Nissan Altima, tout ce qui monte...

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Oui, tout ce qui monte doit un jour redescendre. Encensée par la critique à ses débuts, l'Altima se retrouve aujourd'hui à l'ombre des projecteurs. Le renouvellement successif de la Camry, de l'Accord et de la 626 n'a fait qu'accentuer ses défauts et détourner nos regards. Dieu que le monde est cruel.

Si cette entrée en matière brosse un tableau plus pessimiste de l'Altima, il est bon de rappeler qu'il s'agit de l'inexorable destin auquel est confronté, un jour ou l'autre, toute création automobile. Rappelons cependant à notre mémoire que l'Altima a été la pierre angulaire du renouveau de Nissan. Autant la génération précédente était incolore, inodore et sans saveur, autant la génération actuelle a suscité et suscite toujours l'appétence (qualificatif rarement attribué à une Nissan au cours des dix dernières années) des consommateurs à la recherche d'une berline spacieuse et accessible financièrement. Sacrée voiture de l'année dès sa sortie, l'Altima n'a pas mis de temps à faire tinter le tiroir-caisse de Nissan et du coup donner le coup d'envoi au plan de restructuration concocté par Carlos Gohsn. Seulement voilà, les fleurs lancées devant les roues de cette Nissan se fanent maintenant que la concurrence montre des crocs plus acérés.

La très forte opposition des Camry, Accord et 6 n'explique pas tout. Rappelez-vous que l'Altima fut développée au c?ur d'une période d'incertitudes politiques et financières, il y avait, hypothétiquement, tout lieu de craindre que ses concepteurs aient été contraints de faire certaines économies de bouts de chandelle.

Mais les conditions dans lesquelles a pris naissance cette Nissan importent peu comparativement aux promesses de réussite qu'elle a su tenir. Il faut dire que les responsables de la commercialisation ont enfin compris que pour convaincre dans ce segment, l'Altima ne devait plus être confinée à un rôle de soutien, histoire de ménager l'ego de la Maxima et de ses propriétaires. D'ailleurs, avant que le porte-étendard de Nissan change de peau au printemps 2004, l'Altima n'avait guère à envier à sa grande s?ur. Bien sûr, la qualité des matériaux était moins cossue, la boîte manuelle à six rapports refusait de s'acoquiner au moteur V6, etc. En revanche, sur le plan des dimensions intérieures, l'Altima se révélait la plus spacieuse des deux.

Inutile de chercher midi à quatorze heures, l'Altima nous revient inchangée cette année. Seule une nouvelle teinte extérieure vient colorer la palette existante. Elle conserve conséquemment la forme d'une berline racée assaisonnée d'un zeste d'extravagance avec ses feux arrière verticaux et translucides, que la concurrence n'a pas mis de temps à singer. Hormis la toute jeune Mazda6, cette Nissan cultive toujours une certaine différence face à ses rivales et par-dessus tout apporte un soupÇon d'audace dans une catégorie habituellement frileuse.

Des signes de fatigue

Bien que cette Altima se trouve à cent lieues de sa devancière en matière de comportement routier, elle commence à montrer des signes de fatigue face à ses principales concurrentes. D'ailleurs, pour prendre la mesure de ces dernières, l'Altima ouvre, on le sait, son capot à un puissant moteur V6 capable de livrer de solides performances. Pour faire étalage de son brio, cette mécanique exige toutefois que deux conditions soient réunies. D'abord, que la chaussée soit parfaitement sèche (autrement les roues motrices patinent furieusement), ensuite que vos deux mains soient solidement agrippées au volant qui cherche inévitablement à imposer sa direction à l'image d'une girouette qui se la fait dicter par le vent. L'effet de couple est, bien entendu, moins prononcé dans les versions animées du quatre cylindres de 2,5 litres et c'est tant mieux puisque celles-ci sont tristement dépourvues d'un précieux dispositif antipatinage. Peu importe la mécanique que vous inviterez à se glisser sous le capot, vous aurez toujours le choix entre deux boîtes de vitesses. La manuelle, offerte de série, est peu agréable à utiliser en raison d'une commande un peu coriace et une course plutôt longuette. Quant à l'automatique, elle exécute correctement son boulot.

Un train avant libertin

L'effet de couple ou le manque de souplesse du levier de vitesses ne sont pas les seuls éléments qui portent plus flanc à la critique. À ces deux-là s'ajoutent : train avant « libertin », éléments suspenseurs rigides, tenue de cap parfois aléatoire sur chaussée mal pavée. Et ce n'est pas tout, la qualité de l'assemblage et de la finition ne figurent pas, elles non plus, parmi les principales vertus de l'Altima. Les accostages entre les différents éléments ne sont pas parfaits et la qualité des plastiques (grain, texture) n'atteint pas les standards de ses concurrentes. Il y a aussi l'apparence « très années soixante-dix » du bloc d'instrumentation avec son éclairage orangé et son graphisme vieillot. En revanche, reconnaissons que la position de conduite est agréable (de série, la colonne de direction est inclinable et télescopique), les sièges et la banquette sont fermes mais confortables et les diverses commandes aussi ergonomiques que fonctionnelles. Le coffre, pour sa part, se révèle facile à charger (seuil peu élevé) et modulable puisque le dossier de la banquette se rabat en deux sections inégales pour accroître le volume de chargement.

En résumé, ce portrait en est un assez dur de l'Altima qui, aujourd'hui plus qu'hier, résiste difficilement aux arguments avancés par la concurrence. Preuve que tout ce qui monte doit un jour redescendre.

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