Hyundai Tiburon, la Ferrari coréenne

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

L'attrait de la nouveauté. Voilà ce qui allume les amateurs de coupés sport ! Ce qui explique pourquoi le succès est éphémère dans cette catégorie, où l'amateur finit inévitablement par trouver qu'il y a plus à voir dans la cour des voisins? Mais ne dit-on pas aussi qu'il existe une exception à toute règle ? La Tiburon de Hyundai en est une puisqu'elle suscite toujours la convoitise même si sa plus récente transformation remonte maintenant à un peu moins de deux ans. Étonnant, non !

Forte du succès que lui témoignent les amateurs de coupés, la société automobile sud-coréene révise en 2004 la nomenclature de ce modèle qui ne sera dorénavant déclinée qu'en trois versions : modèle de base, SE et Tuscani. Cette dernière, la plus emblématique, vise à séduire une clientèle plus exigeante en matière de performances.

À l'?il, rien ne permet de croire que cette Tiburon n'est pas aussi nouvelle qu'elle le prétend. Pourtant, le renouvellement survenu en 2003 a été plus esthétique que mécanique. Cet exercice est tout de même positif avec une carrosserie qui, sans être le fruit d'une très grande vision ? sous certains angles, elle singe celle d'une Ferrari ?, n'en est pas moins séduisante et tape-à-l'?il. Toujours dotée d'un hayon arrière, elle habille un châssis non seulement plus rigide depuis l'an dernier mais également plus généreux en termes de dimensions. En revanche, toutes ces transformations ont été en partie responsables d'un gain de poids non négligeable.

Peu importe la version retenue, l'éventuel acheteur a droit, sans frais supplémentaires, à une guirlande d'accessoires. Outre les jantes en alliage de 16 pouces, toutes les Tiburon bénéficient d'un essuie-glace de lunette arrière (indispensable), d'un lecteur de disques compacts, de phares antibrouillards et d'une foule d'accessoires à commande électrique (glaces, verrouillage et rétroviseurs extérieurs). On peut tout juste regretter l'absence, pour ceux qui opteront pour les versions de base et SE, d'un système antiblocage de freins (ABS). La version Tuscani, elle, ne manque de rien. Elle va même jusqu'à tapisser ses baquets et sa banquette d'une sellerie de cuir. Agréable ! Mais ce le serait encore davantage si Hyundai avait eu l'heureuse initiative de nous offrir cette fois des sièges chauffants. On peut également rouspéter contre le manque d'espaces de rangement, l'accès difficile et le manque de confort des places arrière, le dégagement pour la tête surtout. À cet effet, attention en refermant le hayon, celui-ci risque de « raccourcir » vos passagers. En contrepartie, saluons l'à-propos de l'instrumentation et la disposition étudiée des principales commandes dans l'environnement du conducteur.

Distribution variable pour tout le monde

Même si elle s'est taillé un joli palmarès sportif, la Tiburon n'est jusqu'ici pas parvenue à détourner les regards des amateurs qui, sans même avoir cherché à se faire une opinion fondée à son sujet, ont tranché : un coupé doté d'une technologie simplette. Certains devront se raviser puisque cette année les deux moteurs qui bataillent pour se glisser sous le capot sont dotés d'un dispositif de distribution variable des soupapes. Pas de quoi transformer ces deux mécaniques en foudres de guerre, mais l'effort est appréciable.

Distribution variable ou pas, le moteur V6 de 2,7 litres n'est pas à proprement dit une mécanique très portée sur les performances. De fait, le rapport poids/puissance de cette Tiburon est à peine plus avantageux que celui d'une Sonata V6. Par rapport aux mécaniques qui animent les Celica et autres RSX Type S, le V6 Hyundai se révèle plus docile, plus onctueux (la musique qui fuit des échappements flatte l'oreille) en plus de faire preuve d'une plus grande souplesse à bas régime. Toutefois, pour l'amateur qui recherche des performances électrisantes, ce tempérament sera considéré comme trop ennuyeux. Correctement étagée, cette boîte souffre, comme la transmission à cinq rapports d'ailleurs, d'un levier à la précision déficiente et ferme. Consolez-vous à l'idée que la boîte de la Celica n'est guère mieux. Vous craignez de ne pas éprouver de plaisir à « baratter » les rapports ? Sachez alors qu'une transmission automatique à quatre rapports de type manumatique est offerte moyennant supplément.

Embrouille avec les mauvaises routes

Trop timide pour frayer avec ses concurrentes plus fougueuses, la Tiburon demande à être jugée en priorité sur l'efficacité de son comportement. Et, à cet égard, elle est loin de nous émouvoir. Il faut dire que les éléments suspenseurs de la version Tuscani adoptent des ressorts plus fermes, des barres stabilisatrices plus grosses et une monte pneumatique plus agressive (215/45R17) pour plaquer au sol ce coupé coréen. Conséquence de ces réglages : la suspension est très ferme et les bruits de roulement élevés en font une voiture épuisante sur une route mal pavée. De plus, malgré la présence de pneumatiques aussi larges, la Tuscani ne parvient pas à farder sa nature très survireuse et son manque évident de motricité dans les virages serrés. Un brin lourde en appui, la direction se révèle suffisamment rapide et précise pour nous inciter à soigner nos trajectoires. Quant aux freins, ils résistent relativement bien à l'échauffement, mais leur efficacité demeure honnête, sans plus. Qui plus est, la pédale s'est avérée, dans le modèle essayé à tout le moins, un peu spongieuse.

Bilan mitigé à l'égard de cette Tiburon. Bien qu'il soit joliment tourné, abordable et fort bien équipé, ce coupé sport n'est cependant pas une aussi fine lame que ses principales concurrentes en matière de comportement routier.

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