Bentley Arnage / Continental GT, mourir ? Pourquoi ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

BENTLEY ARNAGE / CONTINENTAL GT, Il est de ces gens, de ces équipes sportives, de ces entreprises qui refusent de mourir. Ils tutoient la Grande Faucheuse, la bousculent même à l'occasion et vont jusqu'à la défier en duel. Inévitablement, la mort finit toujours par gagner. Mais quelquefois sans gloire. Le jour où la compagnie Bentley s'endormira pour de bon, la mort sera assurément essoufflée !

Bref retour sur la vie tumultueuse d'une grande entreprise. Fondée en 1919 par W. O. Bentley, la compagnie de Crewe, en Angleterre, multiplie les prouesses techniques et savoure de nombreuses et très importantes victoires en course. Au bord de la faillite à la suite du krach économique de 1929, Bentley est rachetée par Rolls Royce en 1931. Lentement mais sûrement, les Bentley deviennent simplement des Rolls un peu plus sportives. La mort rôde encore?

Jusqu'à tout récemment, Bentley ne pouvait compter que sur un modèle calqué sur la génération précédente des Rolls Royce, l'Arnage, offerte en version « R » (de base? mais quelle base !), « T » (la Bentley de production la plus puissante avec ses 450 chevaux et ses 646 lb-pi de couple) ou « RL » (une limousine inaccessible au commun des mortels). Mentionnons que le poids d'une Arnage équivaut à peu près à celui d'un Hummer, que sa conduite requiert des connaissances nautiques approfondies et que, franchement, la qualité de la finition fait un peu Malibu 1979. Au moins, Ça sent le prestige à plein nez ! Pour un millionnaire, Ça vaut bien 300 000 $?

Mais pour assurer la survie d'un constructeur automobile, si petit soit-il, il faut plus qu'un modèle suranné. Avec le rachat par Volkswagen, Bentley entreprend un retour aux sources et, à moyen terme, différentes actions seront prises par le groupe pour revigorer l'auguste compagnie. Premièrement, il faut séparer Bentley de Rolls Royce sur le marché. Ensuite, corriger un réseau de vente qui laissait à désirer et, enfin, redéfinir l'approche marketing, surtout en améliorant les garanties. D'un autre côté, la fiabilité s'est déjà bonifiée depuis l'arrivée de Volks (connaissant celle de Volks, disons qu'elle devait être très basse avant?)

L'arrivée de la Continental GT au printemps 2004 vient donc remplir ce lourd mandat et a, comme mission principale, d'apporter de nouveaux clients prêts à débourser environ 250 000 $? Pour ce prix, ces bienheureux fortunés auront droit à un coupé 2+2 d'une rare élégance même si on peut se trouver un peu décontenancé par son look, surtout à l'avant. Les plus optimistes voient de vraies places à l'arrière, mais quiconque possédant un corps en chair et en os devrait se sentir un peu à l'étroit.

Toujours au chapitre du style, le tableau de bord ne mérite que des éloges. Bois véritable de 0,6 mm d'épaisseur, contrairement à 0,4 mm pour le reste de l'industrie (C'est pas moi qui le dit, c'est Bentley. Moi, j'entaillerais un sapin, c'est vous dire?), cuirs les plus fins et aluminium brossé font de l'habitacle un petit salon aussi douillet que luxueux. Certaines mauvaises langues disent que la finition n'est pas digne du prix demandé. Rien n'est parfait ! Les sièges vous supporteront les fesses comme jamais un(e) ami(e) ne l'a déjà fait et le volant vient se placer directement dans vos mains. Derrière ledit volant, on retrouve de beaux cadrans cerclés de chrome. Il ne reste plus qu'à faire démarrer le moteur? Oh, on est en présence d'une bête.

Elle ronronne, la bête. Comme un baryton. Techniquement, on parle d'un moteur W12 biturbo KKK de 6 litres développant la bagatelle 552 chevaux et un couple de 479 lb-pi disponible à, tenez-vous bien, 1600 tr/min. La puissance est distribuée aux quatre roues (une première pour Bentley) par l'entremise d'une transmission automatique à six rapports avec possibilité de changer les vitesses au volant. On parle d'un 0-100 km/h en moins de 5 secondes et d'une vitesse de pointe de près de 320 km/h? Même si nous n'avons pas été jugés digne de conduire cette GT, des informateurs privilégiés ont confirmé nos attentes : les performances feraient faire un burn-out à un missile air-sol et le châssis se montre d'une solidité à toute épreuve. La direction aussi s'attire des éloges, autant par sa précision que son feed-back. Même si la GT Continental affiche un poids avoisinant celui d'une navette spatiale, les suspensions, aidées par un système de traction intégrale sophistiqué font des merveilles au chapitre de la tenue de route. Et les freins appliquent une telle force de décélération qu'il faut, après chaque arrêt brusque, se replacer le toupet. La stabilité à haute vitesse impressionne, mais les bruits de vent agacent rapidement. Même sans aucun changement, les Continental GT pourront être pilotées sur circuit. Parfait pour les bien nantis qui veulent se payer une fraction des récents succès de Bentley aux 24 Heures de Mans !

Petit détail anodin pour l'acheteur d'une GT : Ça boit comme un trou, une GT. Détail moins anodin : vous devez absolument rouler sur une route offrant, tous les 400 kilomètres maximum, une station service. Pas très recommandé pour vos vacances à Radisson l'été prochain?

Une vraie Bentley

Bentley tient dans ses mains bien plus qu'une voiture gagnante. Elle assure, avec la Continental GT, son avenir et, dans une certaine mesure, son passé. La GT est la première « vraie » Bentley à voir le jour depuis l'intrusion de Rolls Royce dans les affaires de la petite entreprise artisanale. C'est aussi la première Bentley à quatre roues motrices, la première à être dessinée par ordinateur, la première? Après 85 ans d'existence?

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