Honda Element, iconoclaste patenté

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Même Honda peut commettre des erreurs ! N'ayez crainte, ce n'est pas la décision de produire ce modèle qui est en cause, mais bien le fait d'avoir sous-estimé la demande pour cet utilitaire pour le moins baroque. Pire encore, alors que seuls les jeunes acheteurs étaient ciblés, voilà que des personnes de tous les groupes d'âge craquent pour cette boîte à chaussures sur roues ! Y compris votre serviteur.

En effet, Honda ne réussit pas à répondre à la demande, prouvant ainsi qu'on ne peut pas toujours se fier aux études de marché. Chose certaine, ce n'est certes pas pour sa silhouette que les gens vont acheter un Element, quoique l'on est sûr de se faire remarquer à son volant. Ce n'est pas non plus pour ses performances puisque cet ultra utilitaire peine à la tâche dans sa version à transmission intégrale. Cette dernière est non seulement lourde, mais d'une conception très élémentaire avec un temps de réaction si long que le sous-virage donne l'impression de conduire une traction. Sans doute moins passe-partout, le modèle deux roues motrices vous fera au moins gagner un bon 4 secondes sur le 0-100 km/h. En outre, le moteur de 160 chevaux est beaucoup moins gourmand dans cette version puisqu'il se contente de moins de 10 litres aux 100 km contre près de 14 avec l'intégrale.

Puisque ce modèle est largement dérivé du CR-V, il en conserve les qualités routières et le raffinement du châssis. Cependant, avec un volume de caisse plus élevé, il se révèle plus sensible au vent latéral, même si cela n'affecte pas la tenue de cap outre mesure. La puissance est un peu juste mais reste honnête pour ce type de véhicule en vertu d'une transmission automatique fort bien adaptée à son rôle. Ce n'est que lorsque ce Honda est chargé à bloc qu'il faut retenir son souffle au moment des dépassements. Avant de l'oublier, soulignons au passage le très court diamètre de braquage. Une qualité appréciée puisque ce modèle se prête fort bien au « viraillage ».

De tout de tous

Si la silhouette éclate d'originalité, la présentation de l'habitacle est relativement conventionnelle, bien que la qualité des matériaux soit à retenir. Le levier de vitesses est intégré à la console centrale comme dans la Civic SIR et s'avère tout aussi pratique. Le volant est similaire à celui du Pilot tandis que les trois blocs circulaires d'instruments apportent une certaine touche d'élégance. Notons au passage la qualité de la chaîne stéréo soulignée par notre expert, Richard Petit. Par contre, les cadrans indicateurs sont très difficiles à consulter le jour. Il faut toutefois accorder de bonnes notes aux commandes de la climatisation, faciles à déchiffrer et à utiliser. La planche de bord comprend également un tablette de rangement en sa partie centrale. Malheureusement, les ingénieurs ont choisi la section inférieure de la console médiane pour y installer un caisson de grave dans la version Y. Souvent, j'ai eu le réflexe de tenter d'ouvrir ce compartiment pour y déposer des objets. Il est vrai qu'il existe un espace de rangement sur le pavillon, directement au centre, mais les objets ont tendance à glisser hors de cette tanière si quelqu'un oublie de fermer la porte d'accès.

Assez pour les détails d'aménagement ! Parmi les points les plus importants, il faut souligner le plancher recouvert d'un épais tapis en caoutchouc pouvant être facilement lavé à grande eau. Les sièges arrière, d'un confort relativement moyen, peuvent être repliés le long des parois de la cabine. L'opération n'est pas nécessairement aisée, mais il suffit d'une ou deux tentatives pour que cela devienne une seconde nature. Les ingénieurs Honda ont même conÇu un mécanisme permettant de les enlever complètement, ce qu'un adulte peut faire seul sans problème. Compte tenu de la hauteur de ce véhicule, le dégagement pour la tête se place dans une classe à part. C'est, de loin, le véhicule offrant la meilleure habitabilité compte tenu de son faible encombrement. Ce gabarit permet de transporter des objets fort encombrants. On peut même enlever lanterneau arrière pour faciliter le transport de certains objets verticaux ou pour créer un puits de lumière.

Le seuil de chargement bas facilite l'accès à la soute à bagages tandis qu'un hayon en partie supérieure et un battant de moyenne hauteur se chargent de fermer cet orifice de grandes dimensions. Cette combinaison permet d'ouvrir le hayon dans des endroits assez bas tandis que le battant inférieur sert d'appui et même de siège. Le transport d'objets longs est facilité par la possibilité de rabattre le dossier du siège du passager avant vers le tableau de bord. Une autre caractéristique unique à ce Honda est la présence d'un panneau d'accès derrière chaque portière avant. Puisque le pilier B a été éliminé, cela permet d'obtenir une ouverture latérale très large facilitant l'accès aux sièges arrière ou le dépôt de bagages. Et malgré la disparition de ce pilier, un ingénieux système de verrouillage a permis d'obtenir un niveau de sécurité tout aussi élevé que celui offert par un modèle conventionnel.

L'Element est un véhicule à part qui ne fait aucune concession à l'esthétique et qui privilégie le caractère pratique à tout prix. Malgré tout, sa silhouette particulière passe mieux que celle du Pontiac Aztek et exerce même une curieuse attraction tandis que son comportement routier plus qu'honnête se conjugue à son caractère « je transporte tout » pour en faire un succès auprès de tous les groupes d'âge. Pour paraphraser la publicité de VW, le Honda Element n'est pas dépourvu de qualités, mais il faut être fait pour ce type de véhicule. Posez-vous la question?

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