Chrysler 300M, fin de régime

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Un peu à l'image de son partenaire Mercedes, Chrysler semble avoir une certaine prédilection pour les identifications alphanumériques pour ses berlines de luxe. C'est ainsi que la 300M est la version la plus aboutie de la Concorde. On a voulu en faire en quelque sorte la « Cadillac » des Chrysler. Les responsables du développement des produits n'ont rien négligé pour en faire le modèle phare de toute la gamme tant en fait d'équipement de série que de mécanique plus sophistiquée. Ils ont même concocté une version plus « sportive », la 300M Special, destinée aux amateurs de berlines européennes.

Malgré sa silhouette toujours moderne, la 300M ne sera plus commercialisée d'ici quelques mois, car elle sera remplacée par une toute nouvelle génération de modèles non seulement différents sur le plan esthétique, mais entièrement nouveaux côté mécanique puisqu'il s'agira d'une propulsion. La 300C dévoilée lors du Salon de l'auto de New York donne un bon aperÇu de cette nouvelle venue. Dessinée par l'ex-Québécois Ralph Gilles, elle arborera une silhouette moins classique et il est fort probable qu'un moteur V8 Hemi se dissimulera sous l'emballage, rappelant la glorieuse époque des muscle cars de Chrysler.

Mais revenons au modèle actuel qui poursuit sa carrière pour quelques mois encore. Il n'est donc pas surprenant d'apprendre que les changements sont minimes en 2004 et se limitent à des détails ou à des agencements de couleurs. La silhouette empruntée aux modèles Concorde et Dodge Intrepid a bien supporté le poids des années et elle masque relativement bien le fait qu'il s'agit d'une berline aux dimensions imposantes. Sa longueur hors tout ne fait que 1 cm de moins que celle de la BMW 740i. Il ne faut cependant pas faire l'erreur de comparer seulement les dimensions des voitures, une tendance exagérée chez les constructeurs américains. La 300M n'est pas une option alternative bon marché aux allemandes de grand luxe, mais une grosse berline intermédiaire de mouture typiquement américaine tant au chapitre de la présentation que de la conduite.

Version ordinaire

La plus luxueuse des Chrysler a toujours impressionné par son apparence extérieure et son habitacle bien agencé. Elle a également fait la preuve que les stylistes nord-américains pouvaient concilier innovation, élégance et style classique. Cette silhouette a malheureusement été utilisée pour trop de modèles, ce qui a quelque peu dilué la sauce au fil des ans. Il n'en demeure pas moins que la 300M fait toujours la nique aux tristounettes Buick Park Avenue, Lincoln LS et autres berlines de même catégorie.

La même remarque s'applique à l'habitacle où l'on retrouve un tableau de bord classique et fort bien agencé. Les cadrans avec chiffres noirs sur fond blanc montrent un heureux ménage entre l'ancien et le moderne. Les commandes s'avèrent d'utilisation facile. Les boutons rotatifs qu'on trouve dans cette voiture sont la preuve que ce type de commande est toujours le plus rapide. Une applique en bois aux dimensions parfaites traverse la planche d'un côté à l'autre. La partie supérieure du boudin du volant est aussi en bois. C'est plus élégant que pratique, car le vernis utilisé le rend glissant.

Les claustrophobes vont apprécier la 300M pour son vaste habitacle. Peu importe votre gabarit, vous avez de bonnes chances de pouvoir y prendre vos aises. Par contre, les sièges avant n'offrent pas tellement de support latéral tandis que la banquette arrière est d'un confort moyen avec une assise basse et un dossier trop plat. Heureusement, elle s'abaisse pour augmenter la capacité de charge d'un coffre déjà imposant.

En dépit de son énormité, cette berline surprend par son agilité et un comportement routier prévisible. En virage, le roulis de caisse n'est pas exagéré, la direction est précise et la tenue de route relativement neutre. Poussez davantage et vous allez user les pneus à un rythme alarmant. Sur la grand-route, et même sur des routes secondaires, cette Chrysler constitue un excellent moyen de transport capable de déplacer cinq adultes dans un confort plus qu'acceptable. L'insonorisation reste cependant perfectible.

Un « Special » S.V.P.

Pour les acheteurs qui reprochaient à la M d'être trop traditionnelle, les responsables de la marque ont concocté la Special destinée à lui donner ce petit côté européen tellement apprécié par plusieurs. La suspension a été abaissée et raffermie, le moteur V6 3,5 litres modifié afin d'obtenir 5 chevaux de plus que les 250 de la version « ordinaire » et les roues chromées. Le bois du tableau de bord a été remplacé par une applique en similifibre de carbone.

Si le plumage est attrayant, le ramage est quelque peu décevant. Ces quelques améliorations permettent de bénéficier d'une tenue de route améliorée, mais au détriment du confort de la suspension. Il suffit de quelques minutes à son volant pour découvrir que l'insonorisation n'est pas le point fort de cette voiture. Et les cinq maigres chevaux de plus nous obligent à utiliser de l'essence « super ». Tout cela pour grignoter quelques dixièmes de seconde sur le temps d'accélération. Enfin, la possibilité d'aborder les virages avec plus de vélocité nous permet de découvrir que le siège du conducteur n'offre pas plus de support latéral que dans la version ordinaire. En revanche, le volant gainé de cuir assure une meilleure prise en main.

Malgré ces quelques bémols, il faut pardonner bien des choses à cette voiture compte tenu du prix demandé, surtout par rapport à la concurrence.

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