Ferrari 456M, salut l'artiste

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

S'ils étaient toujours de ce monde, croyez-vous que les Da Vinci, Picasso et Gauguin retoucheraient leurs chefs-d'?uvre ? Jamais, dites-vous, et vous avez sans doute parfaitement raison. On ne revient pas sur une grande ?uvre au risque de la dénaturer ; et pourtant, la maison Pininfarina, qui a donné formes et couleurs à plusieurs générations de Ferrari, a retouché ces dernières années, et avec succès, l'une de ses nombreuses pièces maîtresses : la 456.

Un pinceau, guidé de main de maître, lui a ainsi retiré son suffixe GT original pour signer d'un M (pour Modificata), mais non sans avoir au préalable effacé les délicates entailles pratiquées sur son capot (désormais en fibre de carbone) et éclairé sa calandre d'une paire de phares antibrouillards. Que ce soit avant ou après les retouches apportées à la 456, Pininfarina, le sculpteur attitré de Ferrari, mérite qu'on lui élève un monument. Cette sublime ?uvre d'art sur quatre roues n'accapare- t-elle pas d'ailleurs le regard avant même de fendre l'air ? Que ceux qui ne frissonnent pas à sa vue osent seulement lever la main.

Coup d'?il dans la lorgnette

Même si les années n'ont aucune emprise sur elle, la 456 prépare néanmoins sa sortie. En effet, il y a quelques mois, la célèbre maison italienne a dévoilé les premières esquisses de celle qui assurera la descendance de la 456 et dont la première sortie publique est prévue en janvier dans le cadre du salon automobile de Detroit où son nom définitif sera également annoncé. Selon certaines sources, il pourrait s'agir de 460 Bologna ou de 460 Fiorano. Les premiers exemplaires poseront leurs pneus dans les rues quelques semaines plus tard. Toujours dessinée par Pininfarina, la future GT de Ferrari adopte un style très épuré aux lignes à la fois fluides et prononcées, surtout derrière les roues avant. Le capot, toujours aussi long, pourrait accueillir le splendide V12 6 litres de l'Enzo abaissé à 500 chevaux. Plus puissante que la 456, elle sera aussi et surtout plus légère que sa devancière. Selon nos informations, elle devrait en effet recevoir un châssis en aluminium, comme celui utilisé sur la 360 Modena. Une transmission semi-automatique à six rapports serait appelée à transmettre la puissance aux roues arrière motrices. Bardée d'électronique et très bien équipée (système de navigation DVD?), cette voiture promet un habitacle à la hauteur du prix qu'elle commandera. Tant mieux puisque ce n'est pas du tout le cas de la génération actuelle qui, malgré de jolis baquets vêtus de cuir, est d'une banalité sans nom. Heureusement qu'il y a la grille nickelée dans laquelle on vadrouille le levier de vitesses et la petite plaque rappelant les récentes conquêtes de Maranello en Formule 1 pour se convaincre que nous sommes bel et bien aux commandes d'une Ferrari. Ce coupé 2+2 comporte deux baquets à l'arrière, mais soyez prévenus, ils se révèlent peu accueillants. Soucieuse de ne pas compromettre l'équilibre des masses de la 456 à transmission automatique (la répartition du poids est passée de 51/49 à 49/51, Ferrari a, rappelons-le, monté l'ensemble boîte-différentiel sur le train arrière. Une décision fort heureuse, mais qui réduit tout de même le volume du coffre, déjà petit.

Lâchez les chevaux

Même si elle n'est pas aussi sophistiquée que celle qui lui succédera dans quelques mois, la 456 donne encore à voir, à entendre et à vibrer aux amateurs d'automobiles d'exception.

Bien que les Ferraristes purs et durs s'insurgent encore contre la décision d'accoupler le V12 de la 456 à une transmission automatique, (surtout que celle-ci provient de chez General Motors), un fait demeure : 90 % des 456 vendues en Amérique du Nord en sont équipées. À tout prendre, on peut seulement regretter que cette boîte ne soit pas aussi raffinée que tout le reste. D'abord, elle ne comporte que quatre rapports ; mais, ce qui est plus grave, elle bloque le moteur à 6750 tr/min, alors que la transmission manuelle lui permet de s'exprimer librement jusqu'à 7200 tr/min. En revanche, elle sait se faire apprécier dans les embouteillages et elle sied sans doute plus au tempérament feutré de cette auto que la boîte manuelle même si la pédale d'embrayage de cette dernière s'est considérablement adoucie ces dernières années.

Cela étant dit, retenez que la 456 n'est pas destinée aux pantouflards. Ses accélérations arrache-c?ur, ses reprises terrifiantes et sa vitesse de pointe vertigineuse auront tôt fait de vous convaincre de son potentiel. Cependant, son poids élevé pénalise son agilité en plus de mettre beaucoup de pression sur les freins dont les étriers s'édentent rapidement lorsqu'ils sont sollicités trop vivement. En d'autres mots, contrairement aux produits de la marque au cheval cabré, la 456 n'est pas une sprinteuse, mais bien une marathonienne capable de vous faire franchir, à vitesse grand V, de longues distances sans vous épuiser. Cela est rendu possible grâce à une suspension dotée d'amortisseurs à course variable sophistiquée, qui offrent de nombreuses possibilités de réglage. Cette suspension est, par ailleurs, aussi pourvue d'un correcteur d'assiette asservi à la charge, afin que vos (petits) passagers arrière ne compromettent pas le fin équilibre de votre monture bénéficiant d'un précieux dispositif antipatinage qui ne sera cependant pas d'un grand secours sur chaussée enneigée.

Obéissante et polie, la 456 accepte que vous la pilotiez chaussé de vos souliers de course ou de vos Ferragamo, selon votre humeur.

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