Lincoln Aviator, l'un vole, l'autre pas

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Une refonte, c'est bien connu, comporte toujours une part de risque : la clientèle peut ne pas aimer. Mais voilà la direction de Ford rassurée. Le renouvellement de l'Explorer a été fort bien accueilli des amateurs. On ne peut en dire autant du Lincoln Aviator, cousin de luxe de l'Explorer, qui lui ne vole pas haut?

Pour la première fois de son histoire, l'Explorer repose sur une plate-forme mécanique taillée expressément pour lui (la génération précédente adoptait celle d'une camionnette Ranger modifiée). En démarrant ainsi à partir d'une feuille blanche, les ingénieurs du constructeur américain ont été en mesure de gommer plusieurs « irritants ». À commencer par une suspension arrière au comportement à ce point désordonné qu'elle donnait généralement aux personnes assises à l'arrière le « mal des transports ». Problème aujourd'hui résolu avec l'adoption d'une suspension arrière entièrement indépendante, une première pour ce véhicule. Un choix technique qui a exigé une bonne dose de créativité puisque l'encombrement d'une suspension indépendante rogne inévitablement sur l'espace intérieur, domaine où l'Explorer a toujours brillé. Et brille toujours, puisque l'empattement a été légèrement accru. À l'avant, la barre de torsion a fait place à des ressorts hélicoïdaux pour éliminer les sautillements qui affectaient, eux aussi, le comportement routier de cet utilitaire américain. Les responsables de Ford se défendent bien d'avoir complètement modifié les éléments suspenseurs en réaction à l'affaire Firestone, mais plutôt à la demande des consommateurs qui visiblement en avaient marre de se faire secouer.

Plus sûr, l'Explorer adopte une kyrielle de dispositifs de sécurité qui, malheureusement, ont mis un certain temps avant de se pointer ! C'est notamment le cas des coussins (et rideaux) gonflables latéraux, du détecteur anti-renversement qui permettra de les gonfler (pour une durée pouvant aller jusqu'à 6 secondes) instantanément si les capteurs enregistrent une inclinaison latérale si importante que le capotage est imminent. Et d'un autre dispositif : l'Advance Trac qui désormais s'offre aussi dans les versions moins cossues, tout comme le témoin de pression des pneus qui figure dorénavant dans tous les modèles.

Sous le capot en aluminium, aucune surprise. Le bon vieux moteur V6 de 4 litres est toujours en poste. Dommage car il manque visiblement d'entrain et nous fait sentir à la moindre sollicitation de l'accélérateur combien il est pénible d'arracher l'Explorer de sa position stationnaire. Un petit conseil, optez plutôt pour le 4,6 litres qui se révélera non seulement moins geignant, mais plus rapide (près de 2 secondes d'écart entre les temps d'accélération), plus costaud (sa capacité de remorquage est supérieure dans les Classes II et III) et presque aussi économique à la pompe. La transmission automatique ne prête pas flanc à la critique et fait de l'excellent boulot en enfilant, sans secousse, les rapports qui tournent dans sa tête.

Sur la route, l'Explorer se révèle nettement plus agréable à vivre au quotidien que son prédécesseur. Les mouvements de suspension sont désormais (mieux) contrôlés, donc nul besoin de faire provision de Gravol pour entreprendre un voyage à son bord, Le confort de roulement a grandement progressé, mais l'Explorer demeure un camion, un vrai, et n'a donc pas le petit côté émasculé de certains de ses compétiteurs. Sachez aussi que le pignon ne se traîne plus les savates sur la crémaillère et permet désormais des changements de cap plus instantanés et aussi une plus grande agilité en milieu urbain.

Glace à la vanille

À l'intérieur, l'Explorer ne donne guère plus à voir. De bonnes notes cependant pour la disposition des principales commandes, à l'exception des commandes électriques du siège (on tâtonne sans arrêt). Mentionnons aussi que, pour faciliter la recherche d'une bonne position de conduite, l'Explorer propose un pédalier réglable (un accessoire que l'on retrouve dans plusieurs autres véhicules de la marque) et une colonne direction non seulement inclinable mais aussi télescopique.

En fait, ce qui retient l'attention est la disponibilité d'une troisième banquette, permettant ainsi à sept personnes de voyager à bord. Une troisième banquette (elle ne se retire pas, mais se camoufle toutefois dans le plancher) qui se révèle plus accueillante aux enfants qu'aux adultes (le dégagement pour les genoux est compté). Autre élément digne d'intérêt : la banquette médiane qui se divise en trois parties (60/20/20) ce qui permet d'emporter, par exemple, vos skis à l'intérieur du véhicule sans sacrifier plus d'une place. À noter à ce sujet que des baquets sont dorénavant proposés.

Le hayon arrière, également repensé, comporte une importante surface vitrée qui s'ouvre indépendamment. Pratique.

L'Aviator : dernière chance

Commercialisé depuis quelques mois déjà, l'Aviator, cette version endimanchée de l'Explorer, tarde à convaincre les consommateurs à casser leur tirelire pour se l'offrir. D'ailleurs, si l'on prête foi à certains fournisseurs de la marque à l'ovale bleu, l'Aviator pourrait être retranché de l'alignement partant de Lincoln, et ce, dès l'année prochaine. Dommage car la présentation intérieure était plaisante à contempler et son moteur de 302 chevaux lui donne des ailes. Des qualités qui malheureusement sont offertes à prix forts. Un Navigator à la place ?

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