Chrysler Crossfire, opération charme

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

Vous savez dans la vie, il y a des gens, des moments ou des voitures qui vous séduisent. Personnellement, depuis que j'ai aperçu le modèle concept présenté dans les salons de l'auto il y a déjà 3 ans, je suis tombé amoureux de la Crossfire. La finesse des détails et le charme qu'elle dégage ont fait battre mon coeur. Et quand j'ai eu le bonheur de m'y asseoir, le coup de foudre s'est poursuivi. La Crossfire et moi, c'est une histoire d'amour pas tout à fait consommée. Du moins pas assez à mon goût.

Il faut dire que de l'extérieur, peu de voitures ont autant de style. Le long capot, strié de lignes délicates, donne l'impression qu'il est prêt à fendre l'air, alors que les courbes arrondies de l'arrière confèrent un petit côté sensuel à la silhouette. Bref, un air à la fois classique et légèrement rétro sur lequel le temps ne devrait pas avoir de prise. Indémodable, certes, mais toujours aguichant j'en suis persuadé. Et surtout, toujours capable de faire tourner les têtes, tant en version coupé qu'en version cabriolet.

Zone zen

L'habitacle de la Crossfire, c'est l'expression zen de la voiture. Cette Mercedes déguisée (rappelons que DaimlerChrysler est propriétaire des deux bannières, et que la Crossfire est assemblée en Allemagne) a une cabine de pilotage dotée d'une sensualité unique.

Dès qu'on y plonge - et le mot plonger n'est pas trop fort quand on regarde la hauteur du véhicule - on se sent enveloppé d'une atmosphère ouatée. Il ne manque en fait que la petite musique nouvel âge pour nous donner l'impression que nous venons de sauter (plonger !) dans un autre monde. Un peu comme si l'habitacle de la Crossfire était une bulle qui nous isole du stress environnant.

Les couleurs douces et chaudes, notamment l'orangé doucereux qui orne sièges et planche de bord, se marient à merveille avec les formes courbes du toit, et surtout avec le fini aluminium brossé aux tendances résolument modernes.

Le tableau de bord lui-même rappelle fortement celui des berlines allemandes de luxe. Le support latéral est logique, sans plus et il faut croire que l'on a manqué de rembourrage pour les sièges. Malgré tout, l'ensemble respire le luxe et l'abondance.

Malheureusement, comme pour beaucoup de coupés sport, il faut souffrir un peu pour être joli. La conséquence est évidente : l'espace est limité, la visibilité (surtout à l'arrière et dans les angles morts) est une notion théorique et les commandes sont parfois fort mal situées. Celui qui a pensé mettre le bras du régulateur de vitesse juste au-dessus des clignotants devrait être forcé de s'en servir une semaine, histoire de constater à quel point la confusion est facile et déplaisante. Cette vision est toutefois directement inspirée de la grande soeur Mercedes. Ce n'est pas la meilleure importation, croyez-moi !

Comme la visibilité est difficile, et parce qu'on est profondément enfoncé dans le siège, il est difficile d'apercevoir les objets directement autour de la voiture. De surcroît, la Crossfire étant montée sur des pneus à profil extra bas, et si vous êtes comme moi pas très bon pour stationner en parallèle, il faut s'assurer de vérifier deux fois plutôt qu'une la distance qui nous sépare du trottoir si on veut garder les jantes en santé.

Mentionnons tout de même que les commandes sont nombreuses et permettent de contrôler plusieurs des mécanismes de sécurité. On peut par exemple déployer manuellement un aileron arrière qui autrement se déploie automatiquement à 80 kilomètres à l'heure, ou enlever le système de traction asservie dont est dotée la Crossfire.

Zone rapide

La Crossfire coupé possède une tenue de route exemplaire. c'est d'ailleurs ce qui attire immédiatement l'attention de tout pilote un peu sérieux, dès le premier essai. Avec une telle voiture, s'engager dans la trajectoire la plus complexe relève du pur plaisir. Pas besoin de se casser la tête, la voiture répond au quart de tour et toutes ses composantes travaillent dans le même sens que le conducteur. Le résultat est impressionnant.

La direction est d'une précision chirurgicale, et peu importe la trajectoire, la voiture s'engouffre littéralement dans les virages sans même faire ressentir la moindre envie de déviation. Une réussite de précision donc qui n'a qu'un défaut : la motorisation. Si jamais le conducteur commettait une erreur trop grave, les systèmes de sécurité, copiés sur Mercedes, apporteront les corrections nécessaires pour éviter le pire.

Heureusement, en créant la version cabriolet de la Crossfire, on a su maintenir la rigidité du châssis. Pour le plus grand bonheur des conducteurs d'ailleurs, puisque la tenue de route est aussi efficace, et on sent même que le châssis pourrait absorber quelques chevaux de plus.

Le moteur, la version unique qui équipe les deux modèles, développe 218 chevaux et est jumelé à une boîte de vitesses 5 rapports pour l'automatique et à 6 vitesses pour la manuelle. Dans les deux cas, j'ai trouvé les sensations du mécanisme pas très fermes et d'une rapidité un peu douteuse. Le couple du moteur fait du bon travail, mais un étagement plus rapproché des rapports aurait permis au moteur d'être utilisé davantage et d'offrir un peu plus de puissance.

Cette sous-motorisation, qui est le pire problème de la Crossfire, trouvera cependant correction dès cette année puisque Chrysler a mis en marché une version performance de la voiture, la SRT-6. Au total, 330 chevaux sont développés par un tout nouvel engin de 3,2 litres. On a aussi amélioré les capacités de freinage et créé une toute nouvelle machine dans la lignée des Viper SRT-10 ou des SX SRT-4.

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