Hyundai XG350, l'auto Muzak

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Tout le monde connaît « Muzak », au moins pour avoir entendu dans les endroits publics cette musique constituée d'un assemblage sans fin d'interprétations très libres de grands classiques, destinée à rendre l'état d'esprit des consommateurs perméable aux techniques de marketing. Eh bien, c'est tout comme la Hyundai XG350 qui voudrait bien sonner comme une symphonie, mais qui ressemble plutôt à du James Last, un spécialiste des reprises instrumentales qui fait dans le sirupeux.

Bref, il y a quelque chose de tape-à-l'oeil dans la XG350. La plus chic des berlines Hyundai vendues en terre d'Amérique devrait en principe soigner une image de raffinement et de distinction, mais un ensemble d'irritants la privent de l'éclat et du prestige que ses concepteurs avaient souhaité pour elle. Dès lors, son argumentation devient essentiellement comptable : elle donne plus d'accessoires de luxe pour moins cher. Il reste à savoir si la clientèle de « mélomanes » ciblée peut être sensible à une mélodie qui donne plus de « notes » pour le même prix.

Un accent passéiste

À l'origine, la XG350 entendait se frotter à des modèles concurrents bien établis comme la Nissan Maxima, la Honda Accord V6 et la Toyota Avalon. Oublions Ça tout de suite ! C'est à plus juste titre qu'on la compare par son parfum vieux jeu à des productions américaines comme les Buick Regal et LeSabre. On a en effet drapé cette coréenne d'une robe aux lignes désuètes et tarabiscotées, dont l'arrière n'est pas sans évoquer les austères véhicules de défilé utilisés par les généralissimes locaux dans certains pays sous-développés. La Sonata apparaît quant à moi bien mieux réussie, et j'ai bien peur que les microscopiques retouches esthétiques apportées à l'édition 2004 ne suffiront pas à lui conférer le prestige commandé par son rang.

Le design intérieur puise heureusement à des eaux plus contemporaines. À défaut d'être très original (il ressemble à ce qu'on a déjà vu chez Toyota et Lexus), le tableau de bord est assez simple et fonctionnel, et l'habitacle accueillant fait appel à des matériaux de qualité correcte, même s'ils ne respirent pas l'opulence. On aurait pu mettre moins de similibois (ce n'est plus une planche de bord, mais un panneau de « préfini » troué pour les instruments), mais l'environnement n'en demeure pas moins convivial. Et la finition, qui était manifestement au rang des priorités pour ce modèle, satisfait aux attentes de la clientèle.

Revêtus d'un cuir dont la qualité s'estompe avec chaque année de production, les fauteuils trop plats accueillent confortablement leurs occupants, et ils s'ajustent électriquement. La banquette arrière dispose d'une bonne assise permettant à deux adultes d'y prendre leurs aises, mais un troisième ne tardera pas à pâtir au centre. À peine plus grand que celui d'une Sonata, le coffre déÇoit un peu, même s'il est vrai qu'on voyage plus léger lorsque les enfants ont quitté le nid familial. Heureusement, des sacs de golf y entrent sans que vous ayez à plier vos bâtons, et il s'agrandit à l'aide du dossier fractionnable de la banquette. Les objets plus petits trouveront amplement à se loger dans le coffre à gants de format respectable, ou dans les divers espaces de rangement.

Des performances tranquilles

La lecture de la fiche technique de cette grosse Hyundai laisse entrevoir de belles choses, notamment un V6 3,5 litres d'architecture moderne couplé à une boîte automatique séquentielle à cinq rapports, mais les performances ne sont pas celles qu'on pouvait espérer. Certes, les améliorations apportées au moteur il y a deux ans ont permis de corriger ses défauts les plus criants, notamment un manque de couple à bas régime qui donnait lieu à des creux inquiétants, mais les reprises manquent encore de vigueur. Si le poids élevé de cette berline n'aide pas sa cause, la paresse de la boîte automatique est encore bien davantage à blâmer. Elle fonctionne avec une douceur qui frise l'indolence (les changements de rapports semblent interminables), et l'étagement conÇu pour favoriser l'économie d'essence et le silence de roulement lui enlève tout mordant à vitesse de croisière. Bref, à trop vouloir faire dans le feutré, on a gommé le dynamisme que ce groupe motopropulseur pouvait théoriquement démontrer.

Le châssis aurait lui aussi les a priori requis « pour en donner plus » si les suspensions, au demeurant confortables, contrôlaient plus efficacement ses réactions. Les trajectoires en ligne droite demeurent stables, et les pneus collent assez bien à la route, mais la carrosserie s'incline trop dans les courbes abordées rapidement pour rendre l'exercice attrayant. Le freinage, confié à un ensemble de disques assisté d'un ABS à quatre canaux, procure des arrêts plus courts cette année grâce à des disques de diamètre supérieur à l'avant.

« All dressed »

Pour le reste, le silence de roulement soutient la comparaison avec la concurrence, et la vie à bord paraît bien douce. La XG350 nous est servie « all dressed » avec toit ouvrant, sièges avant chauffants à réglage électrique, climatisation automatique (une seule zone) et ordinateur de bord rudimentaire, en plus des coussins gonflables latéraux. L'on conviendra qu'elle n'a pas grand-chose à envier aux mieux nanties de sa catégorie, si l'on ajoute à cette liste le système antipatinage, l'ABS et une boîte séquentielle à cinq rapports. Soulignons qu'il n'y a pas d'option.

Est-ce suffisant pour racheter ses imperfections ? Une chose est indiscutable : son rapport prix/équipement est très avantageux. À partir de là, tout dépend de vos priorités, et de vos goûts en matière de musique.

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