Chrysler Intrepid, rideau

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

C'était en 1998. La Concorde et l'Intrepid n'avaient pas encore effectué leurs premiers tours de roues, que déjà la presse spécialisée en faisait les révélations de l'année automobile : deux intermédiaires avec lesquelles il fallait à tout prix prendre rendez-vous. Étonnamment, elles ont perdu de leur superbe aux yeux des médias au fil des années. Et ce ne sont certainement pas les nouvelles couleurs extérieures qui vont changer quoi que ce soit. Et pour cause, le renouvellement de ces deux modèles est prévu dans quelques mois à peine.

Cela dit, on sait très peu de chose sur cette nouvelle génération d'intermédiaires si ce n'est qu'elle renouera avec le principe du tout-à-l'arrière (roues arrière motrice) et que plusieurs de ses composantes auront été empruntées à la Classe E de Mercedes. On raconte que les éléments suspenseurs, le système de direction et quelques artifices électroniques (pas tous) proviendront de la marque à l'étoile. Reste à savoir si le coût des pièces et celui des entretiens seront eux aussi calqués sur ceux pratiqués par la firme allemande. Souhaitons que non.

Mais puisque ces nouvelles intermédiaires ne feront leur première apparition publique qu'au mois de janvier à l'occasion du Salon de Detroit, la direction de DaimlerChrysler fait remonter les Concorde et Intrepid dans le ring pour quelques mois encore.

Joliment dessinée (on dit qu'elle est l'?uvre d'un ancien joaillier), la Concorde adoptait, tout comme l'Intrepid d'ailleurs, le style « cabine avancée » imaginé quelques années auparavant par Chrysler pour accroître le volume de l'habitacle et du coffre de ses véhicules. Sur ces deux points, la concurrence doit d'ailleurs s'incliner face à cette berline qui offre beaucoup de dégagement intérieur et peut accueillir aisément et en tout confort cinq personnes. Ces dernières ont des bagages ? Aucun problème, à condition de pouvoir composer avec le seuil du coffre qui, en raison de son altitude, gène la visibilité vers l'arrière. Mais retournons un instant à l'intérieur pour compléter le tour du propriétaire. Les baquets avant soutiennent très peu, mais le tableau de bord, lui, aligne une instrumentation relativement complète où chaque instrument est déposé dans un cercle de chrome. Par contre, sur le plan de l'ergonomie on trouve à redire au sujet de l'emplacement de certaines commandes (celles de la radio et de la climatisation) qui auraient pu jouer à la chaise musicale pour se rendre plus accessibles au conducteur. De plus, l'applique de similibois qui zèbre le tableau de bord ne se coordonne pas toujours très bien aux teintes intérieures proposées.

Le choix des armes

Le moteur boulonné sous le capot de la Concorde dépend de la version retenue, soit LX, LXi ou Limited. La première adopte le V6 de 2,7 litres (200 chevaux) alors que la deuxième retient les services d'un V6 de 3,5 litres (232 chevaux). Quant à la Limited, elle a droit à une version vitaminée du 3,5 litres qui lui permet de délivrer 250 chevaux. Peu importe la mécanique choisie, sachez que toutes retiennent les services d'une transmission automatique à quatre rapports. Non pas que je veuille vous faire dépenser, mais compte tenu de la vocation de ce véhicule, le 3,5 litres de 232 chevaux m'apparaît le mieux adapté ; il s'avère en effet plus souple à faibles régimes et surtout moins juste que le 2,7 litres, qui doit redoubler d'ardeur sur les routes escarpées.

Cela dit, on retient de la Concorde une qualité d'assemblage et un niveau de rigidité toujours dans le coup, une douceur de roulement étonnante et une grille de tarifs très concurrentielle. On lui reconnaît également un comportement routier sûr et une stabilité hors pair. Dans la colonne des « moins », on retrouve par contre un encombrement qui en gêne plus d'un, une direction plus floue au centre, quoique cette sensation disparaît si vous avez eu la bonne idée d'investir dans le groupe Touring qui bénéficie non seulement d'une direction à assistance variable, mais aussi d'une monte pneumatique plus généreuse. Groupe Touring ou pas, la suspension favorise toujours le confort et la Concorde prend suffisamment de roulis pour vous inciter à sortir vos Gravol, alors que les freins tombent dans les pommes dès qu'ils sont trop sollicités.

Et l'Intrepid ?

Si la Concorde chausse des talons hauts, l'Intrepid, elle, cherche à nous faire croire qu'elle enfile des souliers de course. D'ailleurs, Ça se remarque sur le plan visuel, à condition que le client y mette le prix. Ainsi, vous pourrez vous offrir des jantes au dessin plus sportif et même coiffer le couvercle du coffre d'un aileron, histoire de nous faire croire qu'il s'agit d'une authentique berline sport. Comme les apparences peuvent parfois être trompeuses. Bien sûr, en cochant les bonnes options, il est possible d'améliorer l'adhérence en courbe, mais en échange vous devrez accepter de vous faire brasser un peu plus, surtout sur notre réseau routier. Et ce n'est pas tout : les bruits extérieurs envahissent sauvagement l'habitacle, troublant ainsi la quiétude des occupants qui se trouvent à bord.

Tout compte fait, nous sommes ici en présence de deux berlines spacieuses, vendues à prix très compétitifs et dont le dossier de fiabilité sans être sans tache, s'est grandement amélioré au fil des années. Mais avant d'arrêter votre choix, la sagesse recommande tout de même d'attendre la relève de la garde. Ça risque d'être encore plus intéressant.

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