Mercedes-Benz CL, pour initiés seulement

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Quoi de mieux que de conduire le coupé CL de Mercedes ? Conduire une SLR ? Oui, mais dans l'attente de sa commercialisation, le CL demeure LA vitrine technologique du constructeur allemand. Et la conduire se révèle une occasion unique de refaire le plein de nos connaissances sur les technologies qui demain ne « snoberont » plus nos autos.

En prenant place à bord, vous avez mal refermé la portière ? Ne vous en faites pas, car il se trouve qu'un des dispositifs électriques du coupé CL a pour fonction de la refermer pour vous. Et il n'est pas le seul à vouloir vous rendre la vie agréable. Ainsi, dès qu'un passager s'installe à l'arrière, un appuie-tête émerge, tout seul, du dossier de la banquette. Vous voulez faire un appel au bureau ? La secrétaire informatisée (oui, mesdames, il s'agit d'une voix féminine) composera le numéro que vous lui dicterez. Victime d'un moment d'inattention au cours de votre conversation téléphonique ? Si vous avez préalablement enclenché le régulateur de vitesse, celui-ci se chargera automatiquement de maintenir une distance raisonnable par rapport au véhicule qui vous précède, voire de freiner au besoin. Impressionné ? Attendez, des accessoires de ce genre, le coupé CL en regorge. À preuve ces baquets avant multifonctions qui vous réchauffent ou vous ventilent l'arrière-train, vous permettent de régler la longueur d'assise, et s'offrent même à vous masser la colonne vertébrale. Paradisiaque !

Derrière le volant à quatre branches se dessine un tableau de bord aux lignes envoûtantes. Dressez-en l'inventaire, et vous constaterez que rien n'y manque. Dommage toutefois que Mercedes s'obstine à conserver le chétif levier (par ici, à gauche du volant) qui sert à activer le régulateur de vitesse.

Angélique, donc, ce coupé ? Assurément, à plusieurs égards, mais on relève tout de même certains impairs. Comme : l'acné dont souffre son tableau de bord ? vous n'aurez pas assez de vos 10 doigts pour en dénombrer tous les boutons. Il vous faudra d'ailleurs plusieurs heures de lecture et d'expérimentation avant de vous familiariser avec le fonctionnement de cette myriade d'accessoires. Vous aurez de quoi lire pour occuper vos soirées hivernales.

Ça déménage

Avant de prendre la route, un inventaire des technologies embarquées sur ce véhicule s'impose. Tout le savoir de Mercedes s'y trouve : antiblocage (ABS), régulateur de vitesse intelligent (Distronic), suspension active (ABC), antidérapage (ESP) pour ne nommer que ces quatre-là. Rien de bien nouveau si ce n'est que tous ces dispositifs ont été revisités par les ingénieurs afin d'en accroître le niveau de sophistication. La grande nouveauté technique réside dans le système de freinage SBC (Sensotronic Brake Control) dont la caractéristique principale vise à réduire les oscillations de la carrosserie en virage ou en cas de freinage d'urgence. À l'aide de capteurs, ce dispositif traduit le passage rapide de l'accélérateur à la pédale de frein comme une situation d'urgence et réagit automatiquement en augmentant la pression dans les conduites de frein et en positionnant instantanément les garnitures contre les disques. Si l'on prête foi aux assertions du constructeur, la distance d'arrêt s'en trouve alors réduite de 3 %.

Plus de muscle, plus de carrure et davantage de sensations, voilà ce qu'on pouvait légitimement s'attendre de la version 600 mise à l'essai. Impossible d'être déÇu. Sous le long capot se cache un majestueux V12 de 5,5 litres dont la puissance (500 chevaux) est aussi impressionnante que la quantité d'essence qu'il ingurgite. Tantôt grave et sourd, tantôt rauque et caverneux, ce moteur vous joue son concert en direct. Un vrai bonheur. D'autant qu'il y a le son mais aussi l'image, celle d'un décor qui défile à toute vitesse. Ainsi équipé, ce coupé revendique 250 km/h en vitesse de pointe (elle est limitée électroniquement) et moins de 5 secondes pour atteindre 100 km/h.

Pour moins d'émotions, et aussi moins de dollars, sachez qu'il existe une version plus « économique », la CL500. Cette dernière s'anime d'un moteur V8 de 5 litres (306 chevaux) qui, sur papier comme sur la route, n'est pas un modèle de vélocité lorsque chargé de mouvoir un véhicule de près de deux tonnes.

Stabilité suprême

Malgré son encombrement important (impossible de détecter les extrémités de l'auto à son volant), ce coupé se montre très agréable. Il se place facilement sur la trajectoire et aime passer d'une courbe à l'autre si on lui laisse le temps de le faire. Le brusquer ne sert à rien. Si l'on veut l'inscrire très rapidement d'un virage à l'autre, l'inertie générale demande plus de force au volant pour positionner ce châssis rigide mais paresseux. Mais sur voies rapides, c'est un véritable régal de se retrouver en appui, au c?ur d'une grande courbe. Qualifier la Mercedes CL de stable est un euphémisme : une fois placée, elle ne déviera pas de sa trajectoire, quel que soit le programme de la route. La suspension pneumatique, elle aussi d'une complexité sans nom, permet, grâce à une touche du tableau de bord, de régler le degré d'amortissement, voire de surélever le véhicule de 35 mm pour franchir un trottoir un peu haut. Adorable. Qui plus est ? sans l'intervention du conducteur cette fois ?, cette même suspension s'abaisse de 15 mm au-delà de 140 km/h afin de favoriser la tenue de route et d'accroître l'efficacité aérodynamique.

Destinée aux amateurs ? très ? fortunés, la Mercedes-Benz CL impose sa classe, offre une belle efficacité au quotidien et une puissance contenue qui peuvent effectivement charmer. Dommage encore une fois que son prix ait la tête dans les étoiles.

Partager sur Facebook

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires