule à vocation utilitaire, les stylistes misent surtout sur les espaces de rangement et la sobriété du tableau de bord. Chez Nissan, le passé a été renié de belle faÇon et il suffit de jeter un coup d'?il à la planche de bord pour s'en convaincre. Les cadrans indicateurs ne sont plus placés derrière le volant et en face du conducteur, mais regroupés dans un module placé au centre de la planche de bord. En plus des indicateurs essentiels, cet espace information comprend également l'écran du système de navigation. Je sais que plusieurs ne sont pas tellement entichés de cette disposition, mais la plupart des experts soulignent qu'elle permet une consultation plus rapide. Une conclusion qui est également mienne.

Comme il y avait dorénavant de l'espace derrière le volant, les stylistes y ont placé un coffret de rangement. Ils ont même prévu une petite fente de rétention sur le pourtour de la colonne de direction afin de pouvoir y glisser un petit carton aide-mémoire. Mais cela est de la petite bière par rapport à cette nacelle circulaire accrochée à la planche de bord qui est la pièce de résistance du tableau de bord. Celle-ci accueille un levier de vitesses placé à la verticale, ainsi que les commandes de la climatisation et de la radio. Cet élément semble emprunté à un film de science-fiction des années 1950. C'est rétro en ce sens et drôlement audacieux pour une fourgonnette. Bien qu'inusitée, cette disposition des commandes les rend faciles d'accès autant pour le conducteur que pour le passager. Par contre, la fente du lecteur CD à six disques est mal située sur le fût de cette console verticale et il faut beaucoup de patience pour y insérer ou en enlever les disques. Quant au lecteur DVD, il est placé sur le côté gauche de la base du siège du passager avant, ce qui permet au pilote de pouvoir charger l'appareil lorsque « maman ou papa conduit » et que les marmots sont à l'arrière. Il est toutefois facile de le heurter avec le pied lors d'un passage entre les sièges avant et il est de plus mal abrité de la poussière. Cette Nissan pour grosse famille se démarque encore avec la présence du toit Skyview constitué de deux ouvertures vitrées de chaque côté d'une console ancrée au pavillon. En plus de nombreux espaces de rangement, cette section médiane peut accueillir jusqu'à deux écrans d'affichage pour le DVD. On se croirait presque dans un avion. Et il faut ajouter que ces écrans LCD n'obstruent pas la vision du conducteur lorsqu'ils sont déployés.

Cette présentation excentrique n'empêche pas l'habitacle de s'avérer également pratique. Les portes coulissantes plus larges que la moyenne facilitent l'accès aux places arrière. Les sièges médians basculent facilement pour simplifier le passage vers la troisième banquette. Cette deuxième rangée est constituée de deux baquets qui se replient à plat pour assurer une grande surface pour les bagages. Comme c'est dorénavant incontournable, la troisième banquette s'escamote dans le plancher. Malgré les allégations de Nissan, cette opération nécessite quand même une certaine force physique pour contrôler la descente de ce siège ou l'extirper de son réceptacle. Il faut de plus enlever les appuie-tête avant de procéder à cette opération. Il est possible de les remiser dans une pochette prévue à cet effet qui s'accroche le long de la paroi. Ce n'est pas la trouvaille du siècle, si vous voulez mon avis.

Elle se prend pour une auto !

Les ingénieurs ont voulu que cette grosse fourgonnette offre un comportement routier qui se rapproche de celui d'une automobile. Ils ont quasiment atteint leur objectif. La conduite de cette Quest donne l'impression d'être au volant d'une familiale. Ajoutez à cela une direction d'une assistance bien dosée, quatre freins à disque et une suspension indépendante aux quatre roues pour avoir une bonne idée du comportement de cette fourgonnette. Il est vrai que l'effet de couple dans le volant pourrait être moindre, que le véhicule a tendance à sous-virer et que le vent fait sentir sa présence lorsqu'il souffle latéralement. Malgré tout, seule la Honda Odyssey est en mesure de tenir tête à la Quest en fait de tenue de route.

Ce comportement s'explique lorsqu'on apprend que ce véhicule est dérivé de la plate-forme FF-L qui est utilisée pour les Altima, Murano et la nouvelle Maxima 2004. Comme ces derniers, cette traction est équipée du moteur V6 3,5 litres de 240 chevaux. Ce moteur est l'un des meilleurs de sa catégorie, mais la compagnie devrait peut-être songer à développer un peu de diversité à ce chapitre. La boîte automatique à quatre rapports équipe les modèles S et SL tandis que la SE bénéficie d'un rapport supplémentaire.

Quelques inquiétudes

La seule ombre au tableau au cours de l'essai a été la sensation que la plate-forme n'avait pas toute la rigidité nécessaire lors de la réalisation de certaines man?uvres tandis que quelques bruits de caisse sont venus troubler la quiétude de l'habitacle. Et je dois avouer que les trous et les bosses responsables de ces bruits n'étaient pas tellement intimidants.

Beau, bon et cher

Malgré ces quelques bémols, le plus gros défaut de cette Nissan au profil spectaculaire demeure son prix qui risque de dépasser les 50 000 $ pour une SE tout équipée ! Heureusement que les versions S et SL affichent des prix plus abordables. Denis Duquet

Contrepartie

Pourquoi un manufacturier décide-t-il de produire une fourgonnette quand les ventes de ce type de véhicule reculent de 2 % par année ? Nissan affirme qu'elle se doit d'être présente dans ce créneau et que la nouvelle Quest est très différente des fourgonnettes des compétiteurs. D'après les spécialistes de la mise en marché, les acheteurs de fourgonnette d'aujourd'hui veulent un véhicule polyvalent, sécuritaire, luxueux, performant et avoir l'impression de conduire une voiture. Êtes-vous étonné de ces propos ? Ces mêmes acheteurs veulent aussi un style moins minibus, mais le plus amusant est dans la dernière demande : le prix. La réponse est toute prête : le luxe et la performance ont un prix et c'est à partir de 32 600$. Un véhicule pour les familles bien nanties ! J'ai aussi un peu de difficulté à comprendre l'argument de la haute direction lorsqu'elle mentionne que la fourgonnette reprendra sa place sur le marché quand les consommateurs se seront lassés des VUS. Étonnant pour un constructeur qui nous présentera dans les prochains mois un VUS pleine grandeur comme le Pathfinder Armada et son petit frère chez Infiniti. Maintenant que mes arguments contre sont étalés au grand jour, je ne peux qu'être d'accord avec mon collègue quant au style particulièrement réussi de cette nouvelle Quest ainsi qu'à la série d'astuces et de commodités qu'on trouve à l'intérieur. Elle est aussi la plus grosse de sa catégorie et lorsque vous montez à bord, il est facile de le constater. Le moteur de 230 chevaux est adéquat et surtout d'une grande douceur accouplé à une boîte de vitesses à quatre ou cinq rapports si vous optez pour la version encore plus chère. Le confort est au rendez-vous grâce surtout à son empattement très long et vos passagers n'en seront que plus heureux. En résumé, la nouvelle Nissan Quest 2004 est une réussite sur toute la ligne sauf un prix excessif compte tenu du fait que ce type de véhicule s'adresse à la famille. Ah oui, j'oubliais, si les responsables de la compagnie nous consultent, je me ferai un plaisir de leur suggérer de changer le lecteur DVD de place parce qu'au Québec, la neige est partout, surtout sur le bas des sièges où se trouve le lecteur. Jacques Deshaies

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