Infiniti G35 Coupé, indécis, lisez ceci

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Si vous hésitez entre acquérir un coupé ou une berline G35 d'Infiniti, posez-vous la question suivante : en échange d'un profil plus provocateur, d'une tenue de route un peu plus tenace et d'un freinage plus acharné, suis-je prêt à sacrifier la douceur, le confort, les deux places additionnelles et le coffre à bagages deux fois plus spacieux de celle que Le Guide de l'auto a hissée l'an dernier au titre de voiture de l'année ? Dans mon cas, la réponse serait non et je peux justifier ce choix puisque j'ai roulé plus de trois mois dans la berline G35 l'an dernier et que j'ai eu l'occasion de conduire abondamment le coupé de la même cuvée.

Bref, il ne serait pas faux de dire qu'autant j'ai été séduit par la G35 quatre portes, autant sa version amputée de deux portières m'a fait déchanter. D'habitude, inconsciemment, on s'attend toujours à beaucoup mieux d'un coupé que d'une berline, sauf que, dans le cas présent, Infiniti a frappé dans le mille le premier coup et s'est un peu emmêlée dans le second. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est toujours plus agréable de découvrir dans une voiture des qualités que l'on ne soupÇonnait pas que de ne pas trouver son compte dans un modèle présumé supérieur à celui dont il est dérivé.

Oui, je sais, je n'ai pas dit un mot des 20 chevaux supplémentaires du coupé G35 par rapport à la berline, mais sachez que cette puissance accrue est carrément introuvable. Surtout avec l'exécrable boîte de vitesses manuelle à six rapports que ce modèle partage avec la Nissan 350Z. Dommage qu'il n'existe par un véritable équivalent franÇais du terme anglais notchy qui décrit tellement bien la course du levier de vitesses. Non seulement l'embrayage manque de progressivité, mais on doit composer avec un levier au guidage difficile et rugueux. Si je devais me résoudre à conduire une Infiniti G35 coupé, je choisirais sans hésiter la transmission automatique, au risque de me faire traiter de débile.

Parlons accélérations

La boîte manuelle est non seulement d'usage peu agréable, mais aussi mal étagée. On dira ce que l'on voudra sur les temps d'accélération de Pierre, Jean, Jacques, mais il n'en demeure pas moins que la voiture est incapable de boucler le 0-100 km/h sous la barre des 7 secondes parce qu'il faut obligatoirement enclencher le troisième rapport (autrement le rupteur coupe l'alimentation) autour de 96 km/h. D'où un 0-60 mph (milles à l'heure) très enviable (autour de 6 secondes) mais un 0-100 km/h ruiné. D'accord, une voiture possède d'autres qualités que ses accélérations. Il y a notamment le confort qui, entre vous et moi, n'est pas terrible dans le coupé G35. La tenue de route, en revanche, s'avère impressionnante. Vérifiée avec et sans l'antipatinage, la voiture sous-vire raisonnablement avec l'assistance électronique alors qu'elle se montre plus facile à mettre en dérapage sans l'aide du système. Cela dit, elle reste parfaitement en équilibre du moment que l'on joue un peu du volant et les pneus montrent une bonne adhérence. Qu'importe la vitesse, la tenue de cap demeure sans problème et le châssis possède toute la rigidité voulue sur mauvaise route. Les freins Brembo à étriers jaunes (encore un emprunt à la 350) impressionnent aussi par leur force de ralentissement.

La boîte de vitesses manuelle n'est pas la seule à blâmer pour les performances ordinaires du coupé G35. Dans la voiture mise à l'essai, on avait l'impression que le V6 3,5 litres de 280 chevaux était bridé et manquait de souffle à haut régime. Bref, la berline conduite sur plus de 6000 km avec sa transmission automatique était pas mal plus en verve. Louons par ailleurs la faible consommation de ce gros V6 qui sait se contenter en moyenne de 10 litres aux 100 km, ce qui est assez remarquable.

L'ergonomie encore et toujours

L'ergonomie, qui n'est déjà pas le fort de la berline, semble encore plus déroutante dans le coupé. Les réglages de sièges et de rétroviseurs continuent de jouer à cache-cache, le fonctionnement de l'ordinateur de bord n'est toujours pas facile à assimiler et le conducteur d'un coupé doit composer en plus avec une ceinture de sécurité difficile à attraper et avec des porte-verres placés beaucoup trop à l'arrière de la console pour être utilisables. Et les plus tatillons trouveront que les deux portières sont très encombrantes et la visibilité de trois quarts arrière plutôt moche. À propos, si l'on fixe le panneau de caisse arrière, on arrivera à lui trouver une certaine ressemblance avec l'ancienne Nissan 300ZX Turbo. Pas vilain.

Pour ce qui est de la banquette arrière, on peut exclure cette Infiniti G35 de la catégorie des coupés quatre places. Des passagers de petite taille arriveront toujours à s'y installer, mais ce n'est pas le genre de punition à imposer à vos enfants, à moins qu'ils insistent. Le coffre n'est pas immense, mais très acceptable dans les conditions. Les sièges avant offrent par ailleurs un grand confort et font leur part pour assurer une bonne position de conduite. Bien sûr, le volant réglable solidaire du bloc des instruments est un atout à ce chapitre.

Comme vous, j'aurais cru que le coup de c?ur éprouvé l'an dernier pour la berline G35 ne ferait que s'accélérer en conduisant le coupé. Or, le miracle ne s'est pas produit. Cela ne fait pas du coupé G35 une mauvaise voiture pour autant, mais cela permet de constater que l'appréciation totale d'une automobile passe par toute une série de petits détails. Bref, avec sa capacité d'étonner, la berline m'a plu davantage que le coupé.

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