Infiniti I35, entre deux chaises

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Infiniti a porté secours à son unique berline intermédiaire en introduisant, l'an dernier, la sportive G35 et la plus puissante et plus luxueuse M45. Mais la première fait si bien le bonheur des acheteurs et la seconde fait si bien le pont avec la Q45 qu'on se demande ce qu'il reste comme part de marché à l'I35, une version au sang bleu de la Nissan Maxima.

Ironiquement, les deux principales rivales de l'I35 ont le même problème : l'Acura TL, en version berline, cherche encore une niche pour s'y faire une réputation, tandis que la Lexus ES 330 ne se distingue pas réellement de la Toyota Camry, dont elle est une descendante directe.

Introduite en 2002 sous sa forme actuelle, l'I35 a eu droit l'an dernier à quelques modifications dans l'habitacle. À l'extérieur, aucun changement n'a été apporté depuis que l'I30 lui a cédé le plancher. Sa ressemblance avec la Q45, le porte-étendard d'Infiniti lancé la même année, s'exprime dans ses phares oblongs et sa calandre à l'horizontale. Le renouvellement de ce modèle est prévu pour l'année prochaine, ce qui explique qu'on le retrouve cette année pratiquement inchangé.

Entre-temps, Infiniti a complètement changé de philosophie dans la conception de ses véhicules, isolant l'I35 du reste de la gamme ; elle est la seule berline Infiniti à traction et à vocation strictement luxueuse.

Pour l'instant, on a le choix entre deux versions : l'I35 de Luxe et l'I35 Sport. La première propose un équipement de série très complet, incluant un système de contrôle de traction, des phares au xénon et de larges jantes de 17 pouces. À l'intérieur, les sièges avant à réglage électrique sont chauffants et la sonorisation est prise en charge par une chaîne Bose à sept haut-parleurs avec chargeur de six disques compacts. Notez qu'il s'agit de l'une des meilleures chaînes audio offertes de série dans des berlines de ce type.

L'I35 Sport ajoute à cet ensemble une suspension à caractère sportif, un système électronique de répartition du freinage, des jantes en alliage différentes et des pneus plus performants à cote V.

Dans les deux cas, la décoration de l'intérieur démontre un rigoureux effort de gestion de l'instrumentation. Les ingénieurs qui ont dessiné le tableau de bord ont un sens de l'humour assez tordu, semble-t-il. Assez pour jouer à cache-cache avec le conducteur, dissimulant certaines touches de commande derrière le volant ou carrément sous la planche de bord. C'est dans un état de surprise un peu tardif que votre humble serviteur a plus ou moins accidentellement mis l'index sur l'interrupteur opérant le volant chauffant, logé à côté des commandes de mémorisation de la position du siège du conducteur.

En revanche, le rangement est remarquablement généreux. Le coffre, l'un des plus spacieux de son segment, est très profond et son accès n'est pas encombré, contrairement à plusieurs, par un pare-chocs surélevé ou par un capot mal conÇu. Mais à ce chapitre, les Américains dominent toujours. Jetez un coup d'?il au volume du coffre d'une Chrysler 300M !

Déjà vu

L'I35, comme l'indique son appellation, est équipée du V6 de 3,5 litres comme la plupart des véhicules Nissan et Infiniti. Sa configuration est semblable à celle de la Maxima, à 255 chevaux, ce qui fait de l'Infiniti la plus puissante berline parmi ses concurrentes directes, abstraction faite de l'Acura TL Type S, qui fait osciller le compteur à 260 chevaux.

Sa boîte automatique à quatre rapports est par contre totalement dépassée par la situation et ne contribue pas à réduire la consommation d'essence du six cylindres. Ce V6 est peut-être parmi les plus fiables et les plus durables, mais il figure aussi dans le peloton de tête des plus gros consommateurs de carburant.

Si ces facteurs sont importants pour vous, vous préféreriez sans doute vous tourner vers la G35 qui, avec le même moteur et une boîte automatique à cinq rapports, vous permettra de profiter d'un peu plus de puissance et d'agrément de conduite.

Car il va sans dire que l'I35 n'est pas un exemple de conduite sportive, voire de conduite agréable. Son but avoué n'est plus de concurrencer les européennes au tempérament bagarreur comme la Série 3 de BMW ou la Classe C de Mercedes-Benz. La G35 s'en charge très bien. C'est lors de longs trajets d'autoroute que les qualités de l'I35 sont mises en valeur et non sur les routes secondaires plus sinueuses.

La combinaison d'une direction paresseuse à une suspension qui n'a aucun nerf donne l'impression de rouler sur de la ouate. Les accélérations sont rapides et les reprises vous mettent en confiance lors de dépassements, mais ne comptez pas sur l'ensemble Sport pour vous griser dans les courbes. Le roulis est important et les pneus perdent beaucoup d'adhérence lorsqu'ils ont affaire à un pavé inégal. La suspension n'est pas réglée pour éviter le sautillement que provoquent les imperfections de la route, ce qui n'est jamais bienvenu en virage. En fait, on a parfois l'impression que la caisse réagit toujours avec une seconde de retard sur le reste du véhicule.

À l'an prochain !

L'introduction dans la gamme Nissan d'une nouvelle Maxima plus puissante et complètement redessinée signifie qu'on doit s'attendre sous peu à des changements du côté de l'I35. Propulsion et performance étant les deux mots clés pour Infiniti, le constructeur japonais ouvre la voie à l'interrogation suivante : l'I35 2005 sera-t-elle une autre copie plus léchée de la Maxima ou aura-t-on droit à une intermédiaire à propulsion qui provoquera le même impact dans son créneau que la G35 l'année dernière ? Avouez que vous avez hâte de connaître la réponse?

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