BMW Z4, au rythme des saisons

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

À moins qu'il s'agisse d'une Carrera 4, l'essai d'une voiture sport en hiver n'est guère concluant. La plus belle preuve m'est venue de la nouvelle BMW Z4 que j'ai d'abord conduite au beau milieu de la blanche saison. Aussi bien le dire tout de suite, je n'avais pas été tellement impressionné, d'autant plus qu'il s'agissait de la version de base à moteur 2,5 litres. J'ai insisté auprès de BMW pour que l'on me prête une Z4 3 litres six rapports sous les chauds rayons du soleil de juillet. Jugement revu et corrigé.

Épluchons d'abord la première version mise à l'essai de ce roadster allemand. Entièrement redessiné (ou massacré, c'est selon) l'an dernier, ce cabriolet se présente sous des formes encore plus discutables que celles de la dernière Série 7, « l'?uvre » d'un certain Chris Bangle qui doit posséder des actions de Mercedes-Benz. Alors que le modèle de première génération (la Z3) avait des rondeurs sympathiques, celui-ci étonne et choque par ses angles vifs. Passons sur les goûts pour nous arrêter à des choses plus concrètes. Le moteur de la version 2,5, un six cylindres de 184 chevaux, est légèrement en manque pour un roadster qui entend rivaliser avec le « flat 6 » 3,2 litres d'une Porsche Boxster qui en possède 228. Le 0-100 km/h par exemple requiert une grosse seconde de plus, bien que les reprises entre 80 et 120 km/h en quatrième vitesse donnent des chiffres à peu près identiques avec le six cylindres 3 litres de 225 chevaux. Côté consommation, on est à peu de chose près à égalité aussi avec, dans les deux cas, une moyenne de 9 litres aux 100 km.

La voiture qui fait du bruit

C'est le titre que j'avais initialement choisi après avoir conduit le 2,5 en raison d'un niveau sonore très élevé, pour ne pas dire exécrable. Le froid a toujours tendance à accentuer le bruit de l'air sur une capote en toile et, en hiver, le roadster de BMW se trouvait particulièrement démuni à ce chapitre. Autour de 140 km/h (oui, je sais c'est interdit), le bruit du vent devenait intolérable et s'accompagnait sur mauvaise route d'un certain nombre de craquements de la caisse. Même le moteur contribuait au tintamarre car, une fois couplé à la boîte manuelle à cinq rapports, son régime est trop élevé à une vitesse d'autoroute et cela peut devenir agaÇant. Bien sûr, les rapports courts favorisent les accélérations et les reprises, même en cinquième, mais cela au détriment du confort. Ainsi, à 110 km/h ou une vitesse d'autoroute, le petit moulin tourne à 3200 tr/min.

L'hiver nous a quand même permis de vérifier la belle efficacité du système antipatinage et du maintien de la stabilité par l'assistance électronique. Les sièges sont bien moulés et la position de conduite impeccablement adaptée à ce type de voiture. Le seul ennui en hiver est que l'espace commence à faire défaut quand on s'installe au volant avec un épais manteau et de grosses bottes. Le confort général est toutefois supérieur à celui d'une Porsche Boxster.

À défaut d'être le plus rapide de sa classe, le petit roadster BMW est celui qui possède le toit le plus expéditif. Il s'ouvre en 10 secondes environ et se referme en un clin d'?il, en 5 ou 6 secondes. On ne risque donc pas de prendre une douche si jamais l'orage se déclenche inopinément. Par mauvais temps, on appréciera aussi la vraie lunette arrière dégivrante. Le tableau de bord ne me paraît pas plus joyeux que la silhouette et manque vraiment de raffinement dans une voiture qui coûte le double d'une Miata. En revanche, le joli petit volant, réglable sur deux axes, ajoute une touche de bonne humeur dans le décor. On apprécie également l'instrumentation facile à lire et, avant tout, les deux petits arceaux de sécurité qui empêcheront la voiture de vous écrabouiller en cas de tonneau.

Un air d'été

Conduire la version 3 litres dotée d'une boîte manuelle à six rapports au beau milieu de l'été est une tout autre histoire qui fait beaucoup mieux paraître la Z4. La puissance y est pour quelque chose, mais la boîte à six rapports contribue elle aussi à l'agrément de conduite. Et il est probable que la fameuse boîte séquentielle qui s'est récemment ajoutée au catalogue des options rehaussera encore davantage le credo de BMW, le plaisir de conduire. La douceur du six cylindres bénéficie du sixième rapport de la boîte manuelle et celui-ci ne vient plus interrompre votre conversation lorsque vous roulez avec la capote en place. Des virages enfilés à la limite permettent d'apprécier la tenue de route de la Z4 qui affiche un côté légèrement survireur mais surtout amusant et facile à contrôler. La direction est à l'origine d'une belle maniabilité et le freinage plutôt impressionnant avec des distances d'arrêt relativement courtes (voir fiche). La grande rigidité du châssis n'est pas sans contribuer à la qualité du comportement routier.

Tout n'est pas parfait, hélas ! La tenue de route a un prix et, dans le cas présent, il se manifeste par l'extrême sécheresse de la suspension arrière. Sur des routes bosselées ou même farcies de joints d'expansion, la voiture se transforme en véritable tape-cul avec des ruades qui vous secouent au point de vous faire parler comme quelqu'un qui est assis sur un vibrateur si jamais vous causez à quelqu'un dans votre cellulaire. Très drôle !

J'ai aussi trouvé la direction très nerveuse sur de mauvais revêtements, ce qui nuit à la tenue de cap.

Pénible en hiver (vaut mieux l'entreposer), la Z4 n'est certes pas une voiture tout temps. Mais par un bel après-midi d'été avec le toit escamoté sur une petite route de campagne sinueuse, y a de quoi se faire plaisir.

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