Kia Rio, le carnaval est fini ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Une auto pour moins de 14 000 $, Ça ne court pas les rues. La direction de Kia n'est pas sans le savoir et mise comme d'habitude sur un prix de vente très attractif pour détourner la clientèle de la concurrence. Mais l'arrivée de l'Echo Hatchback (Toyota), de la Swift + (Suzuki) et de l'Aveo (Chevrolet) donnera assurément un coup de vieux à cette sous-compacte qui est privée de tout changement cette année.

Soucieuse d'affronter avec les meilleurs arguments une concurrence féroce, la petite sud-coréenne s'habille d'une carrosserie élégante et dans l'air du temps. Bonne idée puisque l'apparence et le prix sont des critères décisifs pour plusieurs consommateurs. Il faut jeter un ?il du côté des accessoires, rayon où la Rio fait des étincelles. D'ailleurs, Kia a bien raison de la présenter comme étant le véhicule par excellence pour nous déplacer « sans qu'il ne nous en coûte un bras ». Les versions plus « cossues » surtout, qui ne nous privent pas de quelques privilèges qui peuvent parfois rendre la vie d'un automobiliste plus agréable, s'avèrent remarquables sur ce point.

Quatre personnes peuvent s'entasser à l'intérieur de cette familiale qui offre un dégagement et un confort tout juste acceptables. Consolez-vous à l'idée que vos bagages et sacs d'épicerie voyageront plus à l'aise. La présentation n'a rien de pimpant et la qualité des plastiques et de la finition du modèle essayé sont à l'image de l'auto : bon marché. Si les espaces de rangement sont assez nombreux et pratiques à l'avant (à lui seul, le coffre à gants est en mesure d'enfourner plus que la documentation habituelle du constructeur), à l'arrière on peut seulement compter sur des pochettes taillées dans l'endos des baquets. Au sujet de ces derniers, celui du conducteur tout particulièrement, mentionnons que les multiples ajustements permettent de trouver une position de conduite agréable, mais côté support latéral, faudra s'agripper plus fermement au volant dont la texture n'a rien d'agréable.

Simplicité volontaire

On s'en serait douté, la Rio ne casse rien sur le plan technique, mais ne nous ramène pas pour autant 30 ans en arrière. D'ailleurs, pour se maintenir au diapason de ses rivaux, le constructeur sud-coréen a augmenté l'année dernière la cylindrée de son moteur qui a progressé de 1,5 à 1,6 litre. C'est peu, tout comme les gains d'ailleurs. Ainsi la puissance est passée de 96 à 104 chevaux et le couple de 98 à 104 lb-pi. Rien pour lui donner plus de caractère.

Si, comme son prédécesseur, le « nouveau » moteur démarre au quart de tour, il m'est apparu moins hésitant. Ça compense pour son manque de discrétion. D'ailleurs, si son niveau sonore était proportionnel à la puissance qu'il transmet aux roues avant motrices, ce moteur serait une véritable fusée. Inutile de rêver, la Rio s'élance toujours aussi timidement et les reprises s'avèrent aussi laborieuses qu'autrefois. Si vous n'avez pas le c?ur de compter ni de ressentir la brutalité avec laquelle la boîte automatique hache ses quatre rapports, sachez qu'il faut un peu plus de 12 secondes pour atteindre 100 km/h. Une vraie paresse de tortue. Si seulement, en retour, cette Kia sirotait les 45 litres d'essence contenus dans son ? minuscule ? réservoir avec plus de modération. On peut espérer mieux avec la transmission manuelle à cinq rapports, mais la précision de son levier n'a d'égale que celle d'une baratte à beurre.

Comme un malheur ne vient jamais seul, la Rio avoue trop de lacunes sur la route pour réellement séduire. Relativement sûre et facile à conduire sur route sèche (à la condition de combattre le fort sous-virage qui se manifeste en entrée de virage), cette sud-coréenne manque simplement d'assurance lorsque le coefficient d'adhérence de la chaussée est faible. Le coupable se nomme Toyo, un manufacturier de pneumatiques dont les enveloppes ne sont manifestement pas aussi adhérentes sur sol détrempé que celles de marques plus réputées. Les pneus sont également responsables des distances d'arrêt plutôt longuettes de la Rio qui dispose, soulignons-le, d'un classique duo disque/tambour qui manque d'endurance et résiste difficilement à l'échauffement.

Sur la route, les éléments suspenseurs de la Rio assurent un confort satisfaisant à la condition que le ruban d'asphalte soit rectiligne et lisse comme la paume d'une main. Mais si toutes ces conditions ne sont pas réunies, la Rio vous promet tout un carnaval, surtout lorsque vous souhaitez augmenter la cadence. La caisse accuse beaucoup de roulis en virage et, faute de fermeté, se déhanche étrangement, nous laissant croire que les éléments suspenseurs sont fixés à de gros élastiques. La direction aussi d'ailleurs. Convenable en ville, cette dernière est trop légère et trop imprécise à vitesse de croisière. En gros, la conduite de la Rio devient vite ennuyeuse et inconfortable (on entendait distinctement les abrasifs laissés par les épandeuses « sabler » les passages de roues lors de notre essai réalisé l'hiver dernier).

Généreuse garantie

Modeste à tous points de vue, la Rio n'est certainement pas l'aubaine annoncée. La légèreté du tarif n'excuse pas des performances (au sens large du terme) et un agrément de conduite aussi limités. Va toujours si ce véhicule, au demeurant fiable et appuyé par une généreuse garantie, est utilisé comme véhicule secondaire. Principal ? Je ne sais pas pour vous, mais moi je préfère attendre le bus ! (Voir aussi match comparatif.)

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