Chrysler 300/300C, une mercedes américaine ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

Lancée au printemps 2004, la Chrysler 300/300C a déjà connu un succès commercial et d'estime. Il suffit d'ailleurs de circuler au volant d'une 300C pour se rendre compte à quel point cette grosse berline jouit d'une perception favorable de la part du public. Et ce, malgré une carrosserie vraiment hors de l'ordinaire qui aurait logiquement dû causer une certaine méfiance chez les gens. Et que dire de la Dodge Magnum dont la silhouette est encore plus iconoclaste! Heureusement pour Chrysler, l'audace semble avoir payé puisque les ventes des premiers mois sont positives.

Mais avant de passer à quoi que ce soit d'autre, il faut souligner l'audace des dirigeants de cette compagnie dans le développement de ces voitures. Appelés à remplacer les modèles Concorde et Intrepid, ces deux véhicules ont délaissé les formes fluides pour adopter des silhouettes vraiment à part. La mécanique est également complètement modifiée. Depuis plus de deux décennies, la compagnie avait privilégié le tout à l'avant et voilà qu'elle retourne à la propulsion ! Il sera même possible en cours d'année de commander la 300/300C et la Magnum avec une transmission intégrale. Pour des changements, c'en sont des vrais !

La Chrysler d'abord

C'est au montréalais Robert Giles que la direction de DaimlerChrysler a confié la tâche de concevoir cette berline. Giles s'était déjà illustré auparavant en dessinant l'habitacle du Jeep Liberty, et il a eu carte blanche pour créer une silhouette s'inspirant théoriquement des légendaires Chrysler 300 des années cinquante. Il serait facile de philosopher sur le pour et le contre de cette forme au nez trapu et à l'arrière tronqué, mais il est certain que cette approche procure à la berline une indéniable présence sur la route.

Puisque ce dernier a débuté en dessinant des intérieurs, il est donc normal que la planche de bord de la 300/300C soit un succès. C'est un heureux mélange entre le modernisme actuel et le caractère rétro de la silhouette. Il faut avant tout souligner la qualité de la finition et des matériaux utilisés. Ici, pas de toc, que du solide. Détail à souligner, il est possible de commander un volant dont le boudin est partiellement réalisé en écaille, une touche de raffinement que l'on ne s'attend pas à retrouver sur une voiture d'origine américaine. Les cadrans avec chiffres noirs sur fond blanc sont faciles à lire. Par contre, pour les modèles qui en sont dotés, l'écran d'affichage du système de navigation est plutôt petit.

Mais il s'agit d'une peccadille sur une automobile qui est bien conçue et dont l'assemblage est bien exécuté. Les sièges baquets avant ne sont pas nécessairement de type sportif, mais ils sont confortables et leur support latéral est bon. Comme il fallait s'y attendre sur une voiture de ce gabarit, les places arrière vous permettront de prendre vos aises.

Une légende sous le capot

La 300 est livrée de série avec un moteur V6 de 3,5 litres produisant 250 chevaux. Dans la plupart des cas, cette puissance est adéquate. Il faut d'ailleurs ajouter que les 250 chevaux de la 300 sont plus que suffisants pour pouvoir profiter d'une conduite nerveuse et agréable. Mais c'est sans compter sur la 300C qui est livrée pour sa part avec le gros moteur V8 Hemi de 5,7 litres d'une puissance de 340 chevaux. Même si ce moteur n'a aucun rapport avec le légendaire moteur V8 426 Hemi qui a fait la gloire de la compagnie et celle de Richard Petty dans les années soixante, la seule mention de ce nom évoque des performances élevées. Il est bon de souligner que ce gros V8 est couplé à une boîte automatique à cinq rapports. Mais l'argument qui plaide le plus en sa faveur est la présence du système MDS (Multi Displacement System) qui permet de désactiver quatre cylindres une fois la vitesse de croisière atteinte afin d'obtenir une réduction de la consommation de carburant d'environ 20 %. Donc, un gros huit pour les accélérations et un « p'tit quatre » pour économiser.

Vous allez tous me dire que Cadillac a déjà concocté un système semblable sur son moteur V8 4-6-8 au cours des années quatre-vingt. Mais si l'idée était bonne, la technologie n'était pas assez avancée à l'époque. Dans le cas du Chrysler, le système fonctionne avec tellement de douceur qu'on ne s'en rend pas compte lorsqu'il passe automatiquement d'un mode à l'autre. Contrairement à d'autres mécanismes similaires proposés par la concurrence, ce n'est pas une rangée de cylindres qui est désactivée, mais deux cylindres par rangée. De plus, les soupapes d'échappement demeurent ouvertes afin de réduire la résistance.

Plusieurs ont insinué que cette Chrysler avait des influences germaniques compte tenu de la fusion entre Mercedes et Chrysler. En fait, il ne s'agit pas d'insinuations, mais de faits concrets. Par exemple, la suspension arrière est quasiment identique à celle de la Mercedes de la Classe E avec ses liens multiples, ses amortisseurs à gaz et un berceau de suspension autonome.

La suspension avant n'est pas en reste avec ses doubles bras triangulés. Enfin, des freins à disque aux quatre roues sont de série de même que le système ABS et la répartition électronique du freinage. Et pour rassurer les gens qui se sentiraient quelque peu intimidés par la conduite d'une propulsion, aussi bien la 300/300C que la Dodge Magnum, sont équipées d'un système antipatinage et un autre de contrôle de stabilité latérale. Il est important de souligner que les deux sont efficaces et devraient en réconcilier plusieurs avec la propulsion.

Un heureux compromis

Il est indéniable que la 300/300C est une grosse berline dans la plus pure tradition américaine en raison de ses formes, de ses dimensions et de la douceur de roulement qu'elle propose. Il faut souligner que les pneus à profil élevé de la voiture expliquent en bonne partie ce confort. Par contre, si vous roulez à la limite, la tenue en virage sera moindre. D'ailleurs, il suffit de consulter la confrontation de la 300C avec la Cadillac CTS-V en première partie de cet ouvrage pour réaliser à quel point cette grosse Chrysler a été conçue pour le confort et la douceur de roulement. Ce qui ne l'empêche pas d'assurer une excellente tenue de route même à haute vitesse.

En attendant, elle demeure une excellente voiture en fait d'agrément de conduite, de stabilité et de confort. Et tous les occupants n'auront jamais à se plaindre du confort. Il faut spécifier qu'elle se vend pour environ 10 000 $ de moins que la plupart des modèles concurrents.

Excentrique et pratique

Si vous trouvez la Chrysler hors catégorie en raison de sa silhouette, vous serez certainement à court de mots pour décrire le Dodge Magnum. Si celui-ci propose une partie avant assez semblable à celle de la 300/300C, hormis une grille de calandre typiquement Dodge, il nous surprend par une section arrière qui s'apparente à celle d'une familiale pour créer la voiture d'apparence la plus étrange sur nos routes. Et dans votre rétroviseur, vous risquez d'en voir affublées de gyrophares puisqu'une version « ensemble corps de police » sera commercialisée sous peu.

Qu'elle soit conduite par un policier ou toute autre personne, cette Dodge a plusieurs éléments plaidant en sa faveur, notamment la possibilité d'être équipée du moteur Hemi dont les 340 chevaux permettent des performances élevées et un comportement routier très impressionnant. Ajoutez à cela une carrosserie cinq portes éminemment pratique et vous avez là une voiture presque taillée sur mesure pour les gens actifs et les... policiers.

De prime abord, sa silhouette nous fait craindre que la visibilité arrière sera atroce. Mais, en réalité, ce n'est pas mal du tout. Et cette silhouette particulière est également pratique, puisque cette familiale avec son dossier arrière rabattable permet d'engranger des objets de toutes les dimensions. Et pour faciliter leur chargement, les charnières du hayon sont ancrées un peu plus loin dans le toit afin d'offrir une plus grande ouverture de chargement.

Comme son vis-à-vis chez Chrysler, le Magnum peut être commandé avec le moteur V6 3,5 litres ou encore le gros moteur Hemi et ses 340 chevaux. Il est également possible de l'équiper d'un moteur de cylindrée moindre puisque le V6 2,7 litres de 190 chevaux est de série sur la version SE, un modèle surtout destiné aux parcs automobiles. Par rapport à la 300/300C, le comportement routier de la Dodge est sensiblement le même.

Quoi qu'il en soit, ces deux automobiles sont parmi les modèles les plus intéressants à faire leur apparition sur le marché cette année.

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