AUDI A4 / S4, les doléances du propriétaire

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Après avoir passé mes sept derniers hivers au volant d'une Audi 90 Sport Quattro, j'ai été convaincu par la brutale première tempête de neige de novembre 2002 que je pouvais difficilement arpenter les Cantons-de-l'Est dans autre chose qu'une berline à traction intégrale. Ma vieille 1994 ayant fait son devoir sans jamais me laisser en plan, j'ai donc abandonné l'idée de succomber à mon coup de c?ur de l'été dernier, la G35, pour faire l'acquisition d'une autre Audi, une A4 Avant 1,8 T à boîte manuelle.

Après cinq mois, je peux dire que la joie de pouvoir compter sur un véritable tracteur dans la neige ne compense pas tout à fait les désagréments qu'une conception fautive et une fiabilité incertaine nous obligent à endurer.

Premier détail agaÇant, la voiture m'a été livrée avec une baguette de chrome endommagée sur le hayon. Il fallut donc retourner chez le concessionnaire pour la faire changer. Ayant réalisé mes essais préalables de ce modèle avec une boîte tantôt Tiptronic tantôt CVT, je n'avais pas réalisé que la boîte manuelle qui équipe mon Audi souffrait d'un cinquième rapport beaucoup trop court qui a pour effet de créer un bourdonnement désagréable. Entre 110 et 120 km/h par exemple, le moteur tourne bien au-dessus de 3000 tr/min et pourrait se faire plus discret. La nouvelle boîte à six rapports des versions 2004 permet toutefois au petit quatre cylindres turbo de 1,8 litre de baisser le ton un peu. Cela prouve qu'un moteur de faible cylindrée comme celui-là n'a pas sa place dans une voiture de luxe à 44 000 $. C'est d'ailleurs la plus sérieuse lacune d'Audi dont les groupes propulseurs accusent un sérieux recul face à la concurrence. Le 1,8T est impropre à un tel modèle alors que le V6 de 3 litres est un moteur désuet qui a été rafistolé sans grand succès au fil des années. Il reste l'incontournable V8 de 4,2 litres que l'on retrouve dans l'A6, l'A8, le Touareg de VW et depuis peu dans la S4, sur lequel je reviendrai plus loin.

« Check engine or die »

Pour revenir au moteur 1,8T de mon Audi A4, il a attrapé la même maladie que tous les moteurs Audi et Volkswagen en affichant le sempiternel « Check engine ». Cette plaie hivernale a mené dans mon cas au remplacement de ces fameuses bobines d'allumage qui ont mis bien des propriétaires d'A4 sur le carreau au cours de la dernière année. De guerre lasse, j'ai mis ma voiture en vente pour me rendre compte que sa valeur de revente reflétait les problèmes ci-haut mentionnés. Après seulement 5000 km, j'étais prêt à encaisser une perte de 20 %, soit de 44 000 $ à 36 000 $, mais il faut croire que le niveau de confiance envers la marque a beaucoup baissé puisque l'A4 porte toujours une affiche « À vendre ». Et sachez que je ne suis pas le seul à mettre en doute la fiabilité Audi puisque nous avons reÇu des dizaines de lettres de propriétaires insatisfaits.

Si l'on ajoute à tout cela des sièges rembourrés de béton et une habitabilité très mesurée à l'arrière, on peut se demander ce qui incite les gens à acheter cette voiture. Dans mon cas, c'est le désir de passer l'hiver tranquille qui m'a poussé vers l'A4. Sauf que mon hiver n'a pas été aussi tranquille que je l'aurais souhaité.

Une S4 à la sauce américaine

La version antérieure de la S4 m'avait ravi alors que la nouvelle venue ne m'a pas procuré le même plaisir. Chose certaine, la voiture ne justifie pas le prix demandé, soit plus de 70 000 $. D'abord, je persiste à croire que les moteurs V8 ne font pas bon ménage avec de petites voitures et cette S4 en est la preuve éloquente. En greffant un gros 4,2 litres à la traction intégrale de la S4, on a opté chez Audi pour la méthode facile utilisée jusque-là par l'industrie américaine. On a eu beau la chausser de pneus de 18 pouces, agrandir les freins avant et lui donner un look ravageur, cette S4 manque d'équilibre. Vous passerez sûrement la première semaine à essayer de bien doser l'accélérateur et l'embrayage, une technique qui exige une longue accoutumance? ou un glissement de l'embrayage qui risque de ne pas lui être très salutaire. D'autant plus qu'il ne semble pas tout à fait à la hauteur de la tâche dès que l'on exploite à fond les 340 chevaux d'un moteur très expressif mais dont le poids se fait sentir, notamment dans la lourdeur du volant. C'est ainsi qu'au passage du deuxième rapport, j'ai eu droit à une aiguille du compte-tours en folie et à cette odeur bien particulière d'un embrayage en train de griller. Il faut dire que la traction intégrale a une telle motricité qu'il est difficile de faire patiner les roues et c'est l'embrayage qui en souffre. Le moteur, qui consomme de fortes quantités d'hydrocarbures, a par contre une sonorité qui nous ramène à la belle époque des gros cubes américains.

Un freinage sûr

Sur la route, le rouage d'entraînement de notre S4 Avant émettait un grondement gênant tandis que la rudesse de la suspension était évidente sur mauvais revêtement. Mais il y a aussi des bons côtés. Le freinage est irréprochable, la caisse très rigide et la tenue de route stimulante avec un soupÇon de roulis. Comme toujours chez Audi, le tableau de bord déjà très agréable est rehaussé par un joli petit volant à trois branches arborant le sigle S4. On le tient assis dans de superbes sièges Recaro et la visibilité dans la version Avant (familiale) n'est gênée par aucun angle mort important. Si vous me demandez si cette S4 est meilleure qu'une BMW M3, la réponse est non. Pour approximativement le même prix, la bavaroise l'emporte.

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